C'est l'histoire d'une promesse qui n'a pas été tenue. Une promesse faite conformément à la volonté des organisateurs d'accueillir des Jeux "verts et durables", qui a fini par fondre au soleil.
"C'est la réalité face à l'idéologie. C'est très vertueux de vouloir un village olympique sans clim' en plein été, mais voilà, les performances des athlètes sont liées à leur état de forme et à leur bonne récupération. Et ça, ça compte aussi", résume pour l'AFP un cadre du mouvement olympique.
En février 2023, la maire de Paris (PS) Anne Hidalgo, présidente de la Solideo (Société de livraison des ouvrages olympiques, chargée des ouvrages pérennes) excluait pourtant la possibilité d'utiliser de tels appareils, même pour une durée limitée le temps des JO. "Il n'y en aura pas besoin (...). J'ai beaucoup de respect pour le confort des athlètes, mais je pense beaucoup plus à la survie de l'humanité", arguait-elle sur France Info.
Vague d'achats
Le village olympique construit par la Solideo possède en effet des bâtiments permettant de garantir une différence de - 6 degrés par rapport à l'extérieur. Une amplitude que les organisateurs estimaient suffisante, même en cas d'épisodes caniculaires, avec des températures dépassant les 40 degrés pendant plusieurs jours, et au-delà de 25 degrés la nuit. D'autant qu'un système de "plancher réversible", faisant circuler de l'air froid au sol, couplé à des ventilateurs installés dans les chambres, a également été ajouté.
Mais malgré cela, la plupart des comités olympiques nationaux ont fait part de leurs craintes à plusieurs reprises auprès du comité d'organisation, demandant à bénéficier de clim' temporaires. "Cela a été deux ou trois fois un sujet brûlant lors des réunions. Il y avait une demande insistante", confirme ce cadre du mouvement olympique.
Le Cojo a plié, et a dû se résoudre à proposer aux délégations la possibilité de louer des appareils de climatisation pendant les JO, pour un prix avoisinant les 300 euros pour la quinzaine, selon le catalogue d'options consulté par l'AFP.
"On pense que la construction du village, et les systèmes de refroidissement naturels étaient suffisants", avait alors regretté en octobre 2023 l'adjoint aux sports de la mairie de Paris Pierre Rabadan.
"Un seul par logement"
Résultat ? Une vague d'achats avec 2 500 appareils commandés sur les 7 000 chambres utilisées pour accueillir près de 14 250 personnes, a chiffré mardi le directeur adjoint du village Augustin Tran Van Chau lors d'une visite réservée à la presse.
"L'objectif était vraiment de répondre à ce besoin extrêmement ponctuel, pour des athlètes qui jouent le match ou la compétition de leur vie", a-t-il justifié. Voilà de quoi gréver fortement la facture énergétique, si tous ces appareils se mettent à fonctionner en même temps.
Si pour l'instant il est impossible de prévoir les températures qui auront cours lors des JO (26 juillet-11 août), Météo-France a toutefois prévu le 28 juin que "des conditions plus chaudes que la normale sont légèrement plus probables" pour les mois de juillet, août et septembre. Pour limiter l'usage de ces climatiseurs, les organisateurs ont conseillé aux délégations de n'en utiliser qu'un seul "par logement", a expliqué Augustin Tran Van Chau, mais sans garantie.
Cerise sur le gâteau, les délégations ont également le droit de venir avec leur propres clim', avec comme conseils de prendre des appareils "de classe A", a précisé le directeur adjoint.
Pourtant, selon un rapport sur la climatisation de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), "la classe A est la moins performante autorisée sur le marché actuellement pour les climatiseurs mobiles". Et de souligner "un biais cognitif, car on pourrait penser a priori qu'un produit classé A a un bon rendement énergétique".
Pour aller plus loin : "Sport et écologie : mode d’emploi"
Avec AFP.