Incendies en Australie.
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Environnement

“Le changement climatique est déjà visible pour ceux qui ouvrent les yeux.”

François-Marie Bréon, chercheur, au laboratoire des sciences du Climat et de l’Environnement, parle des impacts visibles du réchauffement climatiques présentés dans le nouveau rapport du Giec, sorti le 28 février 2022. Entretien.

Le Giec ( Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) dévoilait le 28 février 2022, un nouveau constat alarmant pour le climat. François-Marie Bréon, chercheur, physicien et climatologue au Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement, décrypte ce nouveau rapport.

Que peut-on retenir du nouveau rapport du Giec ? 

Il est dans la continuité des précédents. Le Giec comprend trois groupes : un premier qui s’occupe de la physique du climat, un second responsable des impacts du changement climatique et un troisième qui s’intéresse aux politiques d’adaptation et de limitation du changement climatique. Le rapport du deuxième groupe vient de sortir. Il insiste sur un certain nombre d'impacts graves du changement climatique qui vont affecter l’ensemble de la population de la Terre, mais aussi les écosystèmes. À l’échelle régionale, les zones côtières vont être atteintes par la montée du niveau des mers, d’autres régions vont subir des précipitations extrêmes ou le réchauffement et les canicules. 

Pensez-vous que la réaction des gouvernements soit comparable à celle mise en scène dans le film “Don’t Look up” ?

Il est clair qu’un certain nombre d’États ont pris en compte le changement climatique. Il n’y a plus de négation. La question est de savoir comment mettre en place la limitation des gaz à effet de serre. Nous sommes habitués à vivre dans le confort que nous apporte l’utilisation des combustibles fossiles, vivre sans sous-entend moins de mobilité et moins d'achats compulsifs. Les populations ont un effort à faire. Les gouvernements sont aussi le reflet de ce que veulent les gens. La révolte des gilets jaunes montre que les populations ne sont pas forcément prêtes à aller vers plus de sobriété.

Il faut aussi que les gens acceptent qu’il y a des mesures nécessaires à la préservation de la nature, surtout pour nos enfants et nos petits-enfants qui seront davantage confrontés au changement climatique."

Comment le changement climatique se manifeste-t-il dans notre quotidien ?

Le changement climatique est déjà visible, du moins pour ceux qui ouvrent les yeux. Nous nous sommes habitués à des canicules au moins une année sur deux ; elles étaient totalement exceptionnelles il y a encore 20 ou 30 ans. Il y a aussi des précipitations extrêmes comme dans la vallée de la Roya, il y a deux ans. Il est clair qu’elles arrivent de plus en plus souvent. Des espèces animales apparaissent dans certaines régions. Des forêts entières sont en train de dépérir parce que les températures et les précipitations ne sont plus adaptées à leur croissance. 

La température devrait augmenter de deux degrés en moyenne, en quoi cela est-il inquiétant ?

Deux degrés est une moyenne mondiale. Cette augmentation est supérieure pour les continents et les hautes latitudes. Pour la France il s’agit plutôt de trois degrés. D’autre part, il y a vingt mille ans, la Terre était dans une période glaciaire. Le Nord de l’Europe était recouvert de glace, les Alpes formaient un énorme glacier qui s’étendait jusqu’à Lyon et le niveau des mers était 130 mètres plus bas qu’aujourd’hui. Ce climat n’avait absolument rien à voir avec celui d’aujourd’hui. Pourtant, la différence de température n’était que de cinq degrés. Deux degrés en moyenne est une augmentation absolument considérable.

Quels seraient les changements majeurs à l’échelle de la France ?

Le rapport du Giec décrit les impacts de ces deux degrés sur la biodiversité, les précipitations et les canicules. Il y aura des incendies dans toute la moitié Sud de la France ainsi que des canicules similaires à celle de l’année 2003. Mais il faut préciser que la France n’est pas en première ligne et ne fait pas partie des zones les plus vulnérables. Elle pourra probablement s'adapter à ce changement climatique qui sera cependant coûteux. D’autres pays subiront des conséquences beaucoup plus graves car ils n’auront pas les moyens de s’adapter, par exemple dans les zones où la vie est très agricole.

Quelle est la différence entre météo et climat ?

Le climat s’intéresse uniquement aux statistiques de certaines variables alors que la météo à besoin de savoir quand vont se produire les phénomènes. Par exemple, si je dis que la température dépassera les 35 degrés le 12 juillet, il s’agit d’une question météorologique.

Une interview réalisée en partenariat avec France Inter. Écoutez la chronique Social Lab ici.

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