Ces pailles en amidon de maïs se dégradent en six à neuf mois, contre 450 ans pour les pailles en plastique.
Popstraw
Conso

Fin des pailles en plastique : les pailles en amidon de maïs prennent la relève

3,2 milliards de pailles en plastique sont utilisées chaque année rien qu'en France. Face à ce constat alarmant, des lycéens strasbourgeois ont lancé leur mini-entreprise "PopStraw", qui conçoit des pailles en amidon de maïs.

"Nous avons choisi le nom de 'PopStraw' parce que 'pop' signifie 'maïs' et 'straw', 'pailles' en anglais", précise Auréa Salon, chargée de communication chez Popstraw. Ces pailles vertes dont on ne pourrait deviner la composition à l’œil nu ont pour particularité d'être fabriquées en amidon de maïs. L'atout de ce matériau ? Celui d'être totalement recyclable et biodégradable.

"Il faut 450 ans pour qu'une paille en plastique se désagrège dans la nature alors qu'il faut entre six à neuf mois pour l'une de nos pailles", précise Pierpaolo Cordiale, en charge du marketing de "l'entreprise". Car bien qu'organisée comme telle, "Popstraw" n'a pas la forme légale d'une entreprise. La raison ? L'équipe se compose de huit élèves en seconde générale au lycée Kléber de Strasbourg, en Alsace. Se destinant tous à une filière économique et sociale, ils ont décidé de prendre pour lancer leur mini-entreprise. "Nous avons hésité entre le lancement d'une box locale avec des produits made in Alsace et celle de pailles biodégradables", ajoute Auréa Salon. L'actualité autour des pailles et des déchets inutiles qu'elles génèrent a donné envie aux jeunes entrepreneurs de trouver une solution plus durable.

Toutes les semaines, les élèves et leur professeur se retrouvent pour faire le point sur l'activité de la mini-entreprise.
Elodie Horn

Des commandes du Luxembourg jusqu'en Grèce

"Pour créer une alternative moins polluante, nous avons d'abord pensé au bambou. Le problème est que c'est un matériau coûteux. Nous avons finalement découvert le plastique végétal créé à base d'amidon de maïs", explique Auréa, du haut de ses 15 ans.

Les apprentis entrepreneurs ont démarché une entreprise en Île-de-France pour fabriquer leurs pailles afin de les proposer à la vente. Et cela fonctionne. En quelques mois d'existence et grâce à des commandes via la plateforme de vente Etsy, ils ont généré pas moins de 2000 euros de chiffres d'affaires. Ils ont d'ailleurs reversé 10 % de leurs fonds à leur partenaire,The Sea Cleaners, un bateau développé pour nettoyer le plastique des océans.

Aujourd'hui, grâce à un relais médiatique bien géré et un bon référencement, les demandes affluent. "Nous avons des commandes du Luxembourg, de Suisse, de Grèce, de l'Italie et même de Belgique. Notre plus gros client pour le moment est un restaurant réunionnais qui nous a commandé 15 000 pailles", s'extasie Pierpaolo Cordiale. Rien ne semble arrêter ces lycéens qui passent le plus clair de leur temps libre à gérer leur petite entreprise. Ils ont aussi deux séances de cours par semaine dédiées au projet en compagnie de leur professeur en sciences économiques et sociales, Aurélien Perret.

Un concours européen en Serbie

Devis, relances, bon de commande et envoi de colis, la fine équipe coordonne tout. "Nous utilisons un outil en ligne pour organiser les tâches de chacun et pour les valider lorsqu'elles sont terminées", souligne Katty Kpossa, la PDG de Popstraw. Cette dernière se dit vraiment inspirée par cet exercice grandeur nature : "Je pensais que ce serait triste de gérer une entreprise, mais c'est tout l'inverse, ça nous plaît vraiment et ça me donne envie de me lancer comme entrepreneure plus tard. C'est vraiment bien de voir quelque chose de concret se réaliser", s'enthousiasme-t-elle.

Lors des séances de projet, chacun gère ses tâches : communication, marketing ou encore le suivi financier de l'entreprise.
Elodie Horn

Aurélien Perret a lancé ce projet il y a un an en arrivant dans l'établissement. "Le lycée Kléber est plutôt un établissement scientifique, on m'a laissé carte blanche pour dynamiser la filière économique. J'ai alors découvert "Entreprendre pour Apprendre" (EPA), une association nationale qui accompagne ce type de projets, pointe-t-il. EPA permet à Popstraw de bénéficier du statut de sous-association et d'un numéro de Siret. La seule différence est que les lycéens ne peuvent se reverser un salaire.

Mais les fonds leur permettront de faire un voyage et d'organiser leurs venues aux différents concours. Après avoir gagné la finale régionale d'EPA puis nationale face à une équipe de post-bac, les huit lycéens ont rendez-vous cet été à Belgrade pour représenter la France lors d'un concours européen. Qu'adviendra-t-il de leur petite entreprise ? "Ou l'un d'entre nous la reprendra pour la faire évoluer en SARL ou nous avons déjà des personnes intéressées pour les droits de cession", précise Pierpaolo. Ce qui semble certain, c'est que ce n'est que le début de l'aventure pour Popstraw.