Selon ce rapport, les effectifs cumulés en France de ces multinationales ont baissé de 20 % entre 2010 et 2017, alors que leurs bénéfices cumulés ont augmenté de 9,3 % sur la même période. "C'est donc le tissu industriel français tout entier qui est la première victime de la logique de financiarisation du CAC 40", qui regroupe les quarante plus importantes sociétés françaises cotées en Bourse, a dénoncé Attac. Si les salaires moyens dans ces groupes en France ont augmenté de 22% entre 2010 et 2017, les rémunérations de leurs dirigeants ont progressé davantage (+32 %) et leurs dividendes versés à leurs actionnaires encore plus (+44 %), toujours selon ce rapport.
Attac accuse aussi les entreprises du CAC 40 de recourir à de nombreuses "techniques d'évitement fiscal", notamment par le biais de près de 2.500 filiales implantées dans des territoires considérés comme des paradis fiscaux. Bien que leurs bénéfices mondiaux aient donc augmenté sur la période, ces groupes ont déclaré avoir payé en 2017 30 milliards d'euros d'impôts dans le monde, soit 6,4 % de moins qu'en 2010, selon l'organisation. Enfin, en matière d'environnement, plus de la moitié des groupes du CAC 40 (22 entreprises) ont déclaré des émissions de gaz à effet de serre en hausse en 2017, relève encore Attac.
"Très rares sont celles qui ont des objectifs conformes aux engagements qui ont été pris lors de la COP21", le sommet sur le climat qui s'était tenu à Paris en décembre 2015, déplore l'organisation, accusant aussi ces groupes de "jouer avec les chiffres ou avec les effets d'annonce" en matière de responsabilité environnementale.
"Nouveau pacte pour la Nation"
"Je pense que ces chiffres montrent que le capitalisme financier tel qu'il existe arrive au bout, et qu'il faut qu'on arrive à inventer une autre forme de capitalisme ou d'économie de marché, avec les entreprises françaises et internationales, et probablement au moins au plan communautaire" de l'Union européenne, a réagi dimanche soir sur LCI la secrétaire d'Etat à la Transition écologique Emmanuelle Wargon.
Au niveau de la France, "les entreprises devront participer à un nouveau pacte pour la Nation, cela me paraît assez évident", a ajouté évasivement la secrétaire d'Etat, par ailleurs ancienne membre des instances dirigeantes du groupe agroalimentaire Danone.
Diverses grandes entreprises françaises, dont des poids lourds du CAC 40, ont répondu ces dernières semaines à l'appel de M. Macron de verser volontairement une prime exceptionnelle à leurs salariés en France au titre de l'année écoulée, sur fond de la fronde des "gilets jaunes" axée en grande partie sur l'enjeu du pouvoir d'achat.
"La question du pouvoir d'achat n'est d'ailleurs pas seulement une question fiscale et de redistribution, c'est aussi une question de salaires, donc je pense qu'à un moment la discussion reviendra avec les entreprises", a ajouté Mme Wargon.
Avec AFP.