Les chalutiers, dans le viseur de la Grèce. Lors de la conférence mondiale Our Ocean, qui a eu lieu en avril dernier à Athènes, le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, a annoncé vouloir interdire le chalutage de fond dans les parcs nationaux du pays dans deux ans, puis dans l’ensemble des aires marines protégées d’ici 2030. Avec cette mesure, la Grèce devient le premier pays de l’Union européenne à s’attaquer à la pêche au chalut. Une pratique jugée destructrice par plusieurs associations environnementales.
Cette technique, dite "trainante", consiste à déployer un grand filet qui va racler les fonds marins, et récupérer les espèces qui y sont présentes : poissons, crustacés, coquillages...
Une menace pour la biodiversité et le climat
Au-delà d'avoir un impact néfaste sur la biodiversité, la pêche au chalut pourrait également participer à l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre. Une étude publiée le 18 janvier 2024 dans la revue Frontiers in Marine Science révèle qu’entre 1996 et 2020, le chalutage de fond a contribué à hauteur de 0,97 partie par million (ppm) au CO2 atmosphérique.
Qualifiée d’ "historique", la décision de la Grèce pourrait permettre d'atténuer les effets de cette pêche encore très répandue dans les eaux européennes. Publié en janvier, un rapport de l’association Bloom indiquait qu’en 2023 "le chalutage sévissait dans plus de 60 % de la surface des aires marines protégées (AMP) en Europe". Au total, sur l‘année 2023, l’UE comptabilisait "près de 6,2 millions d’heures de pêche au chalut dans ses eaux, dont environ 1,7 million à l’intérieur de ses AMP".
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En février 2023, lors de la présentation de son plan d’action pour "verdir le secteur de la pêche", la Commission européenne avait plaidé pour une interdiction du chalutage de fond dans les aires marines protégées de l’ensemble des pays l'Union européenne. Mais depuis cet appel, peu d’Etats membres ont emboîté le pas.
Que fait la France ?
La France fait notamment partie des grands réfractaires. Alors qu’en mars dernier, le Royaume-Uni a décidé de bannir les chalutiers dans certaines zones de ses AMP, le gouvernement français a par exemple fait preuve de résistance en refusant de retirer ses engins de ces aires marines protégées affichant ainsi son soutien aux pêcheurs, particulièrement inquiets pour l’avenir de leur filière.
Du côté des ONG, cette manoeuvre a été perçue comme "anti-écologique". "Au comble de l’irresponsabilité, la droite macroniste, l’extrême-droite et la droite conservatrice ont une nouvelle fois décidé de voler au secours du lobby du chalut et d’oeuvrer contre l’intérêt des citoyens en ignorant les enjeux écologiques et sociaux sans précédent de notre époque", a dénoncé le 15 avril Claire Nouvian, fondatrice de Bloom.
Pays hôte de la conférence des Nations Unies sur l’Océan, qui a lieu du 9 au 13 juin 2025 à Nice, la France est plus que jamais attendue sur la question de la protection des océans.
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