Le carbone capté par le phytoplancton modifie la couleur des océans.
© USGS / Unsplash
Environnement

L’acidification des océans menace le deuxième poumon de la planète

Les océans subissent les effets d'une acidification amenée à s'intensifier. Ce phénomène, principalement causé par les activités humaines, a de profondes conséquences sur la vie marine et l’équilibre écologique.

Les océans, deuxième poumon de la planète après les forêts, sont de puissants puits de carbone puisqu'ils absorbent un quart du CO2 présent dans l'atmosphère. Une fois qu'il pénètre l'eau, le CO2 se dissout sous forme d'acide carbonique. De fait, la variabilité des émissions de gaz à effet de serre est intrinsèquement liée à la variation du pH, et par définition, à l'acidité des océans.

Même si le CO2 est également naturellement présent dans l'air, au cours des dernières décennies, "l'océan a absorbé environ 30 % des émissions anthropiques du dioxyde de carbone, ce qui a entraîné une acidification des eaux", résume le cinquième rapport du Giec. En 2022, 36,3 milliards de tonnes de CO2 ont été émises, résultant de la consommation d'énergies fossiles, synthétise l'étude de Global Carbon Project

Les océans sont 26 % plus acides qu'avant l'ère pré-industrielle

L'acidification des océans décrit un processus de "baisse du pH sur une longue période", explique le Giec. Elle est intensifiée par la poursuite du réchauffement climatique provoqué par les activités humaines. Selon le rapport des scientifiques de 2015, chaque scénario imaginé implique une acidification des océans, jusqu'à 7.7 unité de pH en 2100 si l'on poursuit le scénario RCP8.5, 150 % plus acides. 

Les émissions de carbone produites à la surface par les activités humaines de combustion d'énergies fossiles entre autres sont la condition inhérente à l'accélération du processus. Seule une baisse drastique des gaz à effet de serre ne saurait avoir des impacts positifs de ralentissement du phénomène. Les intrants azotés et soufrés, notamment mobilisés par l'agriculture, se déversant depuis les champs jusqu'aux embouchures contribuent aussi à acidifier les eaux. 

Depuis le début de l'ère industrielle, le pH est tombé de 8.2 à 8.1. Un écart qui paraît certes peu notable, mais qui pourtant correspond à une augmentation d'acidité de 26 %. D'autre part, l'augmentation de la température des océans rend moins solvable le carbone dans l'eau.

Dégradation des écosystèmes

Comme admit par le rapport du Giec, les écosystèmes côtiers, tels que les récifs coralliens, sont particulièrement vulnérables à l'acidification des océans. Elle "accélère la dissolution de la structure du récif" et leur blanchissement. Ces zones abritent une biodiversité marine riche et sont l'habitat de nombreuses espèces, mais leur dégradation impacte dans le même temps les populations humaines du littoral.

"Globalement, ces changements vont entraîner l'érosion des habitats de poissons de récifs, augmenter l'exposition des littoraux aux vagues et aux tempêtes, et dégrader des composantes environnementales essentiels pour des secteurs tels que le tourisme", poursuit le rapport du Giec. 

Outre les coraux, d'autres espèces à coquille ou à squelette calcaire tels que les mollusques et les crustacés, sont particulièrement exposées. En raison de l'acidité accrue, la formation de leurs structures calcaires devient plus difficile. Cela affaiblit leurs coquilles et peut entraîner des problèmes de reproduction et de survie.

Le phytoplancton aussi menacé 

Autre composante essentielle de la vie marine, invisible et pourtant à la base de toute la chaîne alimentaire, le phytoplancton est "particulièrement sensible à l'acidité de l'océan", intervient Gilles Escarguel du laboratoire d'Écologie des Hydrosystèmes Anthropiques (LEHNA). Il pourrait à terme être remplacé par des espèces plus petites, le nano ou picoplancton, ayant des capacités de stockage de carbone plus faibles. Par conséquent, certains organismes marins pourraient être affectés par la diminution de la disponibilité des ressources alimentaires, entraînant des effets en cascade sur les espèces dépendantes. 

Chacun des scénarios du Giec illustrent que les océans sont amenés à s'acidifier. Mais il reste crucial de réduire les émissions de CO2 pour ralentir l'acidification des eaux et limiter ses effets. 

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