"Cela reste très insuffisant", a-t-elle insisté, avant que sa camarade, Valentine, en Terminale ES, au lycée Racine à Paris, n'embraye: "Les cours de sensibilisation à ces enjeux sont actuellement inexistants". "Au collège et au lycée, on nous expose quelques faits, on nous parle du développement durable, mais on ne nous dit jamais comment on pourrait changer les choses", déplore-t-elle.
Juste avant, le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, venait d'affirmer que le ministère travaillait sur l'enseignement de ces sujets à l'école depuis 20 ans: "La situation est bonne, mais elle pourrait être meilleure", a-t-il reconnu. "Il faut qu'on regarde si on n'a pas des +trous dans la raquette+".
Blanquer, François de Rugy, ministre de la Transition écologique, Brune Poirson et Emmanuelle Wargon, secrétaires d'Etat auprès de de Rugy, et Gabriel Attal, secrétaire d'Etat chargé de la Jeunesse, se sont déplacés vendredi matin dans le lycée professionnel Dardenne de Vanves (Hauts-de-Seine) pour écouter les premières propositions de jeunes sur le climat, issues des débats organisés dans leurs lycées ces derniers jours.
L'ensemble des remontées seront présentées au ministre de l'Education, le 5 avril, par le Conseil national de la vie lycéenne, qui rassemble des délégués représentatifs au niveau local et régional.
"Vous êtes porteurs de solutions; vos idées, on va les cristalliser le 5 avril prochain", promet Jean-Michel Blanquer.
- "Peu de formations" -
Des solutions pour le climat, ces lycées, venus de plusieurs régions, semblaient ne pas en manquer vendredi. Mais les moyens ne suivent pas toujours. "Cela fait plus de quatre ans qu'on se bat avec la mairie pour avoir des cendriers devant le lycée et ne pas avoir à jeter nos mégots par terre", raconte une élève du lycée Victor-Duruy à Paris. "Nous n'avons toujours pas de réponse".
"On a pensé à plusieurs choses: par exemple, les publicités dans les villes la nuit, sur des panneaux qui consomment de l'énergie, est-ce vraiment nécessaire ?", lance Paul, du lycée Claude-Bernard, à Paris, en s'inquiétant que les objectifs de l'accord de Paris sur le climat ne soient pas tenus.
"Pourquoi pas créer un enseignement transdisciplinaire au lycée et faire venir des experts pour parler des gestes simples qui permettent, au quotidien, de changer les choses ?", propose aussi Etienne, en prépa littéraire, à Bordeaux.
Quant à Brian, du lycée Dardenne, il s'inquiète de ne voir sur Parcoursup, la plateforme d'admission dans l'enseignement supérieur, que peu de formations en lien avec le changement climatique.
"Nous sommes en train de développer ces formations pour les métiers d'avenir liés à l'environnement", assure Jean-Michel Blanquer.
Plusieurs jeunes ont le sentiment de ne pas être entendus au sein même de leur établissement : "Enormément de profs trouvent ridicule le fait qu'on se mobilise", regrette Valentine. "Il faudrait qu'on puisse former les personnels et les administrations à ces enjeux".
Vendredi, des jeunes devraient de nouveau manifester en France pour le climat, une semaine après une "grève mondiale", à l'appel de la Suédoise Greta Thunberg.
"Soyez toujours plus ambitieux dans vos revendications", enjoint Brune Poirson, enthousiaste face à ces lycéens engagés.
"Mais pourquoi le gouvernement et les ministres ne le sont-ils pas, eux-mêmes, plus ambitieux ?", rétorque Rosalie, du lycée Racine.
Avec AFP.