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Environnement

La transition écologique, thème incontournable des Européennes

Banque climat, taxe carbone aux frontières, tribunal de justice climatique : face à "l'urgence climatique", de nombreux partis placent la transition écologique au sommet de leurs priorités pour les européennes, avec cependant des divergences dans la nature et l'ampleur des solutions envisagées.

- Banque climat et budget écologique -

Parmi les partis susceptibles d'envoyer des élus à Strasbourg, LREM, EELV, LFI et la liste PS-Place publique affichent clairement leur volonté de faire de la transition écologique leur priorité pour ces élections.

"La proposition principale" de la République en Marche vise à investir "massivement dans la transition écologique et solidaire", car, estime-t-elle "au moins 1000 milliards d'euros sont nécessaires d'ici 2024 pour développer les énergies et les transports propres, rénover les logements et accompagner la reconversion des travailleurs des secteurs en transition".

Le parti présidentiel souhaite la création d'une Banque du climat et que "40 % des dépenses européennes" aillent à la transition écologique (en 2018, le budget européen s'est élevé à 160 milliards d'euros).

Une proposition inspirée du "Pacte Finance-climat", dont le climatologue Jean Jouzel et le fondateur de Nouvelle Donne Pierre Larrouturou se font les inlassables promoteurs depuis deux ans, et qui a été signé par de très nombreuses personnalités.

Ce "Pacte" prévoit d'affecter 400 milliards d'euros par an à la transition énergétique, dont 300 à 350 via la "banque du climat", et 100 via le budget européen, explique M. Larrouturou à l'AFP.

Pour celui qui est désormais candidat sur la liste de Raphaël Glucksmann (n°5), la proposition d'En Marche est insuffisante. M. Larrouturou se félicite en revanche que M. Glucksmann ait repris "l'intégralité" du Pacte et notamment l'idée d'une taxe sur les bénéfices des sociétés pour alimenter le budget européen.

Tête de liste EELV, Yannick Jadot veut lui aussi une "banque européenne du climat et de la biodiversité", et un plan d'investissement de "100 milliards d'euros par an pour la sobriété, l'efficacité énergétique, les énergies renouvelables et la mobilité durable". Son projet prévoit de relever le budget de l'UE à 5 % de son PIB (contre 1 % aujourd'hui) et d'en consacrer "au moins 5 % au climat", un budget alimenté notamment par une taxe sur les transactions financières.

LR veut un "Plan européen pour le climat, piloté par un Haut Commissaire européen pour le climat et la biodiversité favorisant notamment les prêts à taux zéro de la Banque européenne d'investissement".

M. Glucksmann et EELV entendent par ailleurs sortir les investissements écologiques de la règle des 3 % de déficit, tandis que LFI préconise de s'affranchir des "diktats austéritaires de Bruxelles" pour retrouver "la liberté d'investir en faveur du progrès social et écologique". LREM parle de compléter le Pacte de stabilité par un "Pacte de soutenabilité", l'idée étant de rendre les objectifs climatiques contraignants.

Pour EELV, les critères environnementaux doivent primer sur les critères économiques et veut que les Etats qui ne diminuent pas leurs budgets carbone ni leur empreinte écologique puissent "faire l'objet de poursuites par la Commission européenne".

- Taxe carbone et "protectionnisme vert" -

Autre idée que l'on retrouve dans la majorité des programmes, celle d'une taxe écologique aux frontières de l'Europe. LR parle dans sa proposition 31 "d'instaurer une +barrière écologique+, grâce à la mise en place en oeuvre de droits de douane anti-pollution sur les produits importés de pays qui ne respectent pas nos normes environnementales ou sociales".

Le RN entend "surtax(er) les importations mondialisées anti-écologiques", et LREM "taxer le carbone des produits importés en Europe". Même chose pour LFI, EELV et Place publique allié au PS. Plusieurs se prononcent pour un "Buy European Act", soit l'introduction d'une clause de préférence européenne dans les marchés publics (LR, PS-Place publique). LFI veut donner la "priorité aux productions locales" dans les appels d'offre pour la commande publique, et le RN "favoriser le localisme".

Certains vont plus loin en souhaitant remettre en cause les accords de libre-échange. Raphaël Glucksmann veut ainsi suspendre "toutes les négociations et toutes les ratifications des accords de commerce et d'investissement, y compris le (traité euro-canadien) CETA, tant que n'auront pas été démocratiquement définis les critères environnementaux, sociaux, fiscaux et de droits humains ambitieux qui remettent la politique commerciale au service du droit commun". Même méfiance vis-à-vis du libre-échange chez EELV, LFI et le RN.

- Contre les énergies fossiles -

LREM propose de "taxer le transport aérien" (comme le PS, EELV et LFI) et d'arrêter la vente de voitures diesel et essence d'ici 2040. Elle veut "fermer toutes les centrales fonctionnant aux énergies fossiles et sortir de tous les hydrocarbures d'ici 2050".

LFI ambitionne 100 % d'énergie renouvelables en 2050 via la "planification écologique" et la gestion publique de l'énergie. Elle entend "interdire l'importation de produits issus de la déforestation" et soutient la proposition d'un "tribunal de justice climatique".

LFI, EELV et Place publique veulent mettre fin aux subventions publiques en faveur des énergies fossiles. EELV propose un "bouclier écologique et social", soit un "fonds social pour la transition écologique" accompagnant la transformation des régions et des travailleurs des secteurs économiques les plus dépendants des énergies fossiles et toxiques.

Avec AFP.