L'éco-responsable est tendance, et ce jusqu'au bout des oreilles. Alors que l'industrie du bijou a régulièrement été exposée ces dernières décennies à des scandales portant en particulier sur l'impact environnemental et humain de l'extraction des ressources naturelles, qu'il s'agisse de pierres ou de métaux précieux, le secteur s'est depuis quelques années tourné vers un marché émergent et prometteur.
Celui de la joaillerie éthique, ou responsable, soucieuse d'assurer aux consommateurs que leur achats ne contribueront pas à financer des conflits armés en Afrique, ou que l'exploitation aurifère ne se fera pas au détriment du respect des droits de l'Homme. Selon les degrés d'engagement des maisons, certains labels vont même jusqu'à garantir qu'une partie des profits sera équitablement redistribuée auprès des communautés locales. Alors, comment s'assurer que votre prochaine bague ne contiendra pas un "diamant de sang", notion popularisée par le film éponyme sorti en 2006, ou encore de l'or traité au mercure ? Petit tour d'horizon.
Des outils pour s'y retrouver
Historiquement, c'est au Processus de Kimberley, initié en 2000 par les États, l'industrie du diamant et la société civile, que revient la charge de mettre un terme, via un système de certification, au commerce des diamants de conflits. Si l'initiative a fait l'objet de nombreuses critiques depuis son lancement, elle constitue néanmoins une première réponse du secteur à une pratique répandue dans les pays africains. A cette date, 81 Etats sont représentés. Le label "conflict free", quant à lui est justement apposé sur les pierres qui ne sont pas issues de conflits.
En ce qui concerne les métaux précieux, le label "Fairmined", lancé en 2009, "atteste de la provenance d’or produit par des mines autonomes, responsables, artisanales et à petite échelle", avec pour ambition affichée de "transformer l’activité minière en une force positive, en assurant le développement social et la protection de l’environnement, en fournissant à chacun une source d’or de laquelle être fier". Parmi les garanties offertes par ce standard : la rémunération juste des mineurs, l'utilisation limitée ou inexistante de produits chimiques lors de l'extraction ou encore l'absence d'enfants dans les mines.
Plus généralement, le "Responsible Jewellery Council", un organisme à but non lucratif de normalisation et de certification, se charge de vérifier que ses 1 100 entreprises membres mettent en place des "pratiques commerciales responsables pour les diamants (et) les métaux du groupe de l’or et du platine". Son code des bonnes pratiques couvre l'ensemble de la chaine d'approvisionnement, et porte notamment sur le respect des droits de l'Homme ou l'impact environnemental des activités minières.
En 2017, le géant du diamant De Beers a de son côté lancé la plateforme Tacr qui permet, grâce à la technologie de la blockchain, de retracer la trajectoire des pierres depuis leurs extraction. Il a été rejoint cette année par le russe Alrosa, numéro 2 du secteur.
Des alternatives aux produits neufs
Depuis plusieurs années, des alternatives se développent également afin de réduire davantage l'impact des métaux et pierres précieux, dont l'exploitation laisse nécessairement une trace environnementale. L'or ou le platine recyclé par exemple s'invitent désormais dans les collections de créateurs prestigieux.
Mais c'est véritablement le diamant de synthèse qui, ces derniers mois, a cristallisé les attentions. Créé en laboratoire en seulement quelques semaines via un processus qui reproduit les conditions naturelles de formation de la pierre, le produit ne présente à l'oeil nu aucune différence avec son homologue provenant des mines, dont il présente les mêmes caractéristiques. De quoi intéresser même les acteurs historiques du secteur, dont De Beers, qui a annoncé en juin 2018 le lancement d'une nouvelle marque, Lightbox, dédiée à la commercialisation des diamants synthétiques, en réponse notamment à une exigence grandissante des consommateurs en matière de responsabilité sociétale et environnementale. Point bonus, ces gemmes sont également bien moins chers que les diamants traditionnels.
Du côté de l'or, c'est vers le végétal qu'il faudra se tourner, avec une alternative produite à partir d'une plante endémique du Brésil et dont le prix d'achat a, là encore, de quoi séduire le grand public.
Et en pratique, ça donne quoi ?
De plus en plus de maisons déclinent désormais des gammes de bijoux responsables. C'est le cas par exemple de Swarovski, qui a dévoilé à Cannes sa première collection de diamants éthiques, crées en laboratoire, ou de Chopard, dont l'engagement de n'utiliser que de l'or 100 % éco-responsable -certifié Fairmined- pour la création de ses montres et bijoux depuis juillet 2018 a beaucoup fait parler la profession.
D'autres sont nés avec cette dimension éthique dans leur ADN. C'est le concept notamment du joailler parisien Courbet, dont les diamants sont produits en laboratoire et l'or 100 % recyclé, ou de JEM (Jewellery Ethically Minded) et Paulette à bicyclette.