L'an dernier en France, les visiteurs français et étrangers ont passé 438 millions de nuitées dans les hébergements touristiques du territoire, un secteur dont l'impact environnemental est mal évalué - on l'estime responsable, au niveau mondial, de 8 % des émissions de gaz à effet de serre, mais ce chiffre comprend notamment le transport et la restauration.
Désireux de limiter l'impact de leur activité sur l'environnement et de communiquer auprès de leurs clients sur leurs bonnes pratiques, certains hôteliers pionniers obtiennent des labels comme La Clef verte ou l'Ecolabel européen, seul label écologique officiel européen. "Mais les clients ne savent pas ce que cela veut dire", rapporte Solveig Herth, directrice de l'hôtel Renaissance Paris Arc de Triomphe, qui compte 118 chambres. "Nous voulions aller vers quelque chose de lisible pour eux, et pour les employés".
L'étiquette environnementale
C'est pourquoi comme environ 160 hôteliers en France, au Maroc et aux Seychelles, elle a opté pour l'étiquette environnementale, un dispositif créé dans trois secteurs, l'habillement, l'ameublement et l'hôtellerie, dans le sillage du Grenelle de l'Environnement, en collaboration avec l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe). Choisie pour le déployer, la jeune société nantaise Betterfly Tourism réalise tout d'abord un audit chez les établissements volontaires : pendant une journée, sa consultante Flavie Bruyneel analyse les factures d'eau, d'électricité et de gaz afin d'évaluer les consommations de l'établissement. Elle l'arpente ensuite de la cave au toit, scrutant débit des robinets, réglage de la climatisation, température de la chaudière, produits ménagers, avant de discuter avec la gouvernante et le chef cuisinier.
"Je viens observer, faire un état des lieux", explique-t-elle à l'AFP, "puis j'intègre les données recueillies à notre logiciel". Elle attribue ensuite une note de A à E à l'établissement, - une notation familière aux consommateurs, celle des produits électroménagers. Elle tient compte de quatre critères : les émissions de CO2, la consommation d'eau et de ressources non renouvelables et la proportion de produits certifiés bio ou écolabellisés utilisés. Un plan d'action est alors proposé à l'hôtelier, accompagné pour améliorer son étiquette environnementale grâce à des mesures simples : équiper les robinets de mousseurs pour réduire leur débit, brider la climatisation, généraliser l'éclairage LED, optimiser les quantités de nourriture servies au petit déjeuner et opter pour des produits frais locaux, ou encore remplacer les savonnettes individuelles par un distributeur de savon liquide.
Quand engagement rime avec économies d'argent
"Nous prônons des solutions qui nécessitent peu d'investissement, nous savons que les hôteliers recherchent des systèmes amortis dans l'année", explique à l'AFP Hubert Vendeville, président de BetterFly Tourism. "Parfois nous détectons aussi des dysfonctionnements comme une fuite d'eau qui fait gonfler la facture, en comparant les consommations d'hôtels similaires". Selon lui les hôtels engagés réalisent des économies substantielles, de l'ordre de 16 000 euros par an pour 20 000 nuitées - la fréquentation annuelle d'un hôtel de 60 chambres.
"L'an dernier, nous avons économisé 33 000 euros", rapporte Mme Herth, grâce à un système de chauffage et de climatisation en circuit fermé, permettant de "récupérer la chaleur produite pour refroidir". "Nous avons beaucoup investi, afin de réduire nos consommations qui étaient très importantes. Notre note D, devrait être bien meilleure cette année"."Si certaines mesures peuvent paraître évidentes, il arrive que nous les hôteliers, pris dans l'action, ne les voyions pas", dit-elle. Eux aussi engagés dans le dispositif, cinq des hôtels du parc de loisirs Disneyland Paris ont obtenu la meilleure note, un A, pour trois d'entre eux, B pour les deux autres. Mais des petits établissements indépendants comme le Solar hôtel à Paris, "économique et écologique", sont eux aussi exemplaires.
Reste aujourd'hui à généraliser un dispositif encore méconnu, estime M. Vendeville, dont la société se développe pour atteindre 10 à 20 % du parc étiqueté fin 2020.
Avec AFP.