150 espèces marines sont touchées par la pollution acoustique du transport maritime.
© IFAW
Biodiversité

Le transport maritime, principale source de pollution sonore marine

Transport maritime, sonars militaires, prospections minières et gazières en mer entraînent des perturbations chez les mammifères marins, poissons et invertébrés pouvant parfois mener à des échouages. 

Dans les eaux méditerranéennes, 200 000 navires par an transitent de port en port. Or, la pollution acoustique générée par les hélices, le frottement de coques contre la surface perturbent notamment les cétacés. Pourtant, le son est un "repère sensoriel très important pour les animaux marins puisqu'il dessert des fonctions absolument vitales comme la communication entre espèces, la reproduction, leur orientation. Il permet aussi d'éviter les prédateurs", remarque Noé Swynghedauw, chargé de campagne du Fonds international pour la protection animale (IFAW).

150 espèces marines touchées 

Les recherches actuelles montrent que 150 espèces marines sont concernées par la pollution sonore, dont 47 espèces de mammifères, 66 poissons et même 36 invertébrés. Une étude du bioacousticien Michel André de l'Université Polytechnique de Catalogne démontrait que les coraux et herbiers de Posidonie, bien qu'ils ne possèdent pas de système nerveux, étaient sensibles à la pollution sonore.

Noé Swynghedauw poursuit : "Avec l'avancée des recherches scientifiques, on découvre de nouvelles espèces marines également affectées." En 2018, une équipe de sept chercheurs ont constaté une baisse du taux de croissance sur des mollusques de Bretagne, notamment des coquilles Saint-Jacques. "Après le ralentissement du trafic maritime à la suite des attentats du 11 septembre 2001, des études ont enfin révélé la corrélation entre transport et stress chronique des baleines", précise Noé Swynghedauw.

Le transport maritime, principale cause de pollution sonore

Catégorisées en deux typologies de sources de pollution sonore, les réactions pour chacune varient. D'une part, le bruit ambiant correspond au transport maritime, il peut être provoqué par les hélices, les moteurs, ou encore le frottement des coques des navires sur l'eau. "Cette génération de bruit créée par la navigation commerciale a été multipliée par 32 ces 30 dernières années", indique Noé Swynghedauw. Le transport représente 50 % du paysage sonore maritime. "Les aires marines protégées ne sont d'ailleurs pas exemptées", ajoute-t-il.

D'autre part, les bruits impulsifs, relativement courts mais de très forte intensité "intègrent les sonars militaires, les prospections gazières et minières, les constructions en mer, c'est-à-dire le battage des pieux contre les fonds marins". 

Les effets de la pollution sonore liée à la navigation commerciale sont diffus et constants : stress, accélération du rythme cardiaque, baisse du taux de croissance. Outre les réactions physiologiques, la pollution sonore modifie les comportements des animaux marins ou modifient les voies de migrations. Elle occasionne également un masquage acoustique, "la communication entre les individus se retrouve entravée, nuisant à leurs activités sociales".

Quant à l'exposition à un bruit impulsif, elle peut entraîner des "dommages plus graves et plus permanents" tels que des lésions d'organes, une désorientation, la mort de certains animaux. Il rappelle des échouages massifs s'étant produit en 2011 au large des Îles Malouines, provoqués par des sonars militaires. 

Une régulation encore inexistante

Si les acteurs du trafic maritime se considèrent conscients des enjeux induits sur la biodiversité, les mesures de réglementation peinent encore à être implantées. En début d'année, IFAW présentait à la Commission Européenne une étude démontrant les bénéfices à réduire la vitesse des navires à 75 % de leur vitesse de conception. "En instaurant cette mesure, on pourrait limiter le risque de collision avec les baleines de 50 % et réduire les émissions de gaz à effet de serre de 13 %", note Noé Swynghedauw. Selon l'étude, cela engendrerait des économies de carburant pouvant aller jusqu'à 2,5 milliards d'euros, un argument qui pourrait rallier les acteurs économiques.

Les solutions techniques, comme rendre les hélices et moteurs plus silencieux, impliqueraient toutefois de mobiliser une partie de la flotte existante de navires, aujourd'hui de 75 000, un effort "que le secteur n'est pas prêt à faire".

Rien n'est pourtant légiféré, ni en France, ni à l'échelle européenne ou mondiale. Seule une directive émise par l'Organisation Maritime Internationale invite les armateurs à construire des navires moins bruyants, mais la mesure reste incitative. Reste que dans le port de Vancouver (Canada), les plus silencieux profitent d'une réduction des taxes portuaires depuis 2017. 

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