Les Jeux olympiques de Paris sont encore loin de la médaille d’or écologique, selon l’ONG de recherche sur les questions écologiques Carbon Market Watch. Le 15 avril, cette dernière a publié un rapport intitulé Going for Green, qui juge les efforts en faveur de l’environnement mis en place pour les Jeux comme "insuffisants". Pour rappel, le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojo) a promis de diviser par deux l’empreinte carbone des Jeux.
Diverses mesures avaient été annoncées pour relever ce défi, comme la favorisation de l’économie circulaire, la mise en avant d’entreprises locales, 50 % de repas végétariens pour les cantines des sites et 60 % pour le grand public, la protection de la biodiversité, un Village des Athlète avec des normes environnementales, etc. Ces décisions sont saluées par Carbon Market Climat, mais considère qu'elles ne sont tout de même pas à la hauteur, face à la "menace urgente du changement climatique."
40 % d’émissions de GES liées au transport selon l’ONG
Le collectif de recherche estime que les aspects les plus polluants des Jeux de Paris sont le transport (environ 40 % des émissions de gaz à effet de serre) et la construction (environ 32 %). Les "goodies", fabriqués majoritairement à l’étranger, contribueraient, eux, à 20 % des émissions, la consommation énergétique à 8 % et la nourriture à 1 %. De son côté, le Cojo estime que les émissions de CO2 des JO se déclineront en trois tiers : un pour les déplacements (dont 25 % pour le voyage des spectateurs), un pour les constructions (dont 25 % pour celles permanentes) et un dernier pour les opérations des Jeux de type restauration, hébergement sécurité etc. Les Jeux de Paris 2024 prévoient 1,58 million de tonnes de CO2 pour l’événement, soit plus de la moitié de ce qui a été émis à Londres en 2012, avec 3,5 millions de tonnes de CO2.
Is the Paris Olympics winning the race against the climate clock?
'Going for green', our latest report, analyses the climate strategy and plans of the 2024 Olympics and sets out a blueprint for a more sustainable future for the games.https://t.co/dndINcyLxF pic.twitter.com/hAgxisu6Au
— Carbon Market Watch (@CarbonMrktWatch) April 15, 2024
Mais cette promesse est difficile à vérifier selon l’ONG, qui regrette "qu’aucune méthodologie ou précision quant au mode de calcul n'ait été dévoilée." Carbon Market Climat pointe du doigt des "incohérences" entre la communication liée aux impacts environnementaux de l’événement et la "documentation technique" concernant l'utilisation des crédits carbone et l'objectif de neutralité carbone de l'événement. Le collectif dénonce aussi que de nombreux sponsors des jeux "ne sont pas des leaders en matière de climat" et désigne l’absence de critères climatiques lors de leur sélection comme "une occasion manquée d’influencer les grandes entreprises."
Des alternatives transformatrices qui remettent en question la structure conventionnelle des jeux sont nécessaires“
Pour diminuer considérablement l'empreinte carbone des Jeux olympiques et en faire un événement engagé, le collectif indépendant a une demande très claire : réformer fondamentalement leurs opérations globales. "Pour s’aligner sur un avenir à 1,5 degré (ndlr : Accord de Paris), des alternatives transformatrices qui remettent en question la structure conventionnelle des jeux sont nécessaires", indique le rapport.
Carbon Market Climat demande qu’un budget carbone adapté aux différentes situations des villes et pays hôtes, mais aussi compatible avec l’Accord de Paris, soit établi. La deuxième solution proposée est de répartir les épreuves olympiques dans différents pays, "afin de réduire la taille des jeux et de limiter les voyages internationaux." Pour les Jeux de Paris, 1,5 million de visiteurs étrangers devraient se déplacer en Île-de-France.