La conclusion de ce rapport indique que d’après l’ONU, "les politiques mises en place au niveau mondial permettraient de contenir la hausse des températures à +2.8°C d’ici 2100, bien au-delà donc de l’objectif fixé par l’Accord de Paris".
Aussi, sans changement de cap, les menaces pesant sur les entreprises vont gagner en fréquence et en intensité, est-il estimé, et la pression sur les épaules des dirigeants pour décider de mesures d’adaptation ne fera qu’augmenter.
Voilà pourquoi il est urgent pour les entreprises de définir un plan d’adaptation, à l’image de ce qui existe à l’échelle des États, d'après le document.
"D’abord parce que l’impact économique des risques physiques peut fortement détériorer la performance financière de l’entreprise – tant sur sa marge que sur son bilan. Ensuite, parce que le rôle du dirigeant est de construire la durabilité de l’entreprise, et que celle-ci repose à la fois sur la protection des actifs existants, l’optimisation de la chaîne d’approvisionnement et de l’adaptation continue de la proposition valeur – au-delà de renforcer la résilience des entreprises, l’adaptation est une source d’innovation et d’avantages compétitifs."
Pour les auteurs de ce rapport, quand l'adaptation est planifiée, elle est par ailleurs "une source d’atténuation, répondant aux engagements des entreprises en termes de décarbonation. Les plus promptes à s’emparer du sujet seront ainsi les plus à même de transformer ce risque en opportunité".
Risques physiques
Qu'en est-il d'ailleurs des réels risques physiques qui pèsent sur les entreprises ? Le document rappelle les ouragans qui se sont enchaînés depuis juin 2024, et note qu'à mesure que les émissions de gaz à effet de serre continuent de croître, les événements extrêmes se multiplient entre tempêtes, inondations et sécheresses. Sans oublier la montée du niveau des océans ou la hausse des températures, qui accélèrent.
Ces événements peuvent peser directement sur les actifs et les infrastructures, est-il pointé. Le rapport cite à titre d'exemple le déficit de production de plusieurs milliers de véhicules pour Volkswagen en 2023 provoqué par les inondations de certains sites et l'arrêt temporaire de deux usines General Motors après l’ouragan Hélène.
Sans oublier les conséquences indirectes, comme la perturbation des chaînes d’approvisionnement. "Disponibilité de la main d’œuvre, primes d’assurance, coûts de financement sont aussi impactés par ces évènements", est-il souligné.
Prise de conscience et mise en mouvement
Le rapport met ainsi en avant :
- La nécessaire prise de conscience de l'enjeu des risques. À ce niveau, quelques chiffres sont mis en avant : en 2022, "seulement 5 % des flux de financement climatiques étaient destinés à l’adaptation". Le secteur public y joue un rôle clé avec 98 % des financements, tandis que l’implication du secteur privé reste limitée, précise-t-on.
"Plusieurs facteurs expliquent cette situation : la faible rentabilité perçue des mesures d’adaptation, l’exposition jusqu’alors limitée de certaines entreprises aux risques physiques (en raison de leur secteur ou de leur positionnement sur la chaîne de valeur), leur capacité financière à absorber à court terme les coûts des catastrophes et l’incertitude des scénarios climatiques". Malgré tout, de plus en plus d’entreprises prendraient conscience de l’enjeu stratégique de l’adaptation, le rapport précisant qu'elles étaient quatre fois plus nombreuses en 2023 à mesurer les impacts des risques climatiques qu’en 2020. La façon d’appréhender l’adaptation diffère encore selon les entreprises, remarque-t-on également.
- Le besoin de mettre en mouvement l'organisation. "Les dirigeants sont appelés à définir une feuille de route et à mettre en mouvement l’ensemble de l’organisation", notent les auteurs du rapport tout en détaillant les points importants de celle-ci.
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- Le besoin de mettre en mouvement l'écosystème. Selon les deux cabinets, il faut "intégrer l’adaptation climatique à des stratégies de résilience plus larges, notamment à la recherche d’un nouvel équilibre des chaînes d’approvisionnement". Mais aussi "coopérer localement pour accélérer le déploiement des mesures d’adaptation" et "embarquer le secteur financier privé pour lancer et financer les projets d’adaptation".
Les auteurs du rapport sont Emmanuel Austruy, Francesco Bellino, Amine Benayad, Mehdi Ifourah, Mikaël Le Mouëllic, Hamid Maher, David Parlongue and Allon Zeitoun.