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Benjamin et Valentin, viticulteurs: une persévérance récompensée par le label bio

"C'est une récompense" couronnant trois ans d'efforts et de persévérance malgré les difficultés : passionnés par le vin et attachés à leur terroir, Benjamin Coulet et Valentin Goeminne, viticulteurs associés à Saint-Jean-de-Buèges (Hérault), viennent d'obtenir le label bio.

Cousins germains, les deux trentenaires, titulaires d'une licence de l'école d'agronomie de Montpellier, ne sont pas peu fiers d'avoir repris les 17 hectares de vignes de leur grand-père sur les coteaux de la Séranne, aux alentours du village médiéval fortifié de Saint-Jean-de-Buèges, à 40 km au nord de Montpellier.

"C'est un vignoble de montagne et de patrimoine, exposé au Sud, avec des parcelles assez morcelées, dans la garrigue", explique Benjamin. "On a toujours voulu travailler en bio, on ne se voyait pas avec un masque à gaz et une combinaison", poursuit-il. Mais même en suivant à la lettre le cahier des charges, le précieux sésame ne s'obtient qu'au bout de la quatrième année de récolte. "On travaille à deux, on n'a pas les moyens d'embaucher de salarié et labourer, nettoyer l'herbe autour des ceps demandent énormément d'heures de travail mais ça fait partie du jeu", renchérit Valentin, marié et père de deux filles.

Après s'être lancé le premier, en 2011, avec une petite cave et cinq hectares, Benjamin, 37 ans, s'associe avec Valentin, 30 ans, en 2015. Ils rachètent la cave coopérative de Saint-Jean-de-Buèges, inoccupée depuis des années. Ils rénovent le vaste bâtiment en pierre au coeur de la localité pour en faire la cave de leur domaine et contribuent ainsi au renouveau d'un village longtemps touché par l'exode rural et qui vit désormais très largement du tourisme.

Les deux cousins sont aussi dissemblables physiquement qu'ils sont en accord sur une pratique réfléchie de leur métier et sur le désir de vivre et travailler dans leur village. Pendant les trois années de conversion, "on a eu un cahier des charges très strict avec des contrôles assez pointus à la cave ou sur le vignoble", raconte Benjamin. "Le but est d'avoir le moins d'intrants possible en cave et bien sûr pas d'herbicides ou de pesticides de synthèse dans les vignes", souligne-t-il. Les doses de cuivre utilisées pour prévenir sans chimie certaines maladies de la vigne sont également très réglementées.

Pas d'aides européennes

Obéir à ces règles respecter les normes aboutit rapidement à un résultat encourageant: "revoir les insectes, les coccinelles, une couleur naturelle de la terre". "Nous sommes soucieux de préserver notre santé, mais aussi notre vallée, nos rivières et de proposer un produit sain aux consommateurs", expliquent les deux cousins.

Leur plus mauvaise surprise a été le non versement depuis trois ans d'aides européennes, assurent-ils. "Ca a été très difficile pour une petite entreprise comme la nôtre", explique Valentin. "On avait investi en fonction de ces aides notamment dans des outils pour travailler le sol -des interceps - qui coûtent entre 15.000 et 20.000 euros". Les deux jeunes viticulteurs ont dû avoir recours à des prêts à court terme à la banque pour faire face aux problèmes de trésorerie.

"Le bio est dans l'air du temps, il y a beaucoup de discours sur ses bienfaits mais les aides aux viticulteurs qui jouent le jeu ne sont pas versées ou disparaissent, c'est quand même un peu contradictoire", commente Benjamin. Les premières mises en bouteille de vin certifié bio du domaine se feront en mars. "Commercialement c'est un vrai plus", expliquent les deux jeunes viticulteurs. Ils produisent environ 40.000 bouteilles par an, majoritairement en AOC Terrasses du Larzac et vendent en direct, en ligne ou via des cavistes dans le nord de la France, en Allemagne ou en Belgique.

Benjamin et Valentin espèrent bientôt élargir leur clientèle en figurant pour la première fois fin janvier à Montpellier parmi les 1.200 exposants de Millesime Bio, le plus grand salon mondial de vin bio, où quelque 6.000 acheteurs sont attendus.

Avec AFP.