ID s'est entretenu avec la directrice de l’Association pour la protection des animaux sauvages qui rachète des terrains pour laisser la nature évoluer à son rythme.
©ASPAS-Delhomme
Environnement

Acquérir des terrains pour en faire des réserves sauvages

Afin de préserver les espaces naturels ainsi que les animaux, l'Association pour la protection des animaux sauvages achète des propriétés et mène un combat judiciaire pour la nature et la biodiversité.

ID s'est entretenu avec Madeline Rubin, directrice de l'Association pour la protection des animaux sauvages et du patrimoine naturel, association d’intérêt général et reconnue d’utilité publique qui œuvre pour la protection de la biodiversité depuis 40 ans.

Quel est le but de l'ASPAS ?

L’association s’est créée il y a 40 ans pour défendre le renard en priorité parce qu'il s'agissait de l’animal le plus persécuté et que nous pouvions lui faire les pires choses. En plus, à l’époque il y avait la rage et il était accusé de tous les maux. Nous nous sommes dit : "Ce n'est pas normal, tous les animaux ont le droit de vivre car ils ont tous des missions et un rôle à jouer dans les écosystèmes. Donc nous allons essayer de réhabiliter l’image de ces animaux". Depuis, nous faisons cela à travers du combat juridique et beaucoup de recours. Nous attaquons les arrêtés préfectoraux, ceux qui détruisent ou braconnent les animaux. Que cela soit les renards, les loups, les blaireaux et puis les belettes…

L'humain n'est pas celui qui décide de tout."

Nous faisons aussi énormément de campagnes de pédagogie et de sensibilisation pour expliquer au plus grand nombre qui sont ces animaux que nous connaissons peu. Souvent parce qu'ils sont nocturnes, parce qu'ils sont discrets, parce nous leur faisons peur, nous, les humains. Et depuis une dizaine d'années, nous achetons des territoires pour les laisser en libre évolution. Cela veut dire que dans ces espaces, l'humain n'est pas celui qui décide de tout. Il a sa place et peut faire partie de ces espaces, mais il a une place de mammifère comme les autres.

Pourquoi faire de l'acquisition de terrains ?

Être propriétaire nous permet simplement d’avoir la maîtrise et le droit le plus large possible de décider de ce que nous pouvons faire et de ce que nous ne voulons pas faire sur la propriété privée que nous avons. Cela nous confère une "toute puissance" d’exploitation. Nous pouvons décider de ne surtout pas exploiter et mieux préserver les milieux. Grâce à des dons et du financement participatif, l'association achète des terrains et c’est la nature qui va décider de ce qu’elle veut faire sur le terrain. La manière dont elle veut le faire, avec le temps qu’il lui faudra, et sans contraintes humaines.  Le projet fou que nous avons réussi à mener dernièrement est d'acheter 500 hectares de terre dans le Vercors et de restituer cet espace aux animaux et à la nature.

Concrètement, que faites-vous une fois que avez les terres ?

Rien ! Aujourd’hui il y a urgence à ne plus rien faire qui pourrait abîmer les milieux. Nous parlons de 6ème extinction de masse, de perte de biodiversité. Le constat est extrêmement alarmant, il y a la crise climatique, la crise écologique… Tout le monde est un petit peu affolé et inquiété de notre devenir à nous en tant qu'humains. L'urgence est donc d'arrêter de massacrer, de tout exploiter. Nous sommes partis du constat que la protection que met en place notre gouvernement pour préserver les territoires "protégés" comme les parcs, les réserves naturelles ou les parcs nationaux, a un niveau très faible puisque nous pouvons y chasser, y couper du bois… Nous essayons de mobiliser l’État mais ça ne marche pas car il veut mettre tous les acteurs autour de la table. Et finalement, dans toutes les aires créées, il y a la chasse, la coupe de bois, l’exploitation d'animaux… Beaucoup d'abus.

Nous nous sommes dit que finalement en achetant nous-mêmes, nous pourrions décider d’imposer un cahier des charges et une charte stricte qui s’appliquera pour nous mais pour tous ceux qui iront sur ce territoire. Mais aussi, quand c’est une association qui achète, cela détourne un petit peu la propriété privée parce qu'il n’y a pas un seul propriétaire qui a une jouissance privée et unique de ces terrains, cela tombe plus ou moins dans le bien commun car une association appartient à ses membres, c’est un bien de l’association. Cela permet de préserver des milieux sur du long terme et de manière partagée et démocratique.

Une part de vie sauvage c'est 30 euros, ce qui permet de préserver 200 mètres carrés de nature."

Nos projets répondent à un besoin urgent de préserver les milieux et cela répond surtout à un besoin du grand public de se sentir acteur en finançant cela à sa hauteur en fonction de son portefeuille. Une part de vie sauvage, c'est 30 euros, ce qui permet de préserver 200 mètres carré de nature. C'est du concret, c’est efficace, rapide, et il y a un avant/après tout de suite. Aujourd’hui, nous avons 1 200 hectares complètement gérés par l’association. D'ici peu, en 2021, nous aurons un gros projet un peu plus conséquent mais cela demande un petit peu plus de discrétion pour le moment le temps qu'on le finalise, pour ne pas lever d'opposition et qu'on soit empêché de le mener à bien.

Une interview réalisée en partenariat avec France Inter. Pour écouter la chronique Social Lab :

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