Des personnes manifestent à Oslo, en 2014, face au changement climatique.
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Education/Citoyenneté

Marche pour le climat : après l’appel de Nicolas Hulot, les citoyens se mobilisent

Nicolas Hulot n’est pas le seul à regretter l’insuffisante action du gouvernement sur la question climatique. Au micro de France Inter, le désormais ex-ministre de la Transition écologique et solidaire appelait à un "sursaut". Les citoyens l’ont pris au mot, et ont l’intention de faire entendre leur voix, à l’occasion de plusieurs marches citoyennes qui auront lieu ce samedi 8 septembre.

Paris, Lyon, Lille, Bordeaux, Nantes, Marseille, Grenoble, Rennes, Toulouse, Strasbourg, Metz... Des marches pour le climat auront lieu ce samedi 8 septembre dans de nombreuses villes françaises. Maxime Lelong, ancien journaliste de 27 ans, est à l’initiative de la création de l’événement "Marche pour le climat" à Paris, via une page Facebook "Explore le monde" créée à cet effet. Devant le nombre croissant de participants et d’intéressés, il a été rapidement contacté par plusieurs associations, notamment "350 France", qui organisait déjà #RiseForClimate, une journée mondiale d’action pour le climat, et "Notre Affaire à tous", qui soutient la Marche du 8 septembre et œuvre à l’obtention des autorisations nécessaires pour un tel rassemblement. À ce jour, sur Facebook, plus de 15 000 personnes ont annoncé leur participation et plus de 80 000 sont intéressées par la marche parisienne.

Même élan citoyen ailleurs en France, à Bordeaux notamment, où Anne-Charlotte Lambert, chef de projet marketing de 31 ans, a décidé avec une amie de lancer le mouvement dans leur ville. Elles l'ont créé sur Facebook le 30 août dernier, puis contacté plusieurs associations et groupements : Greenpeace, Darwin et le festival Climax.

L’effet d’un "électrochoc"

Anne-Charlotte et Maxime parlent tous les deux d’un "électrochoc" à propos de la démission de Nicolas Hulot. "En constatant que même quelqu'un qui y croit est complètement désabusé, on s’est dit avec mon amie qu’il fallait vraiment que l’on fasse quelque chose", raconte Anne-Charlotte. "Les causes écologiques m’affectent particulièrement, mais je n’avais jamais vraiment pris le temps de m’engager. Je me sens utile en organisant cette marche. J’ai envie de participer à quelque chose de plus grand." Maxime, lui non plus, n’avait pas pour habitude d’organiser de tels rassemblements. "Je n’ai jamais participé à une manifestation 'écolo'. Je me suis simplement renseigné comme tout le monde à propos du réchauffement climatique, du jour du dépassement…" Autre déclic : son projet imminent de devenir parent : "jusque-là, j’étais un peu résigné, mais maintenant je n’ai pas envie que ça s’arrête. J’ai envie que la planète soit vivable pour mon fils."

Yaël Derhy, 28 ans, coordinatrice générale du World Clean Up Day en France – qui aura lieu le 15 septembre prochain – participera à la Marche pour le climat samedi. Selon elle, le départ de Nicolas Hulot a "généré beaucoup de prises de consciences." "On a beau s’occuper d’autres choses, si on ne se préoccupe pas de la planète, cela ne sert à rien".

Sylvain Masserot, consultant en management sur la transition énergétique de 26 ans, a lui aussi ressenti un "électrochoc" le 28 août dernier. "Je ne vais jamais dans la rue d’habitude. Je ne l’ai fait qu’une fois avant et c’était pour Charlie Hebdo." Avec cette même urgence en point de mire, le climat est bien une cause pour laquelle il est prêt à participer à une marche citoyenne samedi.

Et après, qu’est ce qu’on fait ?

L’objectif de ces marches citoyennes est avant tout de faire réagir le gouvernement, afin que l’environnement soit placé au cœur de sa politique. Comme d’autres, Sylvain a "le sentiment que l’environnement passe toujours après". "J’ai bon espoir que la mobilisation sera massive et que cela montrera que c’est une préoccupation majeure des Français qui mérite d’être priorisée." Tout l’enjeu est là. "S’il y a beaucoup de gens, cela montre que c’est la priorité, et s’il n’y a pas grand monde, cela ne va pas alerter le gouvernement", s’inquiète Maxime. Son souhait : que la mobilisation "retentisse comme un signal d’alarme" auprès des décideurs.

Je vois mal Monsieur Macron et son gouvernement changer radicalement de manière de fonctionner. J’ai l’impression qu’ils ne se sentent pas concernés. Peut-être ont-ils une solution de repli que l’on ne connaît pas ?"

Action(s) citoyenne(s)

Anne-Charlotte est plus pessimiste : "Je vois mal Monsieur Macron et son gouvernement changer radicalement de manière de fonctionner. J’ai l’impression qu’ils ne se sentent pas concernés. Peut-être ont-ils une solution de repli que l’on ne connaît pas ?" Mais elle ne se laisse pas abattre. "Je ne peux pas rien faire non plus." D’ailleurs, elle ne compte pas s’arrêter là. Elle aimerait, avec son amie, organiser des actions à la suite de la marche. "On ne sait pas encore comment cela va se manifester, mais on voudrait faire en sorte que la marche ne soit pas un pavé dans la mare." Pour Yaël, l'implication des citoyens est également indispensable. "Il faut mettre des actions en place au niveau du gouvernement, mais aussi au niveau des citoyens dans leur quotidien." A nous de jouer donc.

Si le gouvernement ne répond pas à cette mobilisation, les citoyens seront-ils prêts à aller plus loin ? Maxime s’interroge : "Si des millions de Français ont été capables de faire la révolution pour leur liberté, peut-être seront-ils capables de le faire pour la survie de l’humanité ?"