Xavier et Iris, les fondateurs de Kilogramme.
©Camille Dufétel/ ID, L'info durable
Entreprises

Kilogramme : une nouvelle épicerie zéro déchet, bio et locale dans le 19e

Où trouver des épiceries vrac en France ? Leur quête n'est pas aussi aisée qu'elle n'y paraît. Dans la capitale, il y en a moins de 10 ! Parmi celles-ci, Kilogramme, dans le 19ème arrondissement, qui a ouvert ses portes il y a quelques semaines pour le plus grand bonheur des habitants du quartier. 

Ne pas ramener mille emballages en tous genres chez soi, trouver le kit zéro déchet parfait pour sa salle de bains et sa cuisine et s'approvisionner en produits bio et locaux... Voici ce que propose aux Parisiens en un seul et même lieu la petite épicerie de quartier "Kilogramme", ouverte depuis le 18 septembre au 10, rue de Meaux dans le 19e arrondissement de Paris. Pour mieux comprendre la genèse de ce projet ainsi que son fonctionnement, ID s'est entretenu avec son co-fondateur, Xavier Ranoux.

Comment est née l'idée de lancer cette épicerie vrac de quartier ?

L'idée est née d'Iris Herbomel (ndlr : cofondatrice de Kilogramme), qui a commencé à travailler sur ce projet avec une collègue fin 2017. Cette dernière a dû quitter le projet et je suis tombé sur une offre de recherche d'associé début 2018 pour prendre le relai. Je travaillais dans une épicerie direct producteur et c'est pour moi une passion : je suis né à la campagne, je suis Auvergnat, j'ai toujours été sensibilisé au respect de l'environnement et au goût. Étant jeune, quand ma grand-mère me proposait un chocolat chaud, elle allait traire directement la vache. Elle faisait son propre beurre. J'ai difficilement retrouvé ces saveurs-là par la suite. Information après information, on apprend qu'on nous fait consommer n'importe quoi et on ne s'en étonne même plus. Ça a un peu remis en question ce que je mangeais, j'en ai fait une espèce de passion profonde pour tout ce qui est lié à l'alimentation de manière transversale : la cuisine, la permaculture, la naturopathie... J'ai par ailleurs étudié l'économie sociale et solidaire, tout comme Iris, qui est aussi très engagée et notamment sur tout ce qui concerne les perturbateurs endocriniens. Nous nous sommes rencontrés, et c'était parti. 

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Quelle était l'ambition exacte de ce projet, et comment l'avez-vous monté au fil des mois ?

Nous voulions créer une épicerie proposant des produits bio, en majorité locaux, qui soient sans emballage plastique, en utilisant des silos en verre. Nous souhaitions aussi proposer de la petite restauration anti-gaspi pour utiliser entre autres nos invendus, et pour permettre aux gens de manger des produits frais et de saison. Après le business plan et l'étude de marché, nous nous sommes lancés dans la recherche d'un local et de financements. Nous souhaitions nous implanter dans un quartier populaire pour ne pas toucher uniquement un public aisé et pour montrer qu'un mode de vie sain est possible pour tous. Nous sommes passés notamment par le GIE (ndlr : groupement d'intérêt économique), donc les bailleurs sociaux, puisque nous étions en même temps sur un appel à projets de la mairie de Paris qui s'est terminé en mars dernier, visant à financer des épiceries vrac. Il y en a très peu à Paris, trois sont nées cette année, ce qui nous amène à six épiceries vrac, et deux nouvelles ouvriront en 2019. Une fois le local choisi, on s'est fait accompagner par Initiative Entreprise, qui nous a permis de structurer les dernières étapes avant le lancement. Début juin, nous avons lancé une campagne de crowdfunding qui a très bien marché : beaucoup de Parisiens soutenant le zéro déchet voulaient voir dans leur quartier ou près de leur quartier une épicerie vrac. Nous sommes arrivés à 126 % de l'objectif, soit plus de 10 000 €. 

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Vous avez donc ouvert vos portes le 18 septembre...

Oui, après un été de travaux durant lequel nous avons rencontré différents producteurs, en Bourgogne, dans la Drôme, et en Auvergne pour les fromages notamment. L'idée, quand on arrive à Kilogramme, c'est de pouvoir faire ses courses de manière quotidienne, avec des produits de première nécessité et un peu plus. Nous proposons des produits frais, des fruits et des légumes issus majoritairement de l'Île-de-France, des produits secs dont des céréales, du café torréfié à Saint-Denis et moulu à l'épicerie... On pense aussi à l'apéritif avec les gâteaux apéro, les bières et les bouteilles de vin, le fromage... Et on a aussi une partie produits d'hygiène, produits d'entretien et des équipements pour la cuisine et la salle de bains visant l'objectif zéro déchet. Nous proposons environ 450 références, et ça grimpe. Nous préférons prendre le temps de choisir les bons produits. Sont également organisés régulièrement dans notre épicerie des ateliers santé, autour de la naturopathie, ou des introductions au zéro déchet par exemple. Il nous reste maintenant à développer la petite restauration, avec des produits du magasin et finalement peu d'invendus, car nous n'en avons quasiment pas.

C'est un peu le retour des épiceries de proximité et c'est tant mieux.

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En termes de budget, votre épicerie est-elle accessible ?

On veut vraiment s'aligner sur des prix accessibles, c'est assez rare que l'on dépasse des prix Naturalia (ndlr : enseigne spécialiste du bio). Nous avons fait en sorte pour les produits de première nécessité de faire un effort sur la marge, celle-ci est acceptable pour nous mais réduite. Notre deuxième gamme de prix, qui nous permet d'équilibrer cette marge, concerne l'épicerie fine, qui relève plus du plaisir. L'idée est aussi que notre projet tienne la route !

Au niveau des contenants, comment s'organise-t-on quand on rentre chez Kilogramme ?

Il y a de tout, et nous ne voulons pas être moralisateurs : certaines personnes sont plus ou moins engagées dans une démarche zéro déchet. Si l'on n'a vraiment rien avec soi pour emmener ses aliments, il y a des sachets en kraft gratuits. Certaines personnes mettent à disposition des autres dans notre magasin des bocaux en trop qui traînaient chez eux. Nous vendons aussi tout un tas de contenants spécifiques : des bouteilles opaques pour les huiles, des flacons pour la lessive et des sacs à vrac en tissu, qui se réutilisent.

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Comment vos premiers clients accueillent-ils cette nouvelle épicerie ?

Ils n'attendaient que cela : c'est comme si chacun avait son caddie rempli de bocaux à la maison et attendait juste qu'on lui donne les moyens de mettre en pratique ce à quoi il croit. Le marché des épiceries indépendantes se développe de plus en plus, c'est un peu le retour des épiceries de proximité et c'est tant mieux. Les magasins vrac vont aussi se développer, et plus ce sera le cas, plus cela paraîtra normal aux gens. 

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Kilogramme

10 rue de Meaux

75019 Paris

facebook.com/epiceriekilogramme/

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