Emmanuel Macron a appelé à la suppression du devoir de vigilance, pour l'instant simplement reporté.
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Politique

Suppression de la CS3D : les syndicats interpellent Emmanuel Macron

Plusieurs organisations syndicales (CFDT, CGT, FO et Unsa) ont adressé mercredi un "carton rouge" au président de la République, qui a souhaité lundi la suppression pure et simple de la directive européenne sur le devoir de vigilance, et dénoncé un "contresens historique".

Lundi, lors d'un discours devant les participants du sommet Choose France, Emmanuel Macron a rejoint le chancelier allemand et déclaré être "tout à fait d'accord avec (lui) et d'autres collègues pour aller bien plus vite" en matière de simplification, "et la CS3D (directive sur le devoir de vigilance) et quelques autres régulations ne doivent pas être simplement repoussées d'un an mais écartées".

Les deux dirigeants donnent ainsi raison aux patronats des deux pays, qui réclamaient cette suppression plutôt qu'un simple report.

Avec cette loi européenne, les grandes entreprises seraient tenues, sous peine de sanctions, de prévenir et de remédier aux violations de droits humains (travail des enfants, travail forcé, sécurité...) et dommages environnementaux (déforestation, pollution...) dans leurs chaînes de valeur partout dans le monde. Y compris chez leurs fournisseurs, sous-traitants et filiales.

"Un contresens historique"

"La directive sur le devoir de vigilance était née de la volonté de ne pas voir se réitérer le drame du Rana Plazza", rappellent mercredi les syndicats dans un communiqué. Ils font ainsi allusion à l'effondrement d'un immeuble en 2013 à Dacca, au Bangladesh, dans lequel se trouvaient des ateliers de confection pour des marques internationales. Au total, 1 130 personnes sont mortes dans l'effondrement.

"L'action de la France contre la directive de l'UE sur le devoir de vigilance va à l'encontre de (ses) précédents engagements pour la responsabilisation des chaînes de valeurs et pour assurer une diffusion et une défense plus large des droits fondamentaux des travailleuses et des travailleurs à travers le globe", épinglent les organisations syndicales.

"Supprimer un texte multilatéral qui régule la domination des multinationales est un contresens historique", jugent les organisations de salariés, qui demandent par ailleurs à être impliquées "au plus vite (...) dans le cadre de la transposition de la directive de l'UE sur le devoir de vigilance malgré le retard acté au niveau de l'UE".

L'Union européenne, en plein virage pro-business, a déjà reporté d'un an l'entrée en vigueur de la loi, de 2027 à 2028, malgré les protestations des organisations environnementales.

Avec AFP.