Des progrès "encouragés par les nombreuses politiques publiques et actions individuelles et collectives pour protéger l’environnement", mais un bilan qui est tout de même critique. Le dernier Rapport sur l'état de l'environnement en France est en ligne et dresse un état des lieux de la situation environnementale française en 2024, le tout structuré autour de quatre grandes problématiques : l’épuisement des ressources naturelles, la pollution des milieux naturels, le changement climatique et le déclin de la biodiversité.
Alors, qu'en est-il concrètement des données, pour chacune de ces problématiques, toutes fondamentalement liées ? ID reprend, de manière non-exhaustive, quelques informations-clés.
Entre 2000 et 2023, les rejets de la plupart des polluants atmosphériques ont diminué, résultat de plans d’action initiés depuis plusieurs décennies, avec notamment une baisse de 56 % des émissions de particules fines."
Pollution
Le rapport précise que 7 % de la mortalité totale en France serait attribuable à l’exposition aux particules fines dans l’air extérieur. Qu'en est-il alors de l'état de la pollution de l'air en France ? Une baisse significative est constatée mais des progrès sont à amplifier pour protéger la santé, est-il pointé. "Entre 2000 et 2023, les rejets de la plupart des polluants atmosphériques ont diminué, résultat de plans d’action initiés depuis plusieurs décennies, avec notamment une baisse de 56 % des émissions de particules fines (PM2,5)".
Selon ce rapport, si la qualité globale de l’air extérieur s’améliore, les normes réglementaires de qualité de l’air pour la protection de la santé ne sont pas encore respectées partout. "Ainsi, en 2023, des dépassements de normes pour le NO₂, l’O₃ et les PM10 ont été observées, notamment dans certaines agglomérations de la moitié est de la France métropolitaine, en Île-de-France et à Mayotte", note-t-on.
Les émissions dans l’air extérieur de métaux et métalloïdes, comme le cadmium et le plomb, ont quant à elles globalement baissé depuis 1990, "avec une réduction notable de 69 % pour l’arsenic et 90 % pour le mercure".
17 000 à 88 000 micro-plastiques flottants en mer par km² ont été recensés en moyenne, entre 2015 et 2020, en France métropolitaine."
"Depuis 2015, les concentrations dans l’air en arsenic, cadmium, nickel et plomb sont inférieures aux seuils européens, hormis sur un ou deux points de mesure pour le nickel", est-il aussi détaillé.
Et les sols ? Le rapport précise que sur les 2 200 points du réseau de suivi français de la qualité des sols, "16 % présentent des teneurs en arsenic supérieures au seuil de vigilance, dont un qui présente un risque de surexposition pour les populations locales".
Concernant d'autres types de pollution, comme les pesticides, où en est-on ? Le bilan est mitigé, selon le rapport, qui indique que la France reste dépendante de ces produits.
"En 2022, 68 600 tonnes de pesticides ont été vendues. Les ventes des pesticides les plus toxiques ont diminué de 35 % entre 2015 et 2022, et ceux utilisés en agriculture biologique ou en biocontrôle ont augmenté. À la suite de la détection du S-métolachlore, un herbicide classé comme cancérogène suspecté, dans l’eau potable consommée par 1,2 à 2,2 millions de personnes, son usage a été considérablement restreint".
On constate ainsi une baisse des ventes des produits phytosanitaires les plus toxiques mais "une stagnation des ventes totales et une large contamination de l’ensemble du territoire".
Quid du fléau des déchets plastiques ? À ce niveau, "les signaux sont inquiétants", à la fois pour les écosystèmes et la santé. "Des centaines d’espèces animales sont affectées par l’ingestion de débris plastiques, est-il précisé. Chez l’humain, plusieurs études observent la présence de microplastiques dans les poumons, le sang ou les selles. Toutefois, le lien entre l’exposition aux microplastiques et les effets sur la santé reste encore mal connu".
On apprend aussi qu'en 2022, seulement 23 % des emballages en plastique à usage unique ont été recyclés en France, alors que la loi française vise 100 % de recyclage cette année 2025.
17 000 à 88 000 micro-plastiques flottants en mer par km² ont été recensés en moyenne, entre 2015 et 2020, en France métropolitaine.
Sur la période 2019-2021, 40 % des analyses d’eau issues de rivières et lacs ont révélé la présence d’au moins un PFAS."
Et l'eau, dans tout cela ? Si l'on s'intéresse aux résidus médicamenteux d'une part, la contamination de l'eau à ce niveau est avérée. "Les résidus de médicaments, souvent non éliminés par les stations d’épuration, sont de plus en plus présents dans les cours d’eau et les nappes souterraines, pointe-t-on. Entre 2019 et 2021, huit substances médicamenteuses ont été identifiées dans les cours d’eau, notamment la carbamazépine (un antidépresseur et antiépileptique), et le sulfaméthoxazole (un antibiotique)".
