Financé par des plateformes de crowdfunding, le documentaire "Hold Up" crie au complot mondial.
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Les plateformes de financement participatif face aux fausses informations

Les cagnottes en ligne sont plébiscitées par les créateurs de toutes sortes pour financer leurs projets. Si les contenus sont pour la plupart inoffensifs, certains servent toutefois à diffuser de fausses informations ou thèses sulfureuses, difficilement repérables en amont.

Tipeee, Ulule, Litchee, etc... Les plateformes de financement participatifs sont dans la tourmente des critiques. Depuis jeudi, une vive polémique s'est développée en France autour de la sortie du documentaire "Hold-Up", qui entend démontrer "l'entreprise de manipulation globale" entourant la pandémie de Covid-19. Plusieurs responsables politiques de la majorité et divers observateurs ont condamné une "propagande complotiste". Et de fait, ce documentaire déroule un argumentaire truffé d'au moins une trentaine de fausses affirmations, selon le travail de vérification de l'équipe AFP Factuel.

Financé par des cagnottes en ligne et officiellement sorti mercredi sur internet, ce film de 2H40 rassemble une galaxie de sceptiques et d'experts en tous genres qui attaquent vigoureusement les mesures prises contre la crise du Covid-19, jusqu'à l'explication finale d'un complot mondial. À ce jour, ce document a déjà recueilli plus de 182.000 euros de dons sur la plateforme de financement participatif Ulule et des promesses de don mensuel pour un montant de 125.000 euros auprès de quelque 6.000 internautes sur la plateforme Tipeee.

Et sur les réseaux sociaux, le film a déjà été vu des centaines de milliers de fois et relayé massivement.

La modération du ''pitch'' initial jusqu'à sa radicalisation

Le fondateur et dirigeant d'Ulule Alexandre Boucherot a désavoué le projet jeudi sur Twitter en dénonçant un "étendard de thèses complotistes".

Tous les projets sont modérés avant leur lancement sur Ulule. Ceci pour éviter, justement, que ne passent des projets issus de la fachosphère, complosphère, etc.", a-t-il expliqué.

Problème, ce type de projets a généralement recours à un même mode opératoire pour contourner la modération des plateformes en ligne : "un pitch (argument de vente, NDLR) -euphémisé- qui permet de passer la modération, puis une radicalisation du propos durant la campagne", a ajouté M. Boucherot.

Or "c'est ce qui est arrivé, de notre humble point de vue, avec Hold-Up. Le pitch initial était principalement positionné sur le mode "d'autres voix sont possibles", et le propos s'est politisé au fur et à mesure de la campagne. Avec le succès que l'on sait. (...) Très vite on s'est rendu compte qu'il débordait du cadre initial supposé (le pluralisme des voix) pour devenir un étendard de thèses complotistes très éloignées de ce que l'on défend sur Ulule", a martelé le dirigeant, qui s'est engagé à "reverser l'intégralité de la commission perçue (par le site) à une association de défense de l'information".

De son côté, contacté par l'AFP, Ulule a répondu par écrit ne pas souhaiter s'exprimer davantage, "car nous pensons que toute publication ou mention de ce sujet fait le jeu de ce film complotiste en lui donnant de l'écho".

"Une censure inacceptable"

"Les plateformes de financement se font souvent avoir par le dossier d'ouverture de la cagnotte", appuie Tristan Mendès France, maître de conférence associé à l'université de Paris et qui pilote le projet Stop Hate Money de l'observatoire du conspirationnisme. Selon lui, "Ulule essaye de faire un tri qualitatif et éditorial alors que Tipeee accepte a priori tout et n'importe quoi", et notamment les projets du "principal mouvement conspirationniste Qanon en France". "Du moment qu'ils ne sont pas condamnés par la justice, ils ont une posture maximaliste", présente M. Mendès France.

Interrogé par la chaîne BFM Tech, le fondateur de Tipeee Michael Goldman a précisé que le documentaire Hold-Up serait examiné par les équipes de modération "d'ici la fin de la semaine". Vendredi, un message sur la cagnotte, toujours ouverte, avertissait d'un "grand nombre de signalements à propos de potentielles fausses informations".

Le documentaire n'est en revanche plus proposé à la vente sur Vimeo qui l'a supprimé pour avoir enfreint ses règles sur la diffusion de fausses informations. Facebook, qui en hébergeait des copies, a de son côté réduit leur viralité et ajouté des articles de vérification en guise de contexte.

Sur Twitter, l'équipe du film a dénoncé une "censure inacceptable" et a déposé le film en accès libre sur la plateforme décentralisée Odysee, lancée mi-septembre avec l'engagement d'une modération minimale.

Avec AFP

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