La consigne du verre était courante en France jusque dans les années 80. Les emballages en plastique et en carton se sont, à cette époque, imposés. Et aujourd’hui, la pratique de la consigne est marginale. Elle a seulement persisté dans le milieu des cafés, hôtels et restaurants et ici et là pour les particuliers, dans l’Est de la France (Alsace, Champagne, Ardennes, Lorraine). Ces dernières années cependant, une poignée d’acteurs tente de relancer le réemploi du verre. Mais la consigne est-elle réellement plus favorable à l’environnement que l’usage unique ? L’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (Ademe) vient de publier une étude qui fait le point sur dix initiatives et montre un impact global positif.
Timide renouveau
L’association Bout’ à Bout’, créée en 2016, collecte des bouteilles chez les particuliers et professionnels, en Pays de Loire, pour les revendre aux viticulteurs. J’aime Mes Bouteilles en fait de même dans le Jura depuis la même année. Encore un exemple de ce timide renouveau ? Dans les Hauts de France, la collectivité en charge de la collecte et du traitement, le SIAVED, a installé, toujours en 2016, un kiosque pour la consigne de bouteilles sur un parking d’hypermarché. Elles sont revendues à des brasseurs.
Ces systèmes de consigne ont beau viser un impact minimal, ils ne sont pas neutres. Ils consomment de l’eau et de l’énergie pour le lavage, de l’énergie pour le transport, ils émettent des particules, etc… L’Ademe a mesuré chacune des dix initiatives sélectionnées, selon plusieurs critères. Elle révèle que tous ces dispositifs sont meilleurs pour l’environnement — et sont même économiquement avantageux — quand on les compare aux systèmes dans lesquels le contenant en verre ne sert qu’une seule fois.
Des freins à lever
Prenons le cas de Jean Bouteille. Cette entreprise lilloise, née en 2014, est devenue emblématique du retour de la consigne. Elle propose des produits en vrac (huiles, vinaigres, vin, jus, spiritueux, lessives), via des magasins de distribution, en mettant à disposition des bouteilles réemployables. Elles sont dans les faits réutilisées 1,93 fois, avec un taux de retour de 48%. L’impact est positif sur les indicateurs suivants: le changement climatique, l’acidification des eaux, la diminution des ressources minérales et fossiles, la consommation d’énergie primaire non renouvelable. Sur quatre autres critères, l’impact est équivalent au système sans réemploi: l’eutrophisation des eaux douces et marines, les émissions de particules et la diminution des ressources en eau.
Alors que manque-t-il, pour que la consigne se diffuse à grande échelle ? Il existe un grand nombre de freins techniques qu’entreprises et pouvoirs publics peuvent lever. Il faudrait utiliser un nombre minimum de modèles et formats de bouteilles, des étiquettes qui s’enlèvent facilement au lavage, travailler la logistique pour réduire le plus possibles les transports… Et les consommateurs, sont-ils prêts à accomplir ce geste supplémentaire ? L’étude montre que oui, que ce soit par souci écologique ou pour faire des économies.