L’exploitation minière des fonds marins pourrait bientôt être interdite au Portugal. Le 31 janvier dernier, le Parlement portugais a adopté un moratoire allant dans ce sens. Plusieurs textes ont notamment été validés en première lecture afin d’inscrire dans la loi son interdiction dans les fonds marins du pays jusqu’à 2050.
Egalement appelée "Deep Sea mining", l’exploitation minière sous-marine vise à extraire, à partir de 1000 mètres de profondeur, des ressources minérales dont des nodules polymétalliques riches en manganèse, cobalt ou encore nickel.
Des minerais aujourd’hui très convoités car utilisés dans des domaines clés tels que l’innovation technologique ou encore la transition énergétique, par exemple pour la fabrication d’éoliennes ou des batteries des véhicules électriques.
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Une activité controversée
Mais si pour ses défenseurs, l’extraction minière constitue un levier essentiel pour le développement d’une industrie décarbonée, pour ses détracteurs elle représente davantage une menace pour l’environnement, et plus particulièrement la biodiversité marine.
Publiée en juin 2023, une étude, basée sur des tests d’extraction minière réalisés au Japon en 2020, a notamment montré que "près de la moitié des poissons et des crustacés avait disparu de la zone" un an après, rapporte Le Monde un article publié le 23 janvier 2024.
En cause : les machines qui raclent les fonds des océans et qui soulèvent des nuages de sédiments, alors nuisibles pour les écosystèmes.
Certains scientifiques notent par ailleurs que le minage en eau profonde pourrait faire remonter le CO2 séquestré dans ces sédiments, et ainsi perturber la capacité de stockage de carbone des océans.
Un bras de fer entre deux camps
Autant de raisons qui pousse aujourd’hui le Portugal à stopper cette activité sur son territoire. Dans le monde, 32 pays, réunis au sein de l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM) - qui compte 169 membres, s'inscrivent en accord avec cette mesure et soutiennent un "moratoire de précaution". Parmi ces Etats, on retrouve la France, le Royaume-Uni, l’Autriche, le Honduras, le Pérou...
Certains pays adoptent aussi des positions ambivalentes, à l’image de la Norvège qui a renoncé à l’exploitation minière mais autorisé la prospection en mer Arctique le 9 janvier 2024, tandis que d’autres se montrent ouvertement favorables à l’extraction minière en eau profonde, comme les Etats-Unis, la Chine, l’Inde, la Russie, Nauru ou Singapour.
Un bras de fer entre deux camps, dont l'issue doit avoir lieu d’ici la fin de l’année, à l’occasion de négociations autour de l’adoption d’un code minier destiné à encadrer juridiquement la collecte, l’exploration et l’exploitation des minéraux dans la zone internationale des fonds marins. Un accord sur ce projet de texte devait être initialement trouvé il y a deux ans...
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