Marine Foulon, chargée de communication pour Zero Waste France.
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Conso

La rentrée scolaire sous le signe du "Rien de neuf"

Le Défi "Rien de neuf" a été lancé en 2018. Cette année, l'ONG Zero Waste France a décidé de porter le défi à l'échelle locale pour montrer la voie du "Rien de neuf" aux écoles.

L’association Zero Waste France a publié son nouveau kit d’action "Rien de neuf" pour inciter les écoles, communes et entreprises à trouver des alternatives au neuf. Le guide comporte des actions, des conseils et un focus sur les enjeux environnementaux pour favoriser la prise de conscience collective. Marine Foulon, chargée de communication au sein l’ONG, revient sur l’importance de ce guide et son déploiement au sein des écoles.

Quel est le cheminement du guide "Rien de neuf" ?  

En 2019, nous avons relancé le défi "Rien de neuf" avec l'idée d’inciter les citoyens à réduire leurs achats neufs pour se tourner au maximum vers les alternatives en questionnant leurs besoins d’achats. À la suite de cette expérience qui a duré toute l’année, nous avons étudié les comportements des participants, les alternatives auxquels ils ont eu recours et les difficultés, et ce bilan nous a permis de décerner des enjeux autour de ce défi. Nous nous sommes rendu compte que les individus avaient du mal à trouver où acheter des vêtements d’occasion, comment se rencontrer, échanger et aussi comment se partager des objets. À partir de là, nous avons pris l'initiative de faire cet accompagnement au niveau local via les écoles, les entreprises et les collectivités locales, qui pourront mettre des solutions en plus de ce qui existe déjà en termes de réseaux des ressourceries.

Nous nous sommes rendu compte que les individus avaient du mal à trouver où acheter des vêtements d’occasion, comment se rencontrer, échanger et aussi comment se partager des objets.

Il y avait aussi ce besoin de rencontres : nous avons vu le groupe Facebook qui regorgeait de demandes de conseils, des propositions d’objets, ou encore des moments où ces personnes avaient besoin d’être rassurées et d’être valorisées en partageant leurs petites victoires. Par exemple, Aaujourd’hui je n’ai pas acheté ce que je voulais acheter ou j’ai réussi à trouver tel objet d’occasion", ou "J’ai réparé mon ordinateur", ou à l’inverse "J’ai craqué ou j’ai envie de craquer". Le fait de voir d’autres personnes qui sont engagées dans les mêmes démarches, cela pouvait les aider pour aller encore plus loin. 

En ce qui concerne l'école, où se situerait le guide dans la chaîne de l’engagement et surtout comment transformer l’idée en actes ?

La première étape que nous mentionnons c’est de trouver les personnes pour porter ce projet à l’échelle locale. Cela peut être les personnes qui prennent les décisions, cela peut être dans le cadre des écoles, les professeurs qui participent à la vie de l’école. C’est vraiment là où va se jouer la réussite des actions, car ce sont ces personnes-là qui vont à la fois porter les propositions auprès des responsables qui prennent les décisions, et qui assureront aussi le suivi du projet et de sa mise en place. Si nous prenons l’exemple de la boîte à dons dans le hall d’une école, cela peut ne servir à rien s’il n’y a pas de communication, si l’on va pas dans les classes pour expliquer son objectif, et l’enjeu environnemental qui se trouve derrière. Donc, c’est vraiment cela "l’action zéro" comme nous l’avons dit dans le guide, c’est ce qui fera sa réussite !

Le cœur du réacteur se situe au cœur de l’engagement concret d’une ou plusieurs personnes mobilisées en s’appuyant sur ce guide ?

Oui, sachant que nous avons essayé d’être au plus proche de la réalité des terrains mais nous restons tout de même assez éloignés. Donc ce sont les principaux intéressés qui sauront ce qui manque aux étudiants, ce que les élèves sont prêts à faire, ce que les professeurs sont capables de faire en termes de logistique, d’investissement de budget et d’investissement dans le temps.

En étant chez eux, beaucoup de personnes ont constaté l’ampleur des déchets qu’ils produisent à leur échelle.

