Focus sur les pratiques de chasses interdites en France
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Environnement

Les ONG environnementales s'inquiètent de la montée des intimidations

Intimidations, dégradations de locaux, menaces: des militants et associations environnementales dénoncent des tensions grandissantes et appellent le gouvernement à agir.

En juin, le naturaliste Pierre Rigaux, qui dénonce des pratiques de chasse, postait sur Twitter la photo d'un renard mort retrouvé sur le capot de sa voiture. Un acte "dans la continuité des menaces que je reçois de la part des chasseurs depuis des années", disait-il. Début août, une projection du film "Marche avec les loups", organisée avec le parc national du Mercantour, était interrompue par des bergers et des éleveurs hostiles à l'animal, à Tende, un village des Alpes-Maritimes situé aux portes du parc.

Quelques jours plus tard, une manifestation organisée par des éleveurs, agriculteurs et chasseurs défilait, avec des troupeaux, sous les fenêtres de l'Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas), dans la Drôme, pour dénoncer la création de réserves de vie sauvage, vue comme une "mainmise sur le foncier agricole et forestier". "Nous avons déjà reçu des menaces de mort et des lettres anonymes", raconte sa directrice Madline Rubin. Mais jamais une telle manifestation n'avait eu lieu, assure-t-elle, y voyant "une provocation et une menace".

"Le loup est un sujet clivant", reconnaît de son côté Jean-Michel Bertrand, réalisateur de la "Marche des loups". "D'habitude les débats sont houleux mais ils existent". "On est monté d'un cran dans la violence et la censure", estime-t-il. Le documentaire ne reflète pas "la réalité que vivent les bergers", assure Robert Gaglio, président de la société de chasse de Tende, qui a appelé à soutenir la manifestation. Il reconnait toutefois ne pas avoir vu le film.

Sur Facebook, des éleveurs se félicitent d'avoir interrompu la séance, se disant prêts à réagir "sans violence, mais sans concession non plus, à toute nouvelle provocation de cette ordre".

"Une recrudescence des menaces"

La Ligue de protection des oiseaux (LPO) s'inquiète au point d'avoir écrit au nouveau ministre de la Justice, Eric Dupont-Moretti. "Nous avons noté ces dernières années une recrudescence des menaces et intimidations à l'égard des associations de protection de la nature (...) de la part d'une partie radicalisée des acteurs agricoles d'une part et cynégétiques d'autre part", dénonce-t-elle.

"On a toujours eu des menaces ou des intimidations", complète Arnaud Schwartz, président de France Nature Environnement (FNE). Mais "depuis la création de la cellule Demeter, on constate une désinhibition chez une minorité d'agriculteurs", poursuit-il.

Cette cellule a été créée en 2019 par la gendarmerie, dans le cadre d'une convention avec les syndicats agricoles majoritaires FNSEA et Jeunes agriculteurs, pour lutter notamment contre "des actions de nature idéologique", depuis "de simples actions symboliques de dénigrement" à "des actions dures". Mi-juillet, 12 associations et le syndicat agricole Confédération paysanne demandaient sa dissolution, y voyant une tentative de "museler toute critique du modèle agricole dominant".

Le président de France Nature Environnement reproche aussi à la FNSEA de ne pas intervenir quand des fédérations départementales s'en prennent à des associations, comme cela a été le cas à Toulouse en février. "Nous ne cautionnons pas" ces actions, répond la FNSEA, qui estime qu'il existe "des incivilités de part et d'autre".

Un soutien timide du gouvernement 

Les photos du cadavre de renard postées par Pierre Rigaux lui avaient valu le "plein soutien" de l'ancienne ministre de la Transition écologique, Elisabeth Borne. Sa remplaçante, Barbara Pompili, "souhaite être la garante d'un débat démocratique respectueux en matière d'écologie", indique le ministère, qui "condamne toutes actions d'intimidations".

Toutefois, pour les ONG, ce soutien reste trop timide. "Nous attendons des réactions des ministres de l'Intérieur, de l'Agriculture, voire du Premier ministre ou du président de la République", réclame Arnaud Schwartz. Le président de FNE espère se faire entendre lors d'un rendez-vous début octobre avec le cabinet de Gérarld Darmanin (Intérieur).

Avec AFP.

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