Fonte d'un glacier.
© Reinhard Tiburzy/Shutterstock
Environnement

Découverte : les glaciers contiendrait moins d'eau qu'estimé

Selon une étude publiée lundi 7 février, les glaciers des montagnes contiendraient moins d'eau qu'estimé par les scientifiques. Conséquences : un impact moindre sur la hausse du niveau de la mer mais un risque de pénurie en eau pour certaines populations. 

Les glaciers de montagne, qui fondent sous l'effet du réchauffement, contiennent moins de glace que ce que pensaient les scientifiques, selon une étude publiée lundi, qui insiste sur les risques d'accès à l'eau dans certaines régions, comme les Andes.

Une découverte importante

"La découverte qu'il y a moins de glace est importante et aura des conséquences pour des millions de personnes à travers le monde", explique dans un communiqué un des auteurs, Mathieu Morlighem, du Darmouth College aux Etats-Unis. Ces millions de personnes dépendent des glaciers pendant l'été pour leur approvisionnement en eau.

Loin d'être immobiles, les glaciers sont des masses qui s'écoulent sous l'effet de leur poids. Connaître cette vitesse d'écoulement permet donc de déterminer la masse du glacier. Mais jusqu'à présent, "on ne connaissait pas bien cette vitesse", explique à l'AFP l'auteur principal de l'étude Romain Millan, chercheur à l'Institut des Géosciences de l'environnement de Grenoble (Rhône-Alpes).

Alors les chercheurs ont passé au crible des centaines de milliers d'images satellite de glaciers, comparant l'avancée dans le temps des crevasses et des rochers pour mesurer cette vitesse d'écoulement et aboutir à un atlas estimant l'épaisseur de 98% des plus de 200.000 glaciers de montagnes de la planète (ce qui exclut les gigantesques glaciers en bordure des calottes glaciaires).

Au niveau mondial, les résultats publiés dans la revue Nature Geoscience montrent que ces glaciers sont moins épais qu'on le pensait.

Un impact moindre sur la hausse du niveau de la mer ?

"Si l'ensemble des glaciers de montagne venaient à fondre, leur contribution à l'élévation du niveau de la mer serait 20% plus faible" qu'estimé auparavant, précise Romain Millan. Soit une contribution potentielle d'environ 26 cm.

Une bonne nouvelle ? Pas vraiment. La fonte des glaciers de montagne est marginale en terme de hausse de niveau de la mer face au potentiel des calottes du Groenland et de l'Antarctique.

"Même si les glaciers contiennent assez d'eau pour faire augmenter le niveau de la mer de quelque 25 cm, il y a assez de glace dans les calottes glaciaires pour augmenter ce niveau de plus de 60 mètres", note ainsi Martin Siegert, co-directeur du Grantham Institute pour le changement climatique et l'environnement, qui n'était pas impliqué dans l'étude.

Des populations à risque

En revanche, l'impact est potentiellement dévastateur pour les populations qui dépendent des glaciers pour boire, pour l'agriculture ou pour l'énergie hydraulique. Certes, l'étude montre des différences régionales importantes et certains glaciers sont bien plus volumineux qu'estimé, en particulier ceux de l'Himalaya qui contiennent 37% plus de glace. Mais à l'inverse, les réserves en eau des glaciers des Andes sont environ 27% inférieures à ce qui était estimé précédemment.

Conséquence: par exemple, dans le bassin de La Paz en Bolivie, où un tiers des ressources en eau proviennent de la fonte des glaces lors de la saison sèche, "il est inévitable que le réservoir plus réduit de glace aura un impact plus tôt qu'anticipé", écrivent les chercheurs.

Une étude qui change la donne

Sous l'effet du réchauffement de la planète, les glaciers fondent de plus en plus vite. Dans un rapport spécial en 2019, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat de l'ONU (Giec) estimait que les glaciers de basse altitude comme ceux des Alpes pourraient perdre 80% de leur volume d'ici 2100 et que beaucoup pourraient disparaître totalement. Mais cette nouvelle étude pourrait changer la donne. "Nous appelons la communauté des glaciologues à utiliser ces nouvelles estimations pour réestimer l'évolution des glaciers", indique Romain Millan chercheur à l'Institut des Géosciences de l'environnement de Grenoble (Rhône-Alpes).

Les auteurs de l'étude notent toutefois que les informations sur les glaciers sont toujours partielles et mériteraient d'être confirmées par de la collecte de données sur le terrain, "difficile pour des glaciers qui s'étendent sur plusieurs pays", note Romain Millan.

En attendant, pour aider les États à mieux se préparer à l'impact du réchauffement climatique sur les glaciers, les chercheurs travaillent sur des simulations de l'évolution de la ressource en eau dans le temps.

Avec AFP.

 

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