Le 7 septembre 2024, à Chaumuhni, au Bangladesh, où d'importantes inondations ont eu lieu.
© MUHAMMAD AMDAD HOSSAIN/NurPhoto via AFP
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Catastrophes climatiques : une ONG mise sur le transfert d’argent par téléphone mobile pour aider les victimes

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Alors que les catastrophes naturelles ne cessent de se multiplier et de s’intensifier sous l’effet du changement climatique, la question de l’indemnisation des populations les plus vulnérables devient un enjeu majeur. Depuis quelques années, GiveDirectly propose de leur verser de l’argent sans intermédiaire via leur téléphone. Zoom sur cette solution déployée notamment en Afrique de l’Est. 

Afin de venir en aide aux victimes de catastrophes naturelles, GiveDirectly a mis en place un système qui permet de collecter des fonds et de les redistribuer directement aux populations les plus vulnérables via leur téléphone portable. Créée en 2017, cette ONG américaine transfère aujourd’hui principalement des fonds en Afrique de l’Est, notamment au Kenya, en Ouganda et au Rwanda, mais aussi au Bangladesh. 

Pour identifier les bénéficiaires, GiveDirectly a noué un partenariat avec Google ce qui lui permet d’utiliser notamment des images satellites. 

Anticiper les événements climatiques 

Au-delà d’apporter un soutien plus rapidement, cette initiative permet d’anticiper d’éventuels événements climatiques (sécheresses, inondations...). "Les bénéficiaires peuvent alors préparer leur logement, stocker de la nourriture ou rejoindre des secteurs abrités", a expliqué Ranil Dissanayake, chercheur au Centre for Global Development, en octobre dernier, à l’AFP.  

Il ajoutait : "Imaginez la différence que cela peut faire pour des travailleurs manuels en Inde du nord qui, s’ils reçoivent une aide en amont d’une canicule à 50°C, n’auront pas forcément à travailler".  

Alors que les catastrophes naturelles sont amenées à s’intensifier et à devenir de plus en plus fréquentes ces prochaines décennies à cause du réchauffement climatique, GiveDirectly aspire à essaimer dans d’autres régions du globe.  

Conjuguer les solutions 

Il y a un consensus pour dire que cela marche, et que fournir de l’argent liquide plus tôt a un bénéfice social accru, en apportant l’aide à un moment critique”, soulignait à l’AFP Ashley Pople, chercheuse au Centre d’étude des économies africaines de l’Université d’Oxford. 

L’une de ses études menées au Bangladesh souligne notamment que les bénéficiaires ont pu faire des provisions mais aussi mettre à l’abri leurs animaux. A contrario, les foyers qui n’ont pas pu avoir accès à cette aide, ont vu leur risque de rester une journée sans manger augmenter de 52 %. 

Si ce type d’actions offre une solution prometteuse pour financer l’adaptation au changement climatique à l’échelle individuelle, d’autres leviers permettant d’aider les victimes à l’échelle territoriale doivent aussi continuer à se développer. 

Parmi les aides financières mises en place ces dernières années, on retrouve le fond vert pour le climat ou encore le programme européen Life.  

Des dispositifs jugés encore insuffisants en France 

En France, plusieurs dispositifs existent également, à l’image du fonds de prévention des risques naturels majeurs (dit Fonds Barnier), créé en 1995, ou encore le fonds vert qui permet notamment de financer des projets d’adaptation au changement climatique. 

Malgré des avancées notables, le Haut conseil pour le climat avait appelé à davantage d’efforts dans son dernier rapport annuel, sommant le gouvernement de finaliser au plus vite son troisième plan national d’adaptation au changement climatique. 

Le 25 octobre dernier, après les inondations des 17 et 18 octobre qui ont secoué plusieurs régions de France, le Premier ministre Michel Barnier et la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher ont fini par dévoiler leur feuille de route.

Ce nouveau plan met notamment l'accent sur le volet assurance, avec un renforcement du Fonds Barnier pour "mieux protéger la population", avec 75 millions d'euros injectées dès 2025. Un dispositif sera également instauré "afin d’inciter les assureurs à maintenir une offre assurantielle abordable et disponible sur tout le territoire et à ne pas délaisser les zones les plus à risques".

En 2023, les catastrophes climatiques en France avaient coûté 6,5 milliards d’euros aux assureurs - "troisième année la plus grave en termes de sinistres climatiques après 1999 et 2022", selon France Assureurs.

Les inondations des 17 et 18 octobre devraient, quant à elles, coûter entre 350 et 420 millions d'euros, d'après les dernières évaluations de la Caisse centrale de réassurance (CCR).