D’anciennes munitions datant des guerres mondiales restent encore immergées dans la mer Baltique. Des vestiges qui servent d’habitat à une faune marine qui s’y est habituée en quelques décennies.
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Biodiversité

Des explosifs de la Seconde Guerre mondiale devenus refuge pour la vie marine

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Des munitions datant des conflits mondiaux reposent encore au fond de la mer Baltique. De façon étonnante, ces vestiges servent désormais d’abri à une faune marine qui s’y est installée en quelques décennies.  

Après la Seconde Guerre mondiale, les forces allemandes ont rejeté d’énormes quantités d’armes et d’explosifs dans les mers avoisinantes. On estime qu’au moins 1,6 million de tonnes y reposent encore aujourd’hui. Malgré la présence de composés toxiques, ces dépôts n’ont pas empêché certaines espèces de s’y développer

Une étude parue dans la revue Nature Communications Earth and Environment s’intéresse à l’impact de cette pollution métallique sur l’épifaune, c’est-à-dire les animaux vivant fixés sur les fonds marins ou sur d’autres surfaces solides. Ces espèces, qui colonisent habituellement les coraux ou les algues, ont trouvé sur ces munitions un support inattendu.

L’abondance d’organismes au niveau des munitions pourrait s’expliquer par le fait que les avantages de vivre sur les surfaces dures l’emportent sur les inconvénients de l’exposition aux produits chimiques.

Huit espèces d’épifaune ont été identifiées, avec une densité moyenne de 43 184 individus, principalement observées sur les structures métalliques. Fait marquant, leur abondance reste comparable à celle des zones marines exemptes de munitions.

Les chercheurs ont notamment observé des munitions de type ogives V-1, issues des bombes volantes utilisées par l’Allemagne nazie à la fin de la guerre. Les observations ont été possibles grâce à un véhicule sous-marin télécommandé (ROV).

Une vie marine qui s’adapte 

L’étude révèle une forte concentration de résidus explosifs. Pourtant, les espèces recensées ne semblent pas directement affectées par cette contamination métallique. Ces organismes, présents un peu partout dans la mer Baltique, profitent de ces surfaces solides comme supports de fixation.

Selon Trust My Science, "l’abondance d’organismes au niveau des munitions pourrait s’expliquer par le fait que les avantages de vivre sur les surfaces dures l’emportent sur les inconvénients de l’exposition aux produits chimiques".

Les chercheurs ont aussi constaté que ces organismes se fixaient davantage sur les douilles métalliques que sur les parties explosives mises à nu. Cela suggère qu’ils évitent, autant que possible, un contact direct avec les substances les plus toxiques.

Cette découverte pourrait avoir des conséquences importantes, car des projets sont en cours pour nettoyer les fonds marins. Retirer les munitions risque de détruire ces nouveaux micro-écosystèmes. Les scientifiques envisagent d’étendre leurs recherches à d’autres zones marines où des munitions ont également été immergées, afin de mieux comprendre l’équilibre fragile entre pollution et adaptation du vivant.