80 % du total de déchets plastiques accumulés en mer serait d’origine terrestre.
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Environnement

Microplastiques : la pollution invisible des océans

Résultats de la dégradation d’objets en plastique, issus de pertes industrielles, de nos machines à laver, nos produits cosmétiques ou encore de nos pneus, les microplastiques pullulent dans les eaux de la planète jusqu'à se retrouver ingérés par la faune marine et terminer leur course dans nos assiettes. Qu'est-ce que la pollution aux microplastiques ? 

Une vieille bouteille d’eau sur le bord du rivage, un sac plastique porté par le flot des vagues... Ce type de pollution, bien visible à l’œil nu, prolifère de jour en jour dans les océans de la planète Terre. Si bien que l’on estime que 8 millions de tonnes de déchets plastiques supplémentaires flottent chaque année dans les eaux du monde entier. Autrement dit, l’équivalent d’un camion-poubelle s’y déverse chaque minute. Ces déchets, œuvres de l’activité humaine, se sont accumulés dans les océans jusqu'à former l’équivalent d’un "septième continent" à part entière que l’on surnomme le "vortex plastique". Dans le Pacifique, à mi-chemin entre Hawaï et la Californie, se trouve l’endroit du monde qui concentre le plus de déchets : on estime sa taille à quelque 1,6 millions de kilomètres carré, soit l’équivalent d’environ trois fois la surface de la France métropolitaine. 80 000 tonnes de déchet s’y seraient déjà accumulées, selon une étude de 2018 publiée dans la revue Nature

Si les gros déchets plastiques comme les bouteilles, les sacs, les emballages en tout genre représentent un véritable fléau pour l’équilibre marin, ils ne sont que la partie émergée de l’iceberg et entraînent d’autres types de déchets, presque invisibles, mais pourtant tout aussi dangereux.

Citées par la Commission européenne, les estimations de 2015 jaugeaient la quantité annuelle totale de microplastiques se formant ou s’infiltrant dans l’environnement de l’ordre de... 11 millions de tonnes. En 2018, des chercheurs allemands ont prélevé 12 000 particules de ces déchets dans un seul litre d’eau composant la banquise de la zone arctique. Piégés dans la glace, ces microplastiques auraient été transportés par les courants marins depuis le septième continent du Pacifique nord. 

Enfin, selon la Fondation Tara, qui vogue sur les eaux pour étudier la pollution marine, 80 % des déchets plastiques qui se trouvent en mer seraient d’origine terrestre. Classés en différentes catégories selon leur taille, on estimait en 2014 que 75,4 % de la masse des plastiques retrouvés à l’échelle mondiale dans le milieu océanique correspondaient à ceux que l’on appelle les "macroplastiques". 11,4 % étaient des "mésoplastiques" et 13,2 % des micro et nanoplastiques.

À quoi ressemble un microplastique ?

Bleus, rouges, roses, transparents, ces déchets, aussi petits qu’un grain de riz, sont pour certains invisibles à l’œil nu : il s’agit de minuscules morceaux de plastique mesurant généralement moins de cinq millimètres. On en distingue deux types : les microplastiques primaires et les microplastiques secondaires. Les premiers, directement rejetés tels quels dans l’environnement, représenteraient entre 15 et 31 % de tous les microplastiques présents dans la nature, selon les estimations des travaux menés par l'Union internationale pour la conservation de la nature. Les seconds, eux, se forment par la dégradation de plus gros déchets et représenteraient entre 69 et 81 % de la pollution totale. Ces deux types de microplastiques n’ont pas les mêmes origines.

D'où viennent-ils ?

Ces polluants proviennent quoi qu’il en soit de l’Homme. Mais leurs sources exactes sont toujours continuellement à l’étude. Nombre d'entre eux débutent leur cycle de vie sous forme de granulés : servant à fabriquer des objets en plastique, ils sont issus de pertes industrielles involontaires notamment lors du transport de ceux-ci. Mais chacun, à son échelle, contribue également à faire grossir cette pollution aux microplastiques.

Aujourd'hui, on estime que 35 % des microplastiques primaires proviennent de nos machines à laver. Lessives, adoucissants, lave-linges, mais surtout vêtements sont la source première de cette pollution, notamment les habits composés de matière synthétique qui relâchent des particules à chaque lavage dans l’eau de la lessive. 28 % des microplastiques primaires proviendraient ensuite du frottement des pneus des véhicules contre l'asphalte lors de la conduite. Enfin, les 2 % restants sont associés à nos salles de bain et les produits cosmétiques que nous utilisons, dans lesquels des microbilles de plastique sont ajoutés... volontairement. Gommages, gels douche, produits exfoliants ou encore dentifrices rejettent des microplastiques dans les tuyaux des canalisations, au même titre que le lavage des vêtements. Dans les stations d’épuration, malgré quelques programmes de recherche en cours, le traitement des eaux usées ne peut s’attaquer à cette pollution invisible en raison de la taille si petite des microplastiques. Ils sont donc pour l’heure condamnés à rester dans l’eau que nous avons utilisée, jusqu'à se retrouver déversés dans les rivières, les mers, les océans...

À l’échelle européenne, les microbilles utilisées dans les cosmétiques représenteraient entre 0,1 et 4,1 % de la pollution marine aux microplastiques, d’après les travaux de Wang et al. en 2018. Quant à l'abrasion des pneus, elle pourrait contribuer à hauteur de 5 à 10 % de la quantité de plastiques entrant dans les océans, estime l’étude de 2017 menée par Kole et al. 

Enfin du côté des microplastiques secondaires, qui représentent la plus grosse part de la pollution totale, ils sont tout bonnement issus de la dégradation des objets en plastique plus grands. Cette bouteille d’eau sur le bord du rivage, ce sac plastique porté par le flot des vagues... Déchets qui mettront respectivement entre 100 et 1000 ans pour se décomposer, et de 400 ans pour les moins tenaces, jusqu'à l’infini pour les immortels.

Avec l'ADEME.

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