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Le chiffre

En 40 ans, 88 % de la faune d’eau douce a décliné 

Entre 1970 et 2012, les grandes espèces qui peuplent les eaux douces du monde entier ont vu leur population décliner : selon une étude scientifique, 88 % de la faune présente dans les lacs et rivières a disparu.

88 %, c’est la part des grandes espèces peuplant les eaux douces du monde entier qui, aujourd’hui, n’est plus. "Les résultats sont alarmants et confirment les craintes des scientifiques impliqués dans l'étude et la protection de la biodiversité des eaux douces", alerte le communiqué de presse de cette étude inédite. Publiée dans la revue Global Change Biology, celle-ci nous apprend que les écosystèmes marins d’eau douce ont connu un déclin drastique au cours des quarante dernières années.

Les données compilées entre 1970 et 2012 démontrent ainsi une chute de 88 % de la faune évoluant dans les lacs et rivières du monde entier. En cause, la surexploitation des espèces et la disparition de leur habitat naturel.

Des régions et des espèces plus menacées que d’autres 

Pour mener à bien cette étude, les chercheurs ont étudié les données de populations de 126 espèces de mégafaune d’eau douce – soit celles pesant plus de 30 kg - à l’échelle mondiale. Il apparaît que certaines espèces sont plus vulnérables que d'autres : "Parmi les groupes taxonomiques, les méga-poissons ont présenté le déclin mondial le plus important", soit une baisse de 94 % pour les plus grands poissons tels que les esturgeons, les poissons-chats, les silures... Suivis des reptiles qui, eux, enregistrent une baisse de 72 % de leur population.

De même, certaines régions du monde semblent être plus fortement touchées par le déclin de ces populations : "Les plus fortes baisses ont été enregistrées dans les zones d’Indomalaya (ndlr : de l’Ouest du Pakistan au Sud-est de la Chine) et du Paléarctique (ndlr :  Europe, Afrique du Nord, Nord de l’Asie et du Moyen-Orient) (- 99 % et - 97 %, respectivement)", apprend-on dans l’étude.  

Les scientifiques appellent à la protection des écosystèmes

Ce déclin massif est attribué par les scientifiques à deux menaces : la surexploitation des espèces par l’Homme, mais aussi la disparition des rivières, "l’accès aux frayères et aux aires d’alimentation étant souvent bloqué par des barrages, détaille le communiqué. Bien que les grandes rivières du monde aient déjà été très fragmentées, 3700 grands barrages sont prévus ou en construction, ce qui accentuera encore la fragmentation des rivières. Plus de 800 de ces barrages prévus sont situés dans des points chauds de la mégafaune d'eau douce, dont les bassins de l'Amazone, du Congo, du Mékong et du Gange". 

En conséquence, les scientifiques alertent sur l’urgence de la préservation de ces écosystèmes. "Les tendances détectées mettent en exergue la situation critique de la mégafaune d'eau douce à l'échelle mondiale et soulignent le besoin plus large d'une conservation concertée, ciblée et rapide de la biodiversité en eau douce". Ces derniers soulignent toutefois que certaines espèces ayant fait l’objet de mesures de conservation ciblées, ont vu leur population se stabiliser, voire augmenter, citant le castor d’Amérique ou encore le dauphin du fleuve Irrawaddy dans le bassin du Mékong. Et de conclure : "Le déclin mondial maintenant quantifié de la mégafaune d'eau douce souligne le besoin urgent d'actions de conservation pour la biodiversité en eau douce."

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