Ces photos saisissantes révèlent un paysage nocturne coloré de rose et de jaune fluos, justifiant la comparaison à des aurores boréales. Mais ces couleurs proviennent en réalité des lampes à LED et à incandescence servant à éclairer les tomates sous serres. Un phénomène qui n’a donc rien de naturel, et repose sur un paradoxe important… Libération y a consacré un reportage photo dans son édition du 2 juin.
Des tomates en Bretagne ? Un paradoxe avéré...
Charlène Flores, la photographe à l’origine de ce reportage, a réalisé ces clichés à La Chapelle-des-Fougeretz, en Bretagne, première région productrice de tomates en France (sur les 5499 771 tonnes produites chaque année en France, 33 % proviennent de la Bretagne).
Pourtant, ce fruit nécessite une importante quantité de chaleur et d’ensoleillement pour se développer, ce qui est loin d’être l’apanage de cette région. Les gros exploitants cultivent donc essentiellement leurs tomates sous des serres chauffées et éclairées par des lampes à LED (à l’origine des teintes rosées) ou à incandescence (produisant une lumière jaune).
La pollution lumineuse : un fléau manquant encore de visibilité
Malgré les panneaux occultants placés sur les côtés des serres, la lumière s’échappe et grignote l’obscurité. Cette pollution lumineuse n’est pas sans impacter les écosystèmes locaux, et la vie des riverains (un sujet auquel nous avions consacré un article, à retrouver ici).
En effet, cet éclairage constant modifie le rythme circadien de la biodiversité – un rythme défini par l’alternance entre le sommeil et la veille, elle-même lié à l’alternance entre l’ensoleillement et l’obscurité. Ainsi, Charlène recueille la plainte d’Eric, habitant dans le proche voisinage, qui explique que "le problème ce n’est pas la lumière, ce sont les oiseaux qu’on entend chanter toute la nuit".
Ces révélations sur les conséquences que peut avoir l’agriculture intensive sur les écosystèmes ont ainsi suscité l’indignation des internautes...