Manifestation à Sainte-Soline, collectif "Bassines Non Merci".
©PASCAL LACHENAUD/AFP
Environnement

Bassines du Poitou: les opposants s'élancent à vélo vendredi vers Paris

Cinq mois après les violents affrontements entre manifestants et forces de l'ordre à Sainte-Soline, les opposants aux "bassines", ces réserves pour l'irrigation agricole, lancent vendredi un convoi itinérant, en format réduit, au départ des Deux-Sèvres avant une manifestation à Paris.

Selon les organisateurs, le collectif Bassines non merci et le syndicat agricole la Confédération paysanne, entre 500 et 1.000 manifestants à vélo, et une vingtaine de tracteurs, sont attendus pour sillonner cinq départements (Deux-Sèvres, Vienne, Indre-et-Loire, Loir-et-Cher, Loiret) afin de dénoncer "l'accaparement de l'eau" et son financement public.

Les principales étapes du convoi, qui s'arrêtera près d'autres projets agricoles contestés localement ont été déclarées, et n'ont pas fait l'objet d'interdiction des autorités à ce stade. Selon une source sécuritaire, l'événement s'apparente à "un rendez-vous familial (...) plutôt qu'une véritable démonstration de force même si les organisateurs annoncent eux-mêmes quelques surprises".

La préfecture de la Vienne a indiqué recourir à des drones et des aéronefs pour la "sécurisation" du convoi lors de son passage dans le département. Les organisateurs prévoient aussi un rassemblement à Paris le 26 août, au lendemain de la fin de leur périple.

C'est une occasion unique pour eux de geler tous les financements des projets de bassines.

Un temps en retrait, les Soulèvements de la Terre ont annoncé leur participation au convoi, quelques heures après la suspension en justice de leur dissolution prononcée par le gouvernement. Ce collectif écologiste avait coorganisé les dernières manifestations rassemblant des milliers de personnes de Sainte-Soline.

Interdites par les autorités, elles avaient été émaillées de heurts en octobre et de violents affrontements en mars entre manifestants et gendarmes, laissant notamment deux militants dans le coma.

"Logique de contournement"

En effectif limité par la "logistique", les opposants insistent sur "l'état d'esprit festif et familial" de ce "nouveau mode d'action", qui partira de Lezay (Deux-Sèvres), non loin du chantier de Sainte-Soline. Cette réserve, appelée "bassine" par les opposants, est la deuxième des seize en projet dans le Marais poitevin.

L'objectif est de stocker au total, dans de vastes cavités en plein air, jusqu'à 6 millions de mètres cubes d'eau puisée dans les nappes en hiver, afin d'irriguer les cultures en été quand les précipitations se raréfient, selon un principe de "substitution". Ses promoteurs - 450 agriculteurs soutenus par l'Etat - défendent une assurance-récolte indispensable à leur survie et un outil de transition vers l'agroécologie. Leurs opposants dénoncent un "accaparement de l'eau" par "l'agro-industrie", à l'heure du changement climatique.

Le projet est financé à majorité par des fonds publics, via l'Agence de l'eau Loire Bretagne basée à Orléans, où les manifestants souhaitent être reçus durant le convoi. "C'est une occasion unique pour eux de geler tous les financements des projets de bassines", a exhorté Julien Le Guet, le chef de file de Bassines non merci. En juillet, la Cour des comptes avait souligné "la nécessité d'une vision territoriale concertée" sur ces projets.

Au départ des Deux-Sèvres, "l'idée" sera "d'approcher la bassine (...) mais on est dans une logique de contournement, on n'ira pas face à des barrages de gendarmes", a ajouté M. Le Guet, assurant éviter personnellement la zone car il fait l'objet d'un contrôle judiciaire.

De son côté, Thierry Boudaud, agriculteur et président de la Coop' de l'eau, qui porte le projet, appelle les agriculteurs à "rester calmes et solidaires" car "les plaies sont toujours ouvertes" après des dégradations de matériel lors des précédentes manifestations.

Dialogue

Fait rarissime, un mois avant cette nouvelle mobilisation, irrigants et opposants ont salué une motion votée par le comité de bassin Loire-Bretagne, sorte de Parlement de l'eau regroupant usagers, élus et Etat, pour "favoriser le dialogue" et revoir la gouvernance de ce type de projet.

Pour M. Boudaud, qui se dit "demandeur de dialogue avec des gens non-violents", "ce sera l'occasion de rétablir certaines vérités", comme "la sobriété" des irrigants et l'évaporation de l'eau, mesurée à "moins de 3%" sur l'unique "bassine" du projet en service depuis plus d'un an.

Pour Laurence Marandola, agricultrice et secrétaire nationale de la Confédération paysanne, "la dialogue est indispensable" mais à condition d'un "moratoire" et d'un "arrêt de tous les chantiers de bassines en cours à venir". Sur les trois chantiers initialement prévus en septembre, deux doivent effectivement démarrer, dont la reprise de Sainte-Soline, a indiqué la Coop' de l'eau à l'AFP.

Avec AFP.

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