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Environnement

La vidéo en ligne : une menace invisible pour l'environnement

Selon une étude du Think Tank « The Shift Project » publiée en juillet, la vidéo en ligne aurait généré en 2018 plus de 300 millions de tonnes de CO2.

C’est l’équivalent des émissions de gaz à effet de serre (GES) d’un pays comme l’Espagne. Selon une étude du Think Tank français "The Shift Project", la vidéo en ligne génère 60 % des flux de données mondiaux et plus de 300 millions de tonnes de CO2 par an. Le numérique (utilisation et production des équipements confondues) représente aujourd’hui 4 % des gaz à effet de serre du monde et sa "consommation énergétique s’accroît de 9 % par an". Un rapport alarmant pour l’environnement, alors que la consommation numérique dépasse le transport aérien civil qui se situe "environ vers les 3 %" selon Matthieu Auzanneau, directeur général du Think Tank.

Usage excessif

D’après l’étude, "la croissance rapide du volume de données (consommation d’énergie et émissions de gaz à effet de serre associées) est en partie due à l’usage de la vidéo, qui représente 80 % du flux mondial de données. 20 % sont consacrés à des formes de vidéos regroupant streaming télé, vidéosurveillance, vidéo live (Skype, télémédecine), etc.... et 60 % pour la vidéo en ligne.

Ce dernier pourcentage recouvre quatre grands types de contenus :  les plateformes à caractère pornographique qui représentent 27 % des GES dues au numérique, les plateformes d'hébergement comme Youtube ou Dailymotion (21 %), les plateformes VoD (34 %) et enfin les vidéos hébergées sur les réseaux sociaux (18%). À noter que l’usage de la vidéo en ligne compte à elle seule pour 1 % des émissions mondiales.

Ne pas choisir n’est plus une option viable 

Les quatre types de contenus précédemment cités représentent chacun de 10 à 20 % des flux de données mondiaux. Alors comment faire afin de réduire cet impact sur l’environnement ? Par exemple, selon Maxime Efoui-Hess, auteur du rapport, "rien ne sert d’écouter une musique en 4 ou 8k" avant d’ajouter que "la qualité du son de votre musique sera exactement le même en 480p". The Shift Project préconise des solutions comme celle de "mettre en place une sobriété numérique dans les usages vidéo" et ainsi de "diminuer l’usage et le poids de la vidéo".

À cet effet, l’étude du Think Tank propose trois outils : une vidéo portant sur l’importance de modifier nos habitudes liées à la consommation numérique et ainsi réduire notre empreinte climatique (la quantité de CO2  de cette dernière étant spécifiée à la fin), un guide pour réduire de 60 à 90 % le poids de vos vidéos en 5 minutes tout en gardant une bonne qualité, et une extension de navigateur intitulée "Carbonalyser" qui "rend visible l’invisible impact environnemental du net".  Ce dernier permet de visualiser la consommation d'électricité et les émissions de gaz à effet de serre que produit votre navigation sur internet. L’objectif de ces outils étant de "prendre la mesure des conséquences de la consommation de données" et de faire un pas vers "un internet plus sobre". Des petits gestes qui paraissent anodins mais qui, en réalité, vous permettront de diminuer votre consommation d’énergie et, par ce biais, les GES. Pour le Think Tank, ne pas réduire notre consommation n'est plus "une option viable".

"Encore possible de changer les choses"

Afin d’inverser la courbe et de réduire l'impact de la vidéo en ligne, il faudrait, selon Maxime Efoui-Hess, "poser la question à ceux qui conçoivent ces plateformes, les designers qui tirent la technique de l’influence du comportement et travailler avec ceux qui commandent le design, les détenteurs des plateformes mais aussi avec les pouvoirs publics et régulateurs". Il ajoute également qu'il est encore possible de changer les choses".

Si rien n’est fait pour infléchir la croissance de la pollution numérique, la part de cette dernière dans les émissions mondiales de GES pourrait "doubler d’ici 2025, pour atteindre 8 %" avertit Matthieu Auzanneau, soit "l’équivalent de la pollution de nos voitures actuelles". Et l'avènement prochain de la 5G "déjà un réel problème", n'arrangera rien à l'équation, renchérit Maxime Efoui-Hess.

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