Il existe de nombreux projets français pour compenser son empreinte carbone.
©analogicus/Pixabay
Entreprises

Compensation carbone : Comment ça marche ?

Planter des arbres ou investir dans l’économie circulaire, les projets de compensation carbone sont nombreux. Nicolas Ferriere, opérateur de compensation carbone et co-fondateur de Carbonapp explique comment s’y retrouver.

Compenser ses émissions de gaz à effet de serre en plantant des arbres, c’est possible. Mais comment fonctionne la compensation carbone en France ? Dans quels types de projets les entreprises et les collectivités peuvent-elles investir ? Entretien avec Nicolas Ferriere, opérateur de compensation carbone et co-fondateur de Carbonapp.  

Qu’est-ce que la compensation carbone ?

Il s’agit d’un dispositif qui permet d’aider des porteurs de projets forestiers, agricoles ou dans d’autres secteurs plus industriels, à lutter contre le changement climatique. L’objectif est de permettre aux entreprises et aux collectivités territoriales de compenser leurs émissions de gaz à effet de serre dans des projets locaux. La France s’est engagée pour la neutralité carbone à l’horizon 2050. Tout le monde ne peut pas contribuer à cet objectif de la même façon. Il y a des zones urbaines dans lesquelles beaucoup d’entreprises sont fortement émettrices de gaz à effet de serre alors que d’autres zones en France, plutôt forestières, ont un rôle de puits de carbone. La compensation carbone fait le lien entre les deux en permettant aux premières d’aider les secondes. 

À quoi sert l’application Carbonapp ?

Notre solution est une plateforme web qui permet de référencer les projets de compensation carbone les plus locaux pour que les entreprises choisissent ce qui leur convient le mieux. Nous avons aussi un réseau de partenaires dans les secteurs agricoles, forestiers et de l'économie circulaire. Nous nous appuyons sur eux pour faire émerger des projets. Notre plateforme sera disponible en juillet.

Comment fonctionne la compensation carbone concrètement ?

La compensation se fait via deux leviers. D’abord, il y a le stockage du carbone. Il s’agit de projets vivants, forestiers, agricoles. Les entreprises vont promouvoir la plantation d’arbres ou de vergers qui vont stocker du carbone en poussant. D’autre part, il y a des projets non vivants qui concernent l’économie circulaire. C’est par exemple, la mise en place de covoiturages qui permettra de supprimer des productions de gaz à effet de serre. Les entreprises peuvent choisir dans quels types de projet elles investissent, si elles préfèrent les vergers de pommiers ou les forêts de pins des landes. Chaque projet a son identité.

Faut-il préalablement établir un bilan carbone ?

Nous fonctionnons avec la stratégie ERC (Eviter, Réduire, Compenser). Le bilan carbone nous permet de clairement dimensionner l’empreinte carbone de l’entreprise et de mettre en place un plan d’action pour changer ses pratiques et réduire l’empreinte à la source. Chaque entreprise rentre dans une logique de décarbonation.

La compensation carbone est un levier de contribution volontaire. Les entreprises peuvent compenser tout ou une partie de leur empreinte."

Existe-t-il un marché international de la compensation carbone ? Est-il lucratif ?

Il est possible de compenser à l’international. Néanmoins, en France nous nous basons sur le dispositif du label “bas carbone” qui est encadré par le ministère de la Transition Écologique créé il y a environ trois ans. Il permet aux porteurs de projets français de bénéficier de la compensation carbone. Cela permet de financer des projets sur le territoire. Ce label apporte une rigueur scientifique et un cadre de suivi avec des organismes certificateurs afin d’éviter les dérives. 

On entend souvent que la compensation carbone est une sorte de greenwashing. Est-ce une idée reçue ?

Certaines entreprises font du marketing de manière abusive en expliquant qu’elles compensent à l’autre bout du monde. Mais, elles se déresponsabilisent de leur propre empreinte carbone. La compensation carbone doit passer par une réduction à la source. Si une entreprise compense en Chine ou en Afrique, il y a peu de chance qu’elle voit un jour les résultats de son investissement, alors qu’en France, il y a des liens qui se créent. Nous avons constaté lors du premier congrès de la RSE à Deauville que l’aspect local de ces projets est primordial pour donner de la cohérence à la stratégie.

Un particulier peut-il se baser sur le label bas carbone ?

Certains opérateurs sont ouverts aux particuliers et leur permettent d’acheter facilement des petits volumes de tonnes d'équivalent carbone pour compenser les émissions de son année. Mais, il s’agit plus d’une logique d’entreprise. Le particulier peut agir sur ses achats en se tournant vers des produits avec une faible empreinte carbone. 

Est-ce que la compensation carbone est accessible à tous d’un point de vue technique et financier ?

Il s’agit d’une pratique accessible. Les entreprises et les collectivités sont de plus en plus contraintes à faire ce bilan carbone. Toutes les entreprises ayant bénéficié du plan de relance seront obligées de le faire. Il y a une multitude d’acteurs qui proposent des plateformes en ligne qui peuvent aider les petites entreprises à faire leur bilan en autonomie. Pour la compensation carbone, nous avons de petits porteurs de projet afin de rendre le processus le plus accessible possible. 

Combien coûte la compensation carbone ?

En France, le prix varie entre 20 et 80 euros la tonne d’équivalent carbone. Cela dépend de la typologie du projet soutenu. Un verger de châtaigniers en agriculture biologique ne coûtera pas le même prix qu’un verger conventionnel.

Une interview réalisée en partenariat avec France Inter. Écoutez la chronique Social Lab ici.

Vous avez apprécié cette information ? Abonnez-vous à notre newsletter en cliquant ici ! 

Pour aller plus loin et agir à votre échelle, découvrez notre nouveau guide Idées Pratiques #10 : Vacances écolo, mode d'emploi

 Au sommaire : état des lieux de l'impact du tourisme sur l'environnement, conseils et bons plans pour allier plaisir et écologie ... 68 pages de solutions pour préparer vos vacances en mode écolo.

Cliquez ici pour découvrir et commander votre guide Idées Pratiques.

#TousActeurs