Le 22 octobre, l’Agence de l’Union européenne pour la sécurité aérienne (AESA) a publié son premier rapport sur les productions de biokérosène.
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Environnement

Carburants durables : l’aviation européenne en phase de rodage

Le 22 octobre, l’Agence de l’Union européenne pour la sécurité aérienne (AESA) a publié son premier rapport sur les productions de biokérosène. Une alternative qui permettrait aux avions de voler de plus en plus vert et réduire leur impact sur le dérèglement climatique.

Attractif par ses prix et sa rapidité, l’avion est le moyen de transport qui pollue le plus par passager. Cela est dû à sa consommation de kérosène et les condensations d’oxydes d’azote qu’il crée dans son passage qui sont nocives pour notre environnement. Depuis le 1er janvier 2025 et le programme "Refuel EU Aviation", les fournisseurs de carburant et les compagnies aériennes sont contraintes d’incorporer 2 % de biokérosène dans leur production dès la fin de l’année. 

Une alternative pensée pour être durable

C’est en 2024 que le Parlement européen a présenté un projet pilote, censé évaluer la possibilité de rendre le carburant des avions moins impactant pour l’environnement. Pour répondre aux enjeux environnementaux, le secteur aérien a dû envisager des alternatives au kérosène traditionnel. 

Les biocarburants (SAF) ont peu à peu été introduits sur le marché. Le biokérosène est composé le plus souvent d’huiles de cuisson usagées qui ont été récupérées dans des restaurants. Néanmoins, il peut aussi être créé à partir de graisses animales récoltées dans les abattoirs.

Le 1er janvier 2025 est entré en vigueur le "ReFuelEU Aviation" qui régule la distribution et l’utilisation des biocarburants, obligeant 123 fournisseurs à intégrer 2 % de biokérosène pour l’approvisionnement de leurs avions. Un pourcentage qui évoluera au cours des années, passant à 6 % pour 2030 et 70 % pour 2050.

"L’Union européenne progresse régulièrement dans l’adoption des carburants d’aviation durables, et le règlement ReFuelEU Aviation contribue déjà à accroître la production et l’utilisation de SAF dans les États membres", affirme Apostolos Tzitzikostas, commissaire pour le transport et le tourisme durables de la Commission européenne.

Un rapport en demi-teinte

Le rapport de l’AESA comporte des éléments encourageants. Les biocarburants émettent 91 % de CO₂ en moins que le kérosène fossile classique. Autrement dit, seulement 9 % des émissions habituelles sont produites sur l’ensemble du cycle. En tout 714 kilotonnes de CO₂ ont été économisées.

Ce rapport établit un point de repère important pour nos efforts en matière de durabilité à l’avenir.

Cependant, les aéroports et les distributeurs n’ont pas respecté leurs engagements. Sur les 123 fournisseurs de kérosène, 83 ont rendu un rapport sur leur production et leurs ventes, soit 67 %. Il n’y a pas de données pour les 40 fournisseurs restants. En outre, l’objectif des 2 % de biokérosène n’a pas été atteint : seules 192 700 tonnes ont été intégrées, soit 0,6 % du volume total de carburant distribué.

"Un système de rapport fonctionnel est maintenant en place, les niveaux initiaux de conformité des rapports sont solides et la livraison du SAF se fait dans plusieurs États membres", affirme Maria Rueda, la directrice de la gestion de la sécurité, de la stratégie et du rayonnement mondial à l’AESA. "Ce rapport établit un point de repère important pour nos efforts en matière de durabilité à l’avenir."

Pour l’heure, le biokérosène est la seule alternative écologique disponible à grande échelle. D’autres solutions, comme le carburant électrique ou le e-fuel, sont encore en développement. Le règlement prévoit d’ailleurs que ces e-fuels représentent 1,2 % du carburant en 2030, puis 35 % en 2050.