Des ruches mortes en route pour la chambre d'agriculture de Rennes
©Confédération paysanne 56
Environnement

Abeilles : en Bretagne, un convoi mortuaire de ruches dénonce le drame apicole

Après le coup de gueule remarqué d'un apiculteur breton sur les réseaux sociaux, c'est un convoi bien particulier qui a pris la route lundi en Bretagne... 300 apiculteurs se dirigent sur Rennes pour dénoncer la situation.  

Il y a quinze jours, la vidéo suivante, réalisée par Le Nouvel Obs, a été fortement relayée sur les réseaux sociaux :

On y voit un apiculteur Breton, Sven Niel, basé dans le Finistère, exprimer sa colère et sa rage face à l'extermination des abeilles. Visiblement las du manque d'action et de considération sérieuse des autorités, il s'exprime sans filtre : "Ce ne sont plus des ruches, c'est un cimetière !" s'exclame-t-il alors que cinq de ses sept ruches ont été décimées - "une mortalité encore jamais observée" note L'Obs.

Sur Facebook, son appel à l'interdiction des néonicotinoïdes a été vu plus d'un million de fois, et depuis lundi c'est un "convoi mortuaire" qui est parti depuis le Faouët (Morbihan) vers la Chambre d’agriculture régionale de Bretagne, à Rennes, pour dénoncer "l’utilisation de pesticides nocifs aux abeilles en agriculture". Pour le syndicat des apiculteurs professionnels de Bretagne, on assiste cette année à une "véritable hécatombe", avec pas moins de 20 000 colonies décimées rien qu'en Bretagne. "Des ruchers entiers, très beaux à l’automne, sont aujourd’hui particulièrement décimés. Les pertes sont particulièrement élevées dans le centre-Bretagne", a ainsi constaté Joël Nadan, du syndicat des apiculteurs de Bretagne, auprès de l'AFP. "Personnellement, quand je cumule les ruches dépeuplées, les orphelines, les bourdonneuses et autres non viables, j’approche les 50 % de perte. C’est du jamais vu depuis le début de ma carrière en 1984", a-t-il encore précisé avant de noter que certains de ses collègues ont perdu jusqu’à plus de 80 % de leur cheptel...

Pour les apiculteurs, il est urgent que l'Observatoire des Mortalités et des Affaiblissements de l’Abeille mellifère (OMAA - financé par l’Etat et mis en place en région Bretagne et Pays de la Loire, à titre expérimental, jusqu’au 31 juillet 2019) ne se concentre pas seulement sur les cas de suspicion de maladie ou parasite : pour eux, des recherches et des financements devraient être prévus "pour orienter vers une intoxication chimique, même dans les cas extrêmes". Et si le syndicat estime que l’interdiction prochaine, décidée la semaine dernière par la Commission européenne, de trois néonicotinoïdes "est une bonne nouvelle", cela reste "très insuffisant".

Sur Reporterre, un diaporama sonore réalisé par Alexandre-Reza Kokabidonne à voir et à entendre la grogne de ces apiculteurs :

Leur arrivée est prévue vendredi à Rennes. Une affaire à suivre, et un (bad) buzz à entretenir donc pour que les décisions nécessaires soient prises prochainement...