©Solar Hôtel
Destinations engagées

Solar Hôtel : "l’écologie n’est pas réservée aux hôtels de luxe"

Chaque fin de semaine, ID vous propose de découvrir des destinations touristiques françaises éco-responsables. Rendez-vous à Paris, au Solar Hôtel, un établissement écologique et économique.

Service de navette électrique depuis l'aéroport ou la gare, vélos à disposition, faible consommation électrique, économies d’eau, réduction des déchets, petits déjeuners bio… Le Solar Hôtel parisien, "hôtel écologique, économique et militant", a tout pour attirer les voyageurs éco-responsables. Entrevue avec Franck Laval, le fondateur de cet hôtel pas comme les autres.

Comment le Solar Hôtel est-il devenu un hôtel écologique ?

 J’ai transformé il y a 10 ans cet hôtel que j'avais déjà, pour en faire une sorte de modèle écologique, mais avec la particularité de rester dans l’hôtellerie économique, de ne pas changer de gamme en changeant l’hôtel durablement. C’était ça le pari. Nous avons fait un bilan carbone pour améliorer les choses en matière d’isolation, de gestion des produits, de bio. Et on a rajouté le critère de la santé : sur les produits d’entretien, le Wifi, etc. Puis on s’est attaqué aux labels : l’Ecolabel européen et la Clef verte. Pour faire cette expérience aussi : est-ce que c’est faisable, facile pour un hôtel économique d’être labellisé ? L’objectif était d’avoir une idée précise des exigences de ces labels, aussi pour essayer de convaincre et d'entraîner un maximum d’hôteliers dans l’aventure.

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Pourquoi avez-vous décidé de procéder à ces changements ?

Je suis militant écolo, associatif depuis toujours. Il y a une dizaine d’années, nous avons décidé avec mon équipe de lier l’engagement militant et l’entreprise, avec l’idée de rester une entreprise, qui a les mêmes contraintes qu’une autre. Et de voir jusqu'où on peut aller, par rapport aux clients, vis-à-vis du coût, de la postérité économique de l’entreprise. C’est toute une série de tests, qui font qu’on a maintenant l’avantage de pouvoir parler de quelque chose que l’on connaît. L'engagement 'écolo' en milieu urbain est aussi plus difficile, pour une raison simple : le manque de place. Si vous voulez installer une pompe à chaleur ou des récupérateurs d’eau, c’est compliqué.

En moyenne, les hôteliers français rénovent leur chambre tous les sept ans – ils jettent tout, cassent tout. C’est un gâchis colossal. "

Vous vous présentez comme le "premier hôtel écologique, économique et militant". Qu’est-ce que cela implique ?

Il s’agit vraiment de nos trois piliers. Economique d’abord : on fait cette transformation mais on reste un hôtel économique, on n’en profite pas pour doubler les prix. On a un prix unique, tout inclus – avec petit déjeuner bio -, qui est autour de 89 €. L’idée c’est aussi de dire : l’écologie n’est pas réservée aux hôtels de luxe, la question environnementale, c’est pour tout le monde.

L’engagement écologique, c’est très vaste. Le chapitre principal est l’énergie : réduction des consommations électriques et de chauffage. Nous avons un objectif de réduction des déchets à 90 % - nous sommes actuellement à 60, 70 %. Il y a un sujet aussi sur le mobilier. Nous sommes pour la décroissance matérielle, et on l’affiche. En moyenne, les hôteliers français rénovent leur chambre tous les sept ans – ils jettent tout, cassent tout. C’est un gâchis colossal. Notre objectif est de faire durer les choses, de ne jamais jeter et de toujours réparer. Nous avons trouvé une entreprise qui vient deux fois par an, fait le tour des chambres et répare tout. L’ensemble du mobilier de chambre - hors literie - n’a pas été changé depuis 1992. En revanche, il est entretenu. Comme cela se voit – il y a des clous et des vis un peu partout -, on l’explique. On explique qu’on n’aime pas le gâchis. Les clients adorent ça. Puis, il y a le volet santé : la peinture biodégradable qui ne dégage aucun COV (composé organique volatile – ndlr), tous nos produits sont bio. Nous faisons des tests sur le WIFI en l’installant seulement dans le salon et pas dans les chambres pour éviter les ondes électromagnétiques pendant le sommeil.

Le troisième pilier, l’engagement militant, c’est d’être actif et d’héberger des associations environnementales (Sea Shepherd par exemple, qui a son siège social chez nous), des AMAP, nous sommes relai de paniers bios. Cela rejoint une autre préoccupation environnementale qui n’est pas dans les labels : l’utilisation maximale et rationnelle des lieux.

Comptez-vous aller encore plus loin dans votre engagement ?

Je ne vois pas ce qu’on pourrait faire de plus pour l’instant, tout en restant économique. Il faut aussi que l’entreprise soit viable. Nous allons continuer dans l’engagement militant. Nous pensons à proposer une adhésion ou un micro-don à des associations que l’on a sélectionnées au moment de la réservation. Nous soutenons une dizaine d’associations sur des thèmes assez différents : la protection des océans, la lutte contre les pesticides... L’idée est de permettre aux clients qui souhaitent le faire d’aller plus loin dans l’engagement militant.

Engagement militant et respect de l’environnement : est-ce cela que viennent chercher les clients ?

Non, et heureusement, sinon l'on resterait dans une bulle que les écologistes connaissent bien. Ce sont des clients qui nous trouvent par hasard au départ. En revanche, la grosse surprise de toutes ces démarches vis-à-vis de la clientèle, c’est la fidélisation. Les personnes qui sont venues chez nous reviennent très régulièrement, en raison de nos engagements sur l’environnement et la santé.

Solar Hotel

22, rue Boulard – 75014 Paris

contact@solarhotel.fr

+33 (0)1 43 21 08 20