©LowTechLab/GoldofBengale

Low-Tech Lab : des innovations "respectueuses de l'environnement, robustes et réparables"

Depuis 2016, le Low-Tech Lab parcourt le monde pour "repérer, expérimenter et documenter de façon collaborative" des low-tech pour permettre de "les diffuser au plus grand nombre". Rencontre avec Corentin de Chatelperron, l'ingénieur à l'origine du projet.

Que sont les low-tech ?

Ce que l'on appelle les low-tech ce sont toutes les innovations techniques qui répondent à trois critères. Le premier, c'est que ce sont des innovations qui doivent être utiles, c'est-à-dire qui répondent à de besoins de base comme l'accès à l'eau, à l'énergie et à la nourriture. Le deuxième c'est que, contrairement aux high-tech, les low-tech sont accessibles à tous sans avoir besoin de compétences très pointues ou d'outils spécifiques. Enfin, le troisième c'est que ce sont des innovations durables, donc respectueuses de l'environnement, robustes et réparables.

Nous avons commencé à nous intéresser aux low-tech il y a cinq ans maintenant. On s'est rendu compte que partout dans le monde, des inventeurs créaient des systèmes très ingénieux pour répondre à des problèmes locaux. En général, ces solutions pourraient intéresser des millions de personnes mais elles restent à échelle locale. On a donc souhaité partir à la recherche des meilleurs innovations de la planète pour les faire connaître au plus grand nombre.

Pouvez-vous nous présenter le Low-Tech Lab en quelques mots?

Nous sommes 12 dans notre association basée à Concarneau dans le Finistère. On a commencé par créer il y a cinq ans le Low-Tech Lab, un espèce de Wikipédia des low-tech, pour pouvoir diffuser en open source tous les savoirs que l'on trouvait. Il y a trois ans, on a récupéré un grand bateau qui s'appelle le Nomade des Mers. Grâce à ce catamaran à voile, nous sommes partis pour un tour du monde à la recherche des meilleures low-tech. Pour l'instant, nous avons visité 11 pays différents. A chaque escale, des inventeurs nous ont présenté leurs créations que nous avons testées avant de réaliser un prototype que nous embarquons sur notre bateau. Cela nous permet de pouvoir vivre avec, de la tester et de mesurer ses performances. Pour chacune de ces technologies, nous produisons de la documentation, c'est-à-dire des vidéos tutos ou des tutoriels écrits que l'on diffuse le plus largement possible. Nous commençons à avoir beaucoup d'impact grâce à cette plateforme. Pour l'instant, elle a bénéficié à 150 000 personnes originaires de près de 10 000 villes différentes dans le monde. De plus en plus de personnes nous contactent également pour que l'on documente des low-tech ou pour créer eux-même des Low-Tech Lab. 

Êtes-vous autosuffisant sur votre bateau ? 

Pas tout à fait, mais nous nous en approchons. Nous récupérons des low-tech à chaque escale que nous réalisons ce qui fait qu'elles s'accumulent petit à petit. Par exemple, nous avons eu des poules et des grillons, des cultures de champignons et de spiruline. Malheureusement, il y a certains choses que nous ne pouvons pas produire comme les glucides ou les lipides puisqu'il est impossible de faire pousser des céréales. En tout cas, notre impact écologique est très faible. 

Pouvez-vous nous donner des exemples de low-tech ?

On a étudié une quarantaine de low-tech depuis deux ans et demi et parmi toutes ces innovations, deux en particulier ont retenu mon attention. Le premier, nous l'avons trouvé à Dakar, au Sénégal. Ce sont des éoliennes réalisées grâce à de vieux moteurs d'imprimante. En fait, dans les photocopieurs et les imprimantes on trouve des moteurs qui permettent de faire avancer les feuilles. En général, quand l'appareil est jeté, ces moteurs fonctionnent encore très bien. Il suffit donc de fixer des palmes dessus pour obtenir des éoliennes qui coûtent très peu cher et qui permettent de recharger des téléphones portables ou d'allumer des lampes.

Le second exemple qui m'a vraiment marqué provient d'une dame qui vit dans le sud de Madagascar. Elle a créé une ferme de culture de spiruline, une micro-algue très riche sur le plan nutritif. Elle vend sa production à l'étranger et fait don d'une partie de ses bénéfices à des centres de nutrition pour les enfants qui présentent des carences.

Trouve-t-on des low-tech en France ? 

Tout à fait, un groupe au sein de notre équipe à d'ailleurs réalisé un tour de France des low-tech. Ils ont trouvé des innovations très intéressantes qui peuvent être utilisées au quotidien, même en France. Ils préparent d'ailleurs la construction d'un habitat low-tech qui rassemblera quinze innovations qui permettent de diviser par quatre au moins son empreinte écologique

Comment trouvez-vous vos low-tech ? 

Avant d'arriver dans chaque pays, on contacte énormément de personnes comme des ONG, des connaissances sur place, des entreprises ou encore des étudiants pour leur demander s'ils connaissent des initiatives low-tech. Ensuite on contacte les inventeurs que l'on a repéré et on prend rendez-vous avec eux pour documenter leurs inventions. Par exemple, pour nos prochaines escales entre la Thaïlande et le Guatemala, on sait déjà qui nous allons voir. Après, il y a toujours des surprises. A chaque fois que l'on arrive dans un pays on rencontre des personnes inattendues.

Avez-vous des projets ? 

Il nous faudra encore deux ans pour compléter notre tour du monde avant de revenir en Bretagne. Puis, nous avons un rêve depuis très longtemps, c'est de créer une NASA des low-tech. Beaucoup de moyens sont investis dans les high-tech contrairement aux low-tech alors que ces dernières possèdent un potentiel d'innovation gigantesque qui pourrait aider des milliards de personnes. C'est pour cela que nous souhaitons avoir un lieu physique où nous pourrions fabriquer et tester des technologies en lien avec tout un réseau de Low-Tech Labs, d'associations, d'entreprises ou d'écoles dans d'autres pays. 

Une interview réalisée en partenariat avec France Inter. Pour écouter la chronique Social Lab, cliquez ici.

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