Yuka, La Ruche qui dit Oui, Poiscaille, ces entreprises s’engagent à porter l’alimentation durable jusqu’aux oreilles des candidats à la présidentielle. Lucie Basch, co-fondatrice de Too Good to Go explique les objectifs du “collectif de l’alimentation durable pour tous."
Quel est l’objectif de votre application ?
Too Good to Go est une application de lutte contre le gaspillage alimentaire. Elle permet aux commerçants de quartier qui ont des invendus de s’assurer que des utilisateurs passent les récupérer à la fermeture. Les produits sont mangés au lieu d’être jetés à la poubelle. Nous luttons contre le gaspillage alimentaire depuis 6 ans, cette application nous permet d’engager la société dans son ensemble et de mettre en place des actions concrètes. Il nous a paru essentiel de prendre la parole sur le sujet de l’alimentation dans le cadre des élections présidentielles.
Comment s’est passée la mise en place de ce collectif ?
L’alimentation durable est un vrai sujet pour les consommateurs. 63% des Français veulent manger sainement, 90% demandent des produits qui respectent l’environnement et 73% estiment que les éleveurs et agriculteurs ne sont pas rémunérés justement. Avec différents acteurs de l'alimentation, tel que Yuka, C’est qui le patron ?, La Ruche qui dit oui, Poiscaille, les banques alimentaires et une dizaine d’autres, nous voulons proposer des actions concrètes aux candidats pour que l’alimentation durable soit portée dans le débat des élections. Le collectif souhaite assurer aux Français un système d’alimentation plus durable et plus cohérent en termes de santé et d’environnement.
Aujourd’hui, la réglementation pour lutter contre le gaspillage alimentaire vous paraît-elle efficace ?
Il y a eu des États Généraux de l’Alimentation et des petites choses qui ont été faites au niveau national. Mais, nous avons besoin de concret. Le “collectif de l’alimentation durable pour tous” propose des actions qui fonctionnent sur le terrain, à petite échelle, et produisent des résultats en termes environnementaux et sociétaux. Nous voulons les porter à l’échelle nationale. Pour cela, nous avons besoin des politiques qui transforment les bonnes pratiques en normes. Nous avons axé le collectif autour de trois grands piliers. D’abord, il s’agit d’assurer un meilleur revenu aux producteurs car l’agriculture française est un élément essentiel de notre pays. Deuxièmement, il faut éduquer et sensibiliser les consommateurs qui n’ont pas accès aux informations lorsqu’ils font leurs courses et ne peuvent donc pas faire les bons choix. Nous voulons les informer et leur apprendre à consommer de manière plus durable. Dernièrement, il y a énormément d’absurdité dans notre système alimentaire, nous voulons y mettre fin. 40% de la production alimentaire mondiale est jetée, nous ne pouvons plus l’accepter. Il y a des solutions qui fonctionnent, mettons les en place.
Quelles sont les initiatives qui fonctionnent à l’échelle locale ?
Il y a deux ans avec Too Good to Go, nous avons lancé le Pacte sur les dates de consommation. Les gens ne font pas la différence entre une date limite de consommation (à consommer jusqu’au…) et une date de durabilité minimale (à consommer de préférence avant le…). La seconde n’est pas une date de péremption, elle est seulement indicative. Le produit peut changer d’apparence, d’odeur ou de consistance mais sa consommation n’aura pas d’impact sur la santé. Avec 19 acteurs de l’agro-alimentaire, nous avons fait apposer après cette date, le pictogramme “observez, sentez, goûtez”. Grâce à cette mention ajoutée sur plus de 300 millions de produits en magasin, nous sommes passés de 50% des Français qui ne connaissaient pas la différence entre les deux dates, à plus de 82% des Français qui font la différence. Il y a un impact direct. Une question demeure : Comment généraliser cette mention complémentaire sur l’intégralité des produits de l’industrie ?
💪 Le Pacte c'est une coalition de plus de 60 signataires issus de l’industrie #alimentaire dont l’ambition commune est la lutte contre le #gaspillage tout au long de la chaîne d’approvisionnement !
Le 1er rapport d'impact est disponible : https://t.co/NH4iUBGyg5#environnement pic.twitter.com/6Imu4ns9YK— Too Good To Go FR (@TooGoodToGo_Fr) November 24, 2021
Avez-vous eu des retours des 12 candidats à l'élection présidentielle ?
Nous avons envoyé une lettre à chacun des candidats, plusieurs nous ont fait des retours. Nous nous engageons à les accompagner pour intégrer ces propositions à leurs programmes actuels. Nous avons vraiment à cœur de travailler main dans la main avec le futur président ou la future présidente afin que ces bonnes pratiques soient généralisées avec l’aide des acteurs politiques, privés et associatifs. Nous souhaitons les accompagner de manière positive dans cette transition qui est urgente et s’assurer de la mise en place de ces actions dès le début du mandat.
Quelle est la place de l’alimentation dans le débat public ?
L’agenda international est très chargé en ce moment. Nous voyons l’alimentation comme une opportunité pour parler de sujets positifs du quotidien des Français. Comprendre ce qu’il y a derrière les produits, cuisiner, redonner du temps à l’alimentation embellit le quotidien. Aujourd’hui, il faut parler davantage de ces sujets. Face aux conflits internationaux et à la pandémie mondiale, il est difficile de savoir ce qu’il convient de faire en tant que citoyen. Concernant l’alimentation nous avons tous un rôle à jouer. Avec Too Good to Go, plus de 12 millions de consommateurs engagés au quotidien, vont récupérer leur panier surprise anti-gaspi. C’est important de se sentir acteur d’un système plus durable plutôt que de rester passif.
Une interview réalisée en partenariat avec France Inter. Écoutez la chronique Social Lab ici.
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