L’idée générale cette année, est de faire de ce défi un projet libre pour faire en sorte que les personnes puissent s’en emparer et qu'il prenne une ampleur collective à l'échelle locale. Nous avons essayé de vulgariser au maximum ce qu’était le défi, les enjeux, et la manière dont cela se met en place.

Le contexte actuel n’est pas vraiment favorable au zéro déchet, n’est-ce pas ?

Zéro déchet et "Rien de neuf" sont deux démarches un peu différentes, mais disons qu’il y a des tendances qui se télescopent. D’un côté, nous avons une réaction de la part des industriels qui va à l’inverse du zéro déchet avec un retour énorme du plastique et des messages pro-plastiques mais sans questionner le fait qu’il y ait d’autres solutions qui sont moins porteuses de risques. Et du côté des citoyens, nous avons remarqué des changements dans les réflexions et l’envie d’agir, parce qu’en étant chez eux, beaucoup de personnes ont constaté l’ampleur des déchets qu’ils produisent à leur échelle. Aussi, le fait que la plupart des magasins soient fermés a remis en question leur rapport à la consommation d’objets, des gens qui avaient le réflexe de faire du shopping tous les week-ends, pendant le confinement se sont retrouvées à faire d’autres activités.

Nous ne disons pas que l’école doit avoir moins de fournitures.

Donc j’ai l’impression qu’il y a une émergence de réflexion de la part des citoyens. Mais cela reste encore difficile de mesurer l’impact sachant que c’est une période particulière. En tout cas cela peut initier aux changements des comportements, c’est sûr !

L’école est un foyer de sensibilisation et d’éducation, notamment aux pratiques éco-responsables. Votre parti pris est de dire que l’école est un bon point de départ, à la fois compte tenu du contexte éducatif et de la population concernée ?

L’idée première est de dire que l’école est un lieu d’échange et de rencontres, donc pourquoi ne pas en faire un lieu d’échange d’objets et de discussions ? C’est un milieu où on évolue très vite, par exemple en termes de lectures, donc ça a plus de sens d’échanger des objets, par exemple les livres scolaires et de la littérature classique que l’on peut facilement partager quand ils sont en bon état. L’idée est de profiter de la présence des gens au même endroit, pour leur proposer des espaces d’échange et en même temps l’éducation à l’écologie. Si on met dans les écoles des chiffres-clés sur l’environnement et les impacts, cela permet d’éduquer sur ces questions, car se sont des lieux de passage et de vie donc il fallait en profiter pour y ajouter ces éléments de réflexion.

Est-ce que l’école est vraiment un lieu de surconsommation ? Est-ce qu’il y a un enjeu physique et matériel, ou est-ce que vous avez vu plus large ?

L’école participe à la diffusion du défi "Rien de neuf" et facilite l’accès à des alternatives pour les étudiants et les élèves. Mais nous ne nous adressons pas directement à l’école en tant qu’acheteur, nous ne disons pas que l’école doit avoir moins de fournitures. L’idée est d’aller au-delà de sa mission de base qu’est l’éducation et de prendre en charge l’aspect écologique en facilitant l’accès aux alternatives.

Le but est plutôt accompagner les étudiants et les élèves dans ces démarches de transition qui nous intéresse. Ce que nous avons fait avec Zero Waste France, ces deux dernières années, c’est d’accompagner les personnes dans une dimension plutôt individuelle. Pour cela nous avons créé des défis, des outils et nous avons fourni l’accès au site. Là, nous avons besoin de relais pour créer de la rencontre notamment à l’échelle locale et à l’école pour avoir plus d’échanges collectifs, et que le défi puisse perdurer et qu’il puisse convertir de nouvelles personnes.

Une interview réalisée en partenariat avec France Inter. Pour écouter la chronique Social Lab :  

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Commentaires
Par L'Espace Clam - le 08/08/2023

Notre association intervient depuis plus deux ans dans les établissements scolaires pour proposer un module d'accompagnement au zéro déchet des fournitures d'écriture! Nous sommes disposés à faire part de cette expérimentation qui a rencontré un franc succès auprès des élèves, par l'analyse détaillée du cycle de vie des outils de plastique qu'ils utilisent au quotidien, et aux impacts écologiques néfastes reconnus!

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