Ils étaient plus de plus de 50 000 à Paris, selon les organisateurs (18 500 selon la préfecture de Paris), 10 000 à Lyon, près de 4000 à Lille comme à Strasbourg, entre 3000 et 5000 à Rennes, 1200 à Nantes. Et des centaines ou des milliers dans d’autres villes de France, à Bordeaux, à Marseille, à Annecy, à Rouen et ailleurs.
"C'est la plus grande journée d'action pour le climat en France, c'est la preuve que les citoyens sont prêts à demander des comptes et des engagements aux élus qui nous entourent, après un été catastrophique au niveau climatique", a commenté à l'AFP Clémence Dubois, responsable des campagnes de 350.org en France, l’une des ONG ayant organisé #RiseforClimate, mouvement mondial pour le climat, qui a assisté les organisateurs des marches françaises.
Même satisfaction pour Anne-Charlotte Lambert, chef de projet marketing de 31 ans, à l’origine de de la marche bordelaise, surprise par "l’ampleur de la mobilisation". "On s’est retrouvé entre 5000 et 10 000, on a halluciné ! La plupart des gens étaient ravis et en veulent plus", commente-t-elle. Tout comme Anne-Charlotte et les autres organisateurs et citoyens qui continuent à se mobiliser. "Ca m’a donné l’envie d’aller plus loin, car je sais qu’il y a un sentiment d’unicité autour de cette cause", ajoute la jeune femme.
Et après, qu’est-ce qu’on fait ?
Anne-Charlotte et d’autres organisateurs de marches pour le climat partout en France ont donc décidé de construire une suite à ce premier rassemblement et de s’organiser au niveau national pour être plus à même de se faire entendre. Après les événements Facebook pour rassembler les participants aux manifestations de samedi, des groupes ont été créés sur le même réseau pour rassembler les citoyens qui ont envie d’agir pour le climat : "Après la marche pour le climat", page créée par Maxime Lelong, l’organisateur de la marche pour le pays, ou encore "Unis pour le climat", qui regroupe plusieurs organisateurs de marches françaises, dont Anne-Charlotte. Ils comptent respectivement près de 4500 et 1400 membres. "On essaie de mutualiser, mais c’est un peu le cafouillage !" admet Anne-Charlotte. La page "Unis pour le climat" s’ouvre sur un sondage : "Pour continuer à mobiliser ensemble, comment on s’y prend ?" 32 options sont proposées. Les plus prisées pour le moment : rédiger une liste de propositions "pour éviter l’effondrement", participer à la "World Clean Up Day" qui aura lieu samedi 15 septembre partout dans le monde... Et à la première place : organiser un rendez-vous mensuel "pour faire un bilan écologique de la situation et maintenir la pression".
À commencer par le mois prochain. Dès le 6 octobre, une nouvelle marche "mensuelle" pour le climat devrait avoir lieu au départ de la place de l’Hôtel de Ville à Paris. La page Facebook fait déjà état de plus de 1000 participants et 9200 intéressés seulement deux jours après la première marche du 8 septembre. Elle devrait s’étendre aux autres villes, dont Bordeaux, confirme Anne-Charlotte. Mais ce n’est qu’une étape parmi d’autres, précise-t-elle.
Emilie Falguieres, comédienne et réalisatrice de 37 ans, a participé à la marche parisienne. Elle a notamment créé un collectif regroupant quelques citoyens souhaitant agir. La suite : "faire des actions citoyennes quotidiennement, boycotter les lobbies en achetant responsable, descendre dans la rue, sensibiliser via Facebook…" "Il y a quelque chose de très fort, il faut le pérenniser", affirme-t-elle.
Les citoyens seront-ils entendus ?
Nicolas Hulot, dont la démission a suscité ce "sursaut citoyen"et qui n’était pas présent au rassemblement, a encouragé les citoyens à continuer à agir.
S’engager pour le #climat et la #biodiversité est la seule modernité. Les citoyens qui se mobilisent partout en France et ds le monde ont le pouvoir d’impulser le changement pr l’avenir de nos enfants.Continuez à faire entendre votre voix! #MarchePourLeClimat #RiseForClimate
— Nicolas Hulot (@N_Hulot) 8 septembre 2018
Le nouveau ministre de la Transition écologique et solidaire, François de Rugy, a également salué via Twitter les citoyens ayant participé à la marche. "Agissons toutes et tous et à tous les niveaux pour le climat", a-t-il indiqué. Ce soutien sera-t-il seulement suivi de mesures concrètes ? En attendant que ce soit le cas, certains citoyens sont déterminés à faire en sorte que le mouvement ne faiblisse pas. "On va s’octroyer le droit de continuer à agir et l’écoute du gouvernement", s'exclame Anne-Charlotte. Emilie est tout aussi déterminée. "Pour moi, cette année, c’est l’ultime combat." Mais elle reste optimiste devant l’ampleur de cette ferveur citoyenne : "C’est nous qui avons le pouvoir !".