Les épisodes de sécheresse sont amenés à se multiplier avec le changement climatique.
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Environnement

Sécheresse : sept projets financés pour adapter les Pyrénées-Orientales à la raréfaction de l'eau

Sept projets d'aménagements pour adapter les Pyrénées-Orientales à la raréfaction de l'eau vont recevoir dix millions d'euros de l'Etat, notamment pour intensifier la réutilisation des eaux usées, a annoncé mardi le ministre de la Transition écologique.

Ce département d'Occitanie subit une sécheresse intense depuis deux ans, illustrant les projections des climatologues sur une baisse des précipitations sur le bassin méditerranéen et une hausse de l'évaporation à cause du réchauffement climatique d'origine humaine.

Les projets sélectionnés font partie du "plan de résilience pour l'eau" que le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu doit détailler mercredi à Canet-en-Roussillon.

Le ministre est attendu dans une station d'épuration, qui va être adaptée pour soutenir l'irrigation agricole et des usages urbains de réutilisation d'eaux usées.

Ce projet, comme les six autres, est censé démarrer "très rapidement" grâce aux financements et à des facilitations réglementaires. Deux autres projets de réutilisation concernent les stations d'Argelès-sur-Mer et de Saint-Cyprien.

Des travaux à venir dans les prochains jours

Les 10 millions "vont être investis tout de suite, avec des travaux qui vont commencer dans les prochains jours" pour ces trois stations, a déclaré le ministre mardi soir sur France Télévisions.

Un autre projet vise à "sécuriser l'alimentation des réseaux d'irrigation" du bassin de l'Agly et un autre, à équiper le réseau du canal de Corbère avec des "électrovannes individuelles équipées de compteurs connectés" pour optimiser l'usage de l'eau en goutte-à-goutte par les arboriculteurs.

Des travaux doivent aussi moderniser le canal de Perpignan, creusé au XIVe siècle pour acheminer l'eau du fleuve La Têt et dont dépendent 3 000 hectares de terres agricoles.

La "rénovation des réseaux d'eau potable sur des secteurs vétustes et fuyards à Ille-sur-Têt" est le septième projet, selon le ministère.

Malgré des pluies récentes, les nappes phréatiques du Roussillon sont toujours en déficit et le territoire, à l'activité agricole importante, se prépare à un troisième été de restrictions d'eau, en vigueur depuis juin 2022.

L'agriculture, plus important consommateur d'eau

"Depuis janvier 2022, 22 mois ont été déficitaires en précipitations, et seulement 6 proches des normales ou excédentaires", a indiqué Météo-France à l'AFP.

"L'agriculture sur ce territoire est le plus important consommateur d'eau", avec "83 % des prélèvements" loin devant l'eau potable (16 %), rappelle le ministère.

Pour l'eau potable, "une cinquantaine de communes du département sont sous tension", soit 35 000 habitants, et douze d'entre-elles "sont en rupture totale ou partielle", a souligné le ministre dans un entretien à L'Indépendant.

Pour neuf de ces communes, "les taux de fuite sont supérieurs à 50 %" et "nous allons prioritairement engager des travaux", a-t-il annoncé.

"On souhaite systématiser les compteurs de télérelève sur ce territoire pour être renseignés en temps réel sur les usages", a déclaré le ministre, évoquant "des forages non déclarés" et d'autres "déclarés, mais dont on ne connaît pas la consommation précise".

Il préconise de "régulariser les forages existants et d'interdire les nouveaux projets tant qu'on n'y voit pas clair".

Le plan prévoit aussi de cofinancer des études, d'ici fin 2025, sur l'opportunité de prolonger jusqu'à Perpignan l'aqueduc Aqua Domitia. L'ouvrage, qui irrigue déjà les terres arides de l'Hérault et de l'Aude avec de l'eau du Rhône, s'arrête aujourd'hui à Narbonne.

La réutilisation des eaux usées est un axe majeur du "plan eau" lancé en 2023 par l'exécutif. Elle représente actuellement moins de 1 % des volumes en France, contre 8 % en Italie, 14 % en Espagne et 85 % en Israël.

Avec AFP.