Les solutions de tri proposées par les communautés sont diverses, pour s'adapter aux différents contextes d'habitat.
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Pourquoi les Français trient-ils si peu leurs biodéchets ?

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D’après un nouveau rapport de l’ADEME, plus de 80 % des citoyens connaissent des solutions de tri des biodéchets (compostages, collecte…) mais seulement 56 % déclarent trier leurs déchets alimentaires. Pourquoi cet écart si large ? On fait le point. 

Depuis le 1ᵉʳ janvier 2024, une nouvelle obligation légale contraint les collectivités locales à proposer à leurs administrés des solutions pour le tri à la source des biodéchets. L'objectif principal étant de valoriser ces déchets organiques par le compostage ou la méthanisation, plutôt que de les envoyer à l'incinération ou à l'enfouissement.

Un an après la mise en place de cette mesure, les efforts portent leurs fruits, comme le montre un nouveau rapport de l’ADEME publié fin avril : plus de 80 % des Français connaissent désormais des solutions de tri des biodéchets.

Ce chiffre marque une progression significative. Actuellement, 32,1 millions de Français ont accès à une solution de tri des biodéchets, toutes initiatives confondues, ce qui représente trois fois plus qu'il y a trois ans.

Des collectivités au service du tri

Selon un bilan des solutions de tri produit depuis ce rapport, 50 % des Français bénéficient à présent d'une solution de tri des biodéchets mise en place directement par leur collectivité. Ces solutions prennent diverses formes, pour s'adapter aux différents contextes d'habitat. 
 
Par exemple, 30% des Français disposent de composteurs, individuels (pour les maisons) ou partagés (pour les copropriétés ou les quartiers), et 20% ont accès à une collecte séparée de leurs biodéchets, soit par un ramassage en porte-à-porte, soit via des bornes d'apport volontaire installées dans l'espace public. 

Des aides, mais encore pas assez de pratique 

Pour autant, seuls 56 % des Français déclarent dans ce rapport trier leurs déchets alimentaires, et seulement 37 % d’entre eux pratiquent le compostage de ces déchets.

De plus, les deux tiers de ces composteurs ont été acquis sans l'intervention de leur collectivité. En effet, d'autres déclarent des méthodes de tri différentes : la collecte séparée (12 %) ou le don aux animaux du foyer (7 %).

Une évolution dans le bon sens

L’ADEME explique que ce qui favorise l'adoption du tri chez les Français, en plus des solutions proposées par les collectivités, serait une prise de conscience écologique ou pouvoir bénéficier du compost produit pour son jardin personnel.

Inversement, l'absence de solution adaptée proposée par la collectivité reste l'obstacle principal selon l’ADEME. S'y ajoutent les a priori concernant le tri à domicile, tels que les craintes d'odeurs, le manque d'espace ou encore la perception d'un travail supplémentaire.

Pourtant, ces efforts collectifs et individuels permettraient d'éviter l'incinération ou l'enfouissement d'une quantité significative de biodéchets. L’ADEME estime aujourd'hui à 900 000 tonnes le poids de biodéchets triés annuellement, alors que 44 % des Français déclarent ne pas pratiquer ce tri. Un chiffre qui n’a diminué que de 2 % depuis 2023, selon un sondage réalisé par l’Ifop.

Pour accompagner cette transition, le Fonds Vert a déjà investi 100 millions d'euros depuis 2023 dans des études de faisabilité, les équipements de tri et de collecte, ou encore la communication. Grâce aux projets financés par ce fonds, 20 millions d'habitants supplémentaires devraient bénéficier d'une solution de tri dans les années à venir.