Jérémy Gobé découvre des similitudes entre la dentelle et des exosquelettes de corail.
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Environnement

Biodiversité : la dentelle au secours des récifs coralliens en Guadeloupe

Focus sur le travail de l'artiste plasticien, Jérémy Gobé, qui a imaginé une dentelle biodégradable pour aider à la restauration des coraux à travers le monde. Réalisés entre mars et décembre 2021, les derniers tests en date de ce projet sont prometteurs d'après Jérémy Gobé. 

Les coraux se parent de dentelle. En Guadeloupe, de mars à décembre 2021, la journaliste Mariane Aimar-Godoc et son association Coraïbesresponsable de la restauration des coraux dans la région, ont suivi les nouveaux tests d’une dentelle biodégradable qui pourrait participer à la sauvegarde des récifs coralliens, comme le révélait un reportage diffusé sur France 2, le 22 janvier dernier. Contactée par ID, Mariane Aimar-Godoc fait remarquer : “En Guadeloupe, 85% des coraux sont dégradés". En cause : la pollution des eaux et la surpêche qui les abîment et finissent par les tuer.

Un projet à la croisée de l'art et de l'écologie

A l'origine de ce projet novateur : un artiste plasticien. Ayant grandi en région Nord et Grand-Est, Jérémy Gobé a toujours intégré les questions sociales et environnementales à ses œuvres. Il utilise dans ses créations des objets usés ou sur le point d'être jetés. Ce créateur travaille par exemple à partir de matériaux donnés par les employés des usines sur le point de fermer.

Sa passion pour les coraux naît en 2010 lorsqu'il en découvre dans un Emmaüs. Quelques années plus tard, en 2017, il constate que la structure de la dentelle est très similaire à celle du corail, et décide d'utiliser le point d’esprit, motif traditionnel de dentelle du Puy-en-Velay (Auvergne-Rhône-Alpes) afin de servir de support au développement de ces squelettes calcaires.

Trouver des tissus résistants

Pour mettre au point sa technique, Jérémy Gobé crée un programme de Recherche, Développement et Innovation nommé Corail Artefact, qui associe "l’art, la science, l’industrie et l'éducation". En collaborant avec les fabricants de textiles Solstiss, il élabore un tissu dentellé écologique, à partir de ressources végétales, dont la rugosité et la souplesse permettent aux coraux de se fixer et se développer. 

Le seul problème était de créer des tissus assez résistants. “Nous avons conçu un nouveau motif pensé spécialement pour le corail en prenant en compte le temps dont il avait besoin pour se développer", explique Bruno Telliez, responsable technique et production chez Solstiss. Les tests réalisés entre mars et décembre dernier semblent pour l'heure "encourageants".

Placée dans des aquariums d'eaux de mer au plus proche des conditions naturelles, la dentelle biodégradable a tenu 148 jours avant de se désintégrer assez pour que les futures coraux se forment correctement. Prochaine étape : le test de ce prototype avec les larves des coraux puis sa mise en place en pleine mer courant 2022. 

Une bonne nouvelle pour la préservation de la biodiversité. Traditionnellement, les scientifiques utilisent des exosquelettes en PVC ou en béton auxquels les œufs des coraux s'attachent. Ces matériaux ne sont pas neutres en termes de pollution. "Ils libèrent des microplastiques pour l’un et participent à l’acidification des océans pour l’autre", alerte la journaliste Mariane Aimar-Godoc. 

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