Patrick Scheyder, pianiste, compositeur et écrivain.
© Ciric Guillaume Poli
Culture

Patrick Scheyder : “L’écologie culturelle peut être un antidote à l’anxiété”

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Co-auteur du "Manifeste pour une écologie culturelle", dont une nouvelle édition vient de paraître, le pianiste et écrivain Patrick Scheyder soutient aujourd’hui la création de maisons de l’écologie culturelle. Selon lui, la culture a un rôle majeur à jouer pour rassembler autour de l’écologie. Entretien. 

"Mettre ses connaissances et son expérience au service de la création d’un nouveau récit fédérateur, écologique, sensible et capable de supplanter le récit libéral-consumériste", telle est l’ambition du pianiste, compositeur et écrivain Patrick Scheyder. Créateur des spectacles Des jardins et des hommes, il a également co-fondé en 2022 le mouvement de l'écologie culturelle. Partant du constat que la science et la politique peinent aujourd’hui à mobiliser, ce collectif propose d'investir des champs jusque-là négligés, comme l’histoire et les arts. Interview. 

Dans votre manifeste, vous expliquez que “l’écologie culturelle doit resituer l’écologie dans le socle culturel auquel elle a toujours appartenu pour devenir un ferment d’unité et de solidarité”. Quelles sont ses racines ? 

L’écologie culturelle s’appuie sur des figures fondatrices comme Montaigne, Jean-Jacques Rousseau, La Fontaine, Victor Hugo ou encore George Sand qui, avec les peintres de Barbizon, ont notamment milité pour la préservation de la forêt de Fontainebleau. Ce combat débute en 1840 lorsque le roi Louis-Philippe décide d’abattre des arbres centenaires pour y planter des pins pour des raisons financières. Les artistes, qui voulaient peindre la forêt originelle, entrent alors en résistance. Ils commencent à arracher les pieds de pins. On peut dire que c’est l’un des premiers actes de désobéissance civile. Face à ces actions, le roi Louis-Philippe commence à reculer. Quand Napoléon III arrive au pouvoir, il donne raison aux manifestants. En 1861, par décret impérial, le premier parc naturel au monde est même créé. Onze ans avant celui de Yellowstone aux Etats-Unis.  

Un rebondissement a toutefois lieu en 1870... 

A cette période, la France perd la guerre contre la Prusse. Elle doit alors cinq milliards or à l’Allemagne. Pour rembourser cette dette, l’Etat décide à nouveau d’abattre la forêt de Fontainebleau. Pour contrer cette décision, un comité de protection artistique de la forêt de Fontainebleau est créé. L’écrivaine George Sand se mobilise et écrit en 1872 une tribune de douze pages, publiée dans le journal Le Temps, et dans laquelle elle défend la position des peintres. Il s’agit d’un texte résolument écologique. Elle parle avant l’heure de déforestation, d’épuisement des ressources mais aussi de la surexploitation de l’Amazonie. 

Pourquoi est-il essentiel de se reconnecter à cet héritage culturel ? 

L’écologie culturelle peut être un antidote à l’anxiété. Elle fait entendre l’écologie d’une manière différente, en donnant des clés de compréhension autres que ceux du rapport du Giec. La jeunesse est également en manque de racines.

La culture consumériste s’est imposée et a balayé ce qui la précédait. L’écologie culturelle offre la possibilité de se reconnecter avec un passé oublié ou méconnu.

Dans le manifeste, on parle d’une écologie en 3D qui permet d’associer le présent au passé pour construire un futur désirable. Autrement dit, si l’on redonne de l’épaisseur au passé, cela permet de mieux se situer et d’envisager un futur plus souhaitable. 

Dans votre manifeste, vous proposez l’ouverture de “maisons de l’écologie culturelle”. Quel est l'objectif ? 

Ces maisons s’inscrivent dans la continuité des maisons de la culture imaginées par André Malraux. Créées après la Seconde Guerre mondiale, elles avaient pour ambition d’ouvrir la culture à toutes et à tous. Il faut aujourd’hui faire la même chose avec l’écologie.

A quoi pourraient ressembler ces maisons ?

Nous allons lancer une première maison de l’écologie culturelle à Amiens dans un tiers-lieu le 29 juin prochain. Une autre ouvrira en septembre à Caen au sein du campus des transitions de Sciences Po Rennes. Ces maisons de l’écologie culturelle auront chacune leur spécificité. Aucune ne se ressemblera.

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