Les récifs coralliens sont classés au patrimoine mondiale de l'Unesco.
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Biodiversité

Récifs coralliens : pourquoi et comment les sauver ?

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Réservoirs de biodiversité, les récifs coralliens subissent aujourd’hui de plein fouet les effets du réchauffement climatique. Alors que les scientifiques estiment qu’ils pourraient disparaître d’ici 2050, notamment si rien n’est fait pour réduire les émissions de CO2, des initiatives émergent pour tenter de sauvegarder ce patrimoine naturel. Eclairage. 

Avec leurs couleurs chatoyantes, les récifs coralliens fascinent. Classées au patrimoine mondial de l’Unesco, ces structures sous-marines, dont les coraux sont essentiellement à l’origine, couvrent environ 284 000 km2, soit moins de 1 % du plancher océanique. Parmi les récifs coralliens les plus connus, on retrouve la Grande Barrière de corail qui s’étend sur plus de 2000 kilomètres au nord-est de l’Australie, formant ainsi le plus grand système corallien de la planète. Mais aussi le plus menacé.  

Oasis de biodiversité 

Répartis aux quatre coins du monde, les récifs coralliens jouent pourtant des rôles essentiels pour l’homme. Selon l’Institut océanographique de Monaco, plus de 4 000 espèces de poissons et des milliers d’autres animaux vivent dans ces habitats qui abritent 25 % de la biodiversité mondiale, et permettent de nourrir près de 500 millions de personnes dans le monde grâce à la pêche. La survie de certaines îles dépend ainsi de ces écosystèmes qui protègent également les côtes de manière naturelle. "Les barrières récifales vont arrêter la houle et protéger les côtes de l’érosion côtière", souligne Laetitia Hédouin, spécialiste de la biologie et de la reproduction des coraux au CRIOBE (Centre de recherches insulaires et observatoire de l’environnement) à Moorea (Polynésie française). 

Dans certaines régions tropicales, les récifs coralliens représentent par ailleurs une manne pour le tourisme permettant de générer d’importants revenus économiques. A titre d'exemple, en 2017, un rapport du WWF indiquait que la barrière de corail du Belize générait jusqu’à 19 millions de dollars par an en bénéfices économiques tirés des activités de tourisme. 

Ces forêts sous-marines suscitent aussi l’intérêt des scientifiques qui se penchent sur nombre d’entre elles à des fins médicales.

On estime qu’on a peu près 300 fois plus de chance de trouver une molécule intéressante pour un médicament qu’ailleurs, à cause notamment de cette concentration de vie sur une petite surface”, explique la chercheuse au CRIOBE.

A partir de molécules identifiées dans les récifs coralliens, des médicaments ont déjà pu être créés pour soigner le cancer, la leucémie ou encore la maladie d’Alzheimer. 

Ralentir le réchauffement climatique 

Les activités humaines fragilisent toutefois ce précieux patrimoine naturel. "La pression anthropique locale, comme la surpêche, la pollution ou encore l’érosion des sols, a un impact néfaste sur la qualité de l’eau autour des récifs coralliens. On va par exemple retrouver des polluants, des sels nutritifs, des fertilisants, de la sédimentation et des bactéries qui vont générer des maladies et favoriser la mortalité coralienne", précise Laetitia Hédouin.  

Le réchauffement climatique, qui engendre une augmentation des températures de l’eau, accentue ces effets. "Avec un réchauffement de 1,5°C, on risque de perdre entre 70 et 80 % des coraux", alerte la scientifique. A long terme, les conséquences pourraient être encore plus désastreuses. D’après une étude de l’Unesco, publiée en 2017, les récifs coralliens du monde entier seraient susceptibles de disparaître complètement d’ici 2050 si les émissions de CO2 continuent d’augmenter.  

Des premiers signes de ces différents stress sont déjà visibles sur les récifs coralliens et plus précisément sur les coraux qui blanchissent au fil des années. Comment expliquer ce phénomène ? Bien qu’ils ressemblent à des arbres en fleurs, les coraux sont des animaux marins, vieux de 500 millions d’années, dotés de tentacules qui vivent en symbiose avec des micro-algues présentes dans ses tissus : les zooxanthelles. Grâce à la photosynthèse, celles-ci fabriquent de l’énergie, notamment des sucres et des glucides qu’elles transfèrent au corail.  

Vers des solutions d’adaptation 

Problème. Avec l’augmentation de la température de l’eau, cette collaboration ne fonctionne plus, et devient même toxique. Les algues sont alors expulsées des tissus du corail et laissent apparaître son squelette blanc en calcaire.

Les coraux blancs sont des coraux qui commencent une grève de la faim car ils ne bénéficient plus des apports nutritifs fournis par les algues”, détaille Laetitia Hédouin.

Après plusieurs semaines sans nourriture, le corail blanchi devient grisâtre et meurt. Afin d'enrayer ce scénario, des moyens en faveur de la conservation et la restauration des récifs coralliens s'avère plus que nécessaire. En octobre dernier, une coalition de 45 pays s’est engagée à lever 12 milliards de dollars (11,3 milliards d’euros) d’ici 2030 pour assurer leur sauvegarde.

De leurs côtés, les scientifiques expérimentent des solutions depuis plusieurs années. Créé en 2019 par le centre scientifique de Monaco (CSM) et l’Institut océanographique de Monaco, le conservatoire mondial du corail s'appuie par exemple sur les aquariums publics du monde entier afin d’y maintenir la plus grande diversité de coraux. A terme, cette organisation souhaiterait héberger jusqu’à 1000 espèces, soit environ deux tiers des espèces de coraux présents sur la planète. 

Au-delà des enjeux de conservation, ce projet a pour objectif de renforcer la résilience des coraux en les exposant à des stress thermiques. Ailleurs, des actions sont également mises en œuvre en milieux naturels. "On peut ombrager ou refroidir certaines zones du récif corallien mais aussi déplacer certains coraux dans des zones plus profondes”, relève la spécialiste en biologie marine.  

Mais même dans les profondeurs des océans, les effets du réchauffement climatique commencent à se faire sentir. Le 16 octobre dernier, une étude de l’université de Plymouth réalisée sur des coraux profonds (30 à 150 mètres) dans l’océan Indien, révélait que 80 % du récif avait blanchi. Une découverte aussi alarmante qu’éclairante sur les impacts du changement climatique sur les océans. 

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