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Entreprises

La Happytech investit les entreprises françaises

La question du bien-être au travail est un enjeu qui cristallise l’attention de plus en plus d’acteurs en France. Parmi eux, la Happytech réunit une quinzaine de start-ups qui proposent des solutions technologiques aux salariés pour améliorer leur qualité de vie au travail.

Et si les nouvelles technologies pouvaient aider à améliorer la qualité de vie au travail ? C’est le pari que se sont lancé les start-ups rassemblées au sein de l’association Happytech, qui propose un catalogue de solutions articulées autour de l’idée de bien-être à destination des salariés. Avec, pour ambition, de valoriser l’individu au sein de la structure.

En pratique, les entreprises membres du collectif peuvent par exemple mettre en place des applications qui permettent de réunir les salariés autour de repas ( Comeet ) ou d’activités sportives ( Boostyourfit ). Mais aussi accompagner à la création d’un poste de Chief Happiness officer ( CHO ), ou encore utiliser la data pour mesurer la satisfaction quotidienne des employés. L’idée de ces deux dernières initiatives ? Savoir comment se sentent les salariés au quotidien et se servir des données récoltées pour établir un baromètre à proposer aux entreprises et pourquoi pas... faire bouger les choses.

« Globalement, il s’agit d’entreprises qui sont positionnées sur les activités et la création de lien social. On se rend compte que c’est quelque chose qui est très important notamment dans les organisations où il y a beaucoup de turn-over et un gros effectif. Donc il faut pouvoir parvenir à créer du lien au-delà des départements et de la hiérarchie » explique Thomas Coustenoble, président de Happytech.

Un enjeu sanitaire et économique

La raison d‘être d’Happytech trouve sa source dans un constat mitigé sur l’environnement de travail des Français. Aujourd’hui, ils seraient environ 3 millions en situation de travail excessif et compulsif, si l’on en croit une étude du cabinet Technologia et près d’un salarié sur deux se déclare en situation de stress ou de fatigue, selon le dernier baromètre de la fabrique Spinoza.

Conséquences potentielles de ce phénomène : une productivité en baisse, un absentéisme accru et un désengagement progressif qui ont un impact économique direct pour les entreprises, comme le confirme Thomas Coustenoble :

« Aujourd’hui, on connaît à peu près le coût de ce mal-être, qui s’élève à 12 000 euros par an et par salarié. On sait également que la France est dans le dernier classement de l’OMS le troisième pays en termes de dépression lié aux environnements professionnels. Donc il y a tout un tas de chiffres et de faits qui font qu’aujourd’hui on considère vraiment le bien-être au travaille comme un enjeu sanitaire ».

La prise en compte du bien-être au travail répond donc a un double enjeu, sanitaire pour les salariés et économique, pour les entreprises. Les deux sont d’ailleurs intimement liés selon une étude de Terra Nova en partenariat avec La Fabrique de l’industrie et l’Anact. Les entreprises dont les salariés sont les plus épanouis seraient aussi celles qui performent le plus. De quoi alimenter les réflexions.

Inciter les entreprises à adapter leurs politiques

La culture du bien-être en entreprise a néanmoins encore du chemin à parcourir en France pour trouver une véritable place, même si la convergence d’acteurs autour de cette question ces dernières années indique un intérêt grandissant. Et la technologie seule ne suffira pas, comme le précise Thomas Coustenoble :

« C’est un des enjeux sur lesquels on veut vraiment travailler avec les entreprises. En parallèle, il faut une véritable politique d’investissement, une palette de services qui soit proposée aux salariés, qu’on forme les managers également, qu’on change la façon d’encadrer les personnes. Que ça s’inscrive vraiment dans la gouvernance des entreprises ».

Une analyse partagée par Bertille Knuckey, gérante du fonds Sycomore Happy@Work, qui investit dans des entreprises qui valorisent le capital humain : « Ces solutions contribuent, dans une certaine mesure, à l’amélioration du cadre de travail, mais cela ne suffit pas. Pour être « bien » au travail, il faut se sentir utile, avoir un certain degré d’autonomie, développer ses compétences, travailler dans une atmosphère agréable et être traité de manière équitable. »