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Hyperconnexion : "Il faut reprendre la main sur son smartphone pour mieux se connecter"

Michael Stora, psychologue et psychanalyste spécialisé dans le rapport humain aux mondes numériques, nous parle d'hyperconnexion.

D'après une étude de l'Institut Omnibus en 2014, les 18-34 ans consultent leur smartphone 100 fois par jour, à raison d'une fois toutes les dix minutes durant moins de 30 secondes. A l'ère de l'hyperconnexion, les mondes numériques envahissent notre quotidien. Michael Stora, psychologue, psychanalyste et fondateur de l'Observatoire des Mondes Numériques en Sciences Humaines, est l'auteur de l'ouvrage intitulé Hyperconnexion, édité chez Larousse. Il nous éclaire sur le sujet. 

Pourquoi avons-nous une telle attraction envers nos écrans ? 

Chaque "like" active des décharges de dopamine dans le cerveau, ce qui peut expliquer que l'on puisse devenir "accro" d'un point de vue physiologique. Mais de manière plus générale, l'être humain est en quête de récompense et de valorisation. On peut alors se demander à quel point ce type de comportement trahirait une sorte de fragilité narcissique

Nous devons faire preuve de tempérance pour avoir un rapport plus intelligent et plus mature à nos écrans. "

En observant les comportements, on se rend compte que l'on a du mal à tempérer notre utilisation... Pensez-vous que l'on soit "malades" de nos écrans ? 

Je pense qu'il y a là quelque chose d'inquiétant. Ceux qui créent ces mondes numériques cherchent quelque part à nous modeler. Prenons l'exemple actuel de Facebook : là où nous pensions être des utilisateurs, nous sommes finalement des produits. ll y a une sorte de guerre invisible : on se rend compte que le numérique, qui devrait normalement être à notre service, se sert de nous. Nous devons donc faire preuve de tempérance pour avoir un rapport plus intelligent et plus mature à nos écrans. 

Quelles sont les conséquences de ce manque de tempérance ? 

J'ai tendance à penser que cela révèle que l'être humain a besoin de s'éviter, d'échapper à ses pensées négatives. Lorsqu'on se retrouve seul face à son smartphone, celui-ci nous permet de supporter cela. Il commence à y avoir un problème lorsque cet aspect altère la qualité des relations que l'on peut avoir avec son entourage : une rupture des liens sociaux. Mais notre smartphone peut également nous permettre d'aller mieux. 

Devons-nous protéger les enfants de l'hyperconnexion ? 

Mon idée est que nous pouvons faire des écrans nos alliés dans la dynamique familiale. Ils peuvent être un élément de partage et de médiation. Lorsqu'on les diabolise, il y a un effet pervers d'en faire un objet de transgression, voire de convoitise.

L'idée n'est pas de se déconnecter mais plutôt de mieux se connecter pour reprendre la main sur son smartphone." 

Avez vous des bonnes pratiques à communiquer pour remettre l'écran à sa bonne place ? 

Je me suis rendu compte de manière tout à fait personnelle, que les notifications nous harcèlent. Moi, je les ai toutes enlevées. De cette manière, c'est moi qui décide à quel moment je les regarde. Donc je ne conseillerais pas de se déconnecter mais plutôt de mieux se connecter pour reprendre la main sur son smartphone. 

Une interview réalisée en partenariat avec France Inter. Pour écouter la chronique Social Lab, cliquez ici

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