Les composés perfluorés (PFAS) sont aussi une source de préoccupation croissante pour la santé publique et les écosystèmes. Il est rappelé que ceux-ci sont utilisés dans de nombreux produits industriels et de consommation (ustensiles de cuisine, textiles, etc.) et se retrouvent dans les eaux, les sols et les organismes. Or, ils sont la cause possible de perturbations endocriniennes et de certains cancers. "Sur la période 2019-2021, 40 % des analyses d’eau issues de rivières et lacs ont révélé la présence d’au moins un PFAS. Pour les eaux souterraines, ce taux avoisine 20 %".
Si de nombreux dispositifs sont mis en œuvre pour lutter contre la pollution des milieux et limiter les risques pour la santé, le rapport note que ces mesures demeurent toutefois "insuffisantes au regard des enjeux de santé-environnement et du coût global de la pollution supporté par la société".
63 % est la part des ressources fossiles (pétrole, gaz naturel et charbon) mobilisées pour la consommation finale d’énergie à usage énergétique en France en 2022."
Ressources naturelles
Que retient-on sur le plan des ressources naturelles ?
-Que la consommation d’énergies fossiles (pétrole, gaz naturel et charbon) est à réduire, "avant tout pour limiter les émissions de gaz à effet de serre". 63 %, c'est la part des ressources fossiles mobilisées pour la consommation finale d’énergie à usage énergétique en France en 2022 ;
-Que la France a "une forte dépendance aux importations pour les ressources minérales métalliques, dans un contexte de forte demande mondiale". 99, 7 % des ressources minérales métalliques utilisées en France sont en effet importées ;
-Que de de gros volumes de minéraux non métalliques sont extraits sur le territoire pour un usage principalement local, "avec une réticence croissante des populations pour l’extraction de granulats" ;
-Qu'une utilisation sobre de l’eau est à renforcer, "pour assurer un équilibre entre la ressource et les usages et garantir le bon état des milieux aquatiques" ;
-Qu'il y a aujourd'hui de fortes attentes sur la production de biomasse, "à la fois pour la captation du carbone et différents usages (alimentation, matériaux biosourcés, énergie)".
+ 1,9 °C : c'est la hausse de la température moyenne 2013-2022 en France par rapport à la période 1900-1930."
Changement climatique
Les conséquences du changement climatique sont de plus en plus perceptibles en France, remarque-t-on par ailleurs : "hausse des températures, sécheresses, inondations, feux de forêt, tempêtes, érosion côtière, etc".
La fréquence et de l’intensité des événements climatiques extrêmes augmentent en raison de la hausse mondiale de la concentration des émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, pointe-t-on. "La santé humaine et l’habitabilité des territoires de plus en plus menacées par ces bouleversements". Le rapport met en avant une responsabilité de la France dans le réchauffement, "notamment via sa consommation d’énergies fossiles, principale cause du changement climatique". Et même si la prise en compte des enjeux climatiques est "de plus en plus forte", "les actions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et s’adapter doivent encore s’amplifier".
Quelques chiffres à noter :
+ 1,9 °C : c'est la hausse de la température moyenne 2013-2022 en France par rapport à la période 1900-1930.
+ 21 °C : c'est la hausse moyenne du niveau des mers et des océans entre 1990 et 2023.
+ 4 °C : c'est le niveau de réchauffement en France métropolitaine à l’horizon 2100 "pris en compte par la trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation au changement climatique en France (TRACC) pour élaborer les politiques nationales d’adaptation".
À noter que les émissions territoriales de gaz à effet de serre ont diminué globalement de 31 % entre 1990 et 2023. Mais les résultats sont contrastés selon les secteurs d’activité, pointe le rapport. Par exemple, elles ont augmenté de 3 % dans le secteur des transports.
Déclin de la biodiversité
Le rapport note une poursuite de l’érosion de la biodiversité en France, "malgré des initiatives de protection à l’échelle nationale et internationale et des réussites ponctuelles". Mais aussi une absence de diminution significative des "cinq grandes pressions responsables de la perte de biodiversité" (destruction des milieux naturels, surexploitation des ressources, changement climatique, pollution, espèces exotiques envahissantes), avec même une intensification pour certaines.
Toutefois, les enjeux liés à la biodiversité seraient de mieux en mieux pris en compte "à tous les niveaux, du politique au citoyen".
À noter que 4,2 % du territoire national, terrestre et marin, est couvert par un dispositif de protection forte en 2024, contre 1,8 % en 2021. 3,3 Md € ont été mobilisés en faveur de la biodiversité en 2021, "notamment pour la restauration des milieux naturels, la réintroduction d’espèces menacées ou la gestion d’espaces protégés, soit 0,13 % du PIB".
"Pour accompagner les transitions, l’enjeu est moins de contourner les problèmes d’acceptabilité sociale que de susciter une adhésion à l’égard de choix qui peuvent avoir des conséquences parfois difficiles pour les citoyens, les entreprises ou le monde agricole", estime Brice Huet, commissaire général au développement durable, cité dans ce rapport.