© cottonbro studio/Pexels
Info Partenaire

"Être une femme dans le milieu forestier n’a jamais été un frein"

La filière forêt-bois française, historiquement masculine, voit une augmentation significative de femmes, désormais présentes tant sur le terrain qu'à des postes de responsabilité. Pourtant, malgré des avancées notables, la parité totale reste encore un objectif à atteindre. Décryptage.

420 000. C’est le nombre d’emplois que représente la filière forêt-bois en France. Mais derrière cette image d’un secteur traditionnellement masculin se cache une réalité bien plus nuancée. Au fil des années, les femmes y sont de plus en plus nombreuses et occupent des postes à responsabilités. Pépiniériste, scieuse, ingénieure forestière… les opportunités sont multiples. 

20 % de femmes au sein de la filière 

À l’occasion d’une conférence organisée par le CNDB et l’UCFF à Paris le 26 juin, Mélissa Prat-Douane, conseillère forestière au sein de la Coopérative Forestière CFBL, s’est confiée sur son expérience personnelle, mais aussi plus largement sur la place des femmes au sein de la filière. "Concrètement, mon travail consiste à conseiller les propriétaires forestiers privés dans la gestion durable de leurs forêts, afin de les aider à les valoriser. Chaque propriétaire a des objectifs différents et voit sa forêt à sa manière, donc j'adapte mes conseils à chacun."

Selon les données de la filière, les femmes représentent environ 20% des effectifs totaux, un chiffre qui, en apparence, stagne depuis cinq ans. "Mon premier réflexe a été de me dire ‘ça n’a pas évolué’. Mais en y regardant de plus près, je me suis rendu compte qu’il y avait finalement bel et bien eu des évolutions. Si la proportion hommes-femmes est restée la même, c’est la répartition des fonctions qui a changé au sein de l’entreprise."

Plus de femmes aux postes clés 

Comme le confie Mélissa Prat-Douane, la présence de femmes au sein des postes clés de la CFBL a connu une croissance importante au cours des dix dernières années. Une tendance qui se reflète chez les ouvriers de la coopérative, où les équipes, autrefois exclusivement masculines, comptent désormais deux femmes.  

"Et à l’inverse, des hommes ont aussi intégré des postes administratifs tels que la comptabilité et le secrétariat, alors qu'il y a quelques années, on n’en retrouvait aucun. Cela montre que, malgré une stabilité des chiffres globaux, la répartition des rôles a évolué."

Encore du chemin à parcourir

Toutefois, la conseillère forestière reconnaît qu'il reste encore du chemin à parcourir pour parvenir à une égalité parfaite. Pour comprendre les raisons de cette lente progression, elle a analysé en détail le parcours nécessaire pour travailler dans la filière bois. Selon elle, ces difficultés commencent dès la formation. 

On pourrait penser qu'en tant que technicienne, je devrais affronter des bûcherons costauds et dominants, mais en fait, j’ai toujours été accueillie à bras ouverts.

"J'ai récemment participé aux examens des BTS gestion forestière et j'en ai profité pour interroger les professeurs de différentes écoles du grand Ouest. Je leur ai demandé si le profil des élèves avait changé. Ils m'ont dit que non, la proportion reste la même depuis des années. Par contre, ils ont remarqué que plus le niveau d'études augmente, plus il y a de femmes."

Ainsi, dans les filières techniques des CAP et BEP, le nombre de femmes est très faible, parfois même inexistant. En revanche, dans les écoles d'ingénieurs, la proportion de femmes dépasse souvent les 30%. 

Des emplois majoritairement ruraux 

Selon Mélissa Prat-Douane, une autre raison de cette lente progression est que la filière forêt-bois nécessite principalement un travail en milieu rural, où il est difficile d'embaucher des femmes. "Par exemple, notre siège social est situé en Corrèze, dans le Limousin. Et pour des raisons familiales, il est parfois difficile de s'installer en milieu rural en raison du manque d'infrastructures locales, ce qui peut avoir des répercussions significatives sur la vie de famille." Selon cette dernière, l'un des freins à l'égalité homme-femme réside donc davantage dans les enjeux sociétaux et ruraux que dans la différence de genre. 

Un même pied d’égalité 

Bien que le chemin vers l'égalité homme-femme dans la filière soit encore long, la conseillère forestière souligne qu'elle n'a jamais rencontré d'obstacle ni de difficulté du fait d'être une femme en forêt. "On pourrait penser qu'en tant que technicienne, je devrais affronter des bûcherons costauds et dominants, mais en fait, j’ai toujours été accueillie à bras ouverts."

En partenariat avec le CNDB.