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Entreprises

L’ISR à l’heure des Objectifs de Développement Durable

Avec plus de 80 000 milliards de dollars d’encours sous gestion dans le monde en 2016, les sociétés de gestion ont un rôle clé à jouer dans la redirection d’une partie des flux financiers nécessaires à la réalisation des Objectifs de Développement Durable (ODD). Pour ce faire, le développement de l’ISR et notamment des approches thématiques et d’impact investing constitue une réponse plausible, à condition de surmonter plusieurs difficultés.

En lançant en 2015 les 17 Objectifs de Développement Durable, qui ont succédé aux huit objectifs du Millénaire, les Nations Unies ont cherché à définir clairement les défis mondiaux à relever d’ici 2030 en vue « d’éradiquer la pauvreté, (de) protéger la Planète et (de) faire en sorte que tous les êtres humains vivent dans la paix et la prospérité ». Pour atteindre ce résultat, un effort global est attendu de la part des états, des entreprises mais également des acteurs financiers, à l’heure où la concrétisation de ces objectifs nécessite entre 5 000 à 7 000 milliards de dollars de financement par an. C’est pour cette raison qu’en 2017, l’Initiative Finance du Programme des Na tions Unies pour l’environnement ainsi qu’une vingtaine d’institutions financières internationales représentant 6 600 milliards de dollars d’actifs ont lancé les Principes pour la Finance à impact Positif, définissant ainsi un cadre de référence destiné à « promouvoir l’impact positif des institutions financières sur l’économie, la société et l’environnement ».

Les ODD comme nouveau référentiel

Depuis, l’ISR a semblé prendre acte de ce changement de paradigme. Par définition soucieux de son exposition aux enjeux de développement durable, le marché s’est naturellement emparé des ODD, ces derniers constituant un repère commun et lisible à la fois pour les investisseurs, les entreprises, mais également les sociétés de gestion. « Le graal pour l’ISR depuis deux ou trois ans, c’est d’être en capacité de démontrer l’impact des stratégies ISR, et d’identifier des indicateurs en mesure d’illustrer ces résultats. À ce titre, les 17 ODD et les 169 cibles qui en découlent apportent un cadre intéressant d’analyse et de reporting », développe ainsi Dominique Blanc, directeur de la recherche chez Novethic.

Mais à l’heure où de plus en plus d’investisseurs recherchent l’impact, toutes les stratégies de l’ISR ne répondent pas de manière égale à la réalisation des ODD. « Il est possible d’être dans une perspective de minimisation de l’impact via une approche d’exclusion par exemple, et en ce sens, de contribuer, par effet de miroir, à la réalisation de certains ODD, explique-t-il. Toutefois, c’est plutôt en sélectionnant des fonds qui apportent des solutions ciblées qu’on va être dans des approches ODD compatibles. »

Vers des fonds « ODD compatibles »

Cette demande a largement encouragé, ces dernières années, le développement de stratégies ISR tournées vers le financement d’entreprises porteuses de solutions au développement durable et répondant in fine aux enjeux des ODD. Parmi elles, les fonds thématiques, en croissance continue, permettent par exemple de se positionner sur un ou plusieurs enjeux spécifiques tels que la problématique de l’accès à l’eau (ODD n°6), la question des conditions de travail (ODD n°8), ou le développement des énergies renouvelables (ODD n°7). Depuis peu, des fonds dits « ODD » ont également vu le jour.

En parallèle, l’approche de l’impact investing, c’est-à-dire « les investissements faits dans les entreprises, les organisations et les fonds avec l’intention de générer des impacts environnementaux et sociaux en même temps qu’un rendement financier » figurent parmi les solutions prisées par certains investisseurs s’intéressant aux ODD. Ce marché connaît une dynamique forte, avec une progression de 146 % entre 2014 et 2016 pour des encours s’élevant à 250 milliards d’euros.

Il reste encore cependant difficile de mesurer la contribution réelle de ces stratégies ISR à la résolution des ODD, tempère Dominique Blanc : « Il y a encore beaucoup de travail pour que l’analyse et le reporting qui en découle soient complètement approfondis, fiables et éventuellement comparables d’un fonds à un autre. » « Si les fonds se mettent en capacité de démontrer la contribution aux ODD, l’expérience ISR est toutefois intéressante parce qu’elle permet de recouper une analyse ESG des pratiques sociales et environnementales des entreprises et en même temps une analyse thématique sur la contribution de leurs produits ou services aux ODD », conclut-il.

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