Kathy Shorr a passé deux ans et demi à arpenter les Etats-unis de long en large. Entre 2013 et 2015, dans 45 villes américaines, elle a rencontré 101 « survivants », comme elle les appelle. Son projet SHOT a pour but de dénoncer la violence des armes à feu dans son pays.
« Je voulais aborder le sujet de manière différente, montrer que cela affectait des êtres humains dans toute l'Amérique, de toutes les couches sociales, de toutes les couleurs et de tous les âges », explique Kathy Shorr. La photographe a mis un point d'honneur a représenter la diversité dans ce projet. Elle a fait poser des hommes et des femmes âgés de 8 à 80 ans, pour la plupart, à l'endroit même où ils se sont fait tirer dessus.
On entend toujours parler de ceux qui sont morts", Kathy voulait parler de ceux qui y ont survécu. "J’ai pensé qu’il était important de les photographier pour entendre ce qu’ils avaient à dire".
SHOT n'est pas né au hasard. Le projet a mûri à partir d'une expérience personnelle, des années auparavant : « J’ai eu un pistolet pointé sur moi et ma fille. Je savais ce que c’était que de faire face à quelqu’un qui a le pouvoir de contrôler votre destin. C’était probablement la chose la plus effrayante qui me soit arrivée. Nous avons eu de la chance, mais l’impact émotionnel d’une telle expérience est un sentiment qui reste ancré en vous toute votre vie », explique Kathy.
Kathy Shorr a mené un travail de longue haleine pour mener à bien ce projet qui lui tenait à cœur. Auto-financée, elle a passé des heures et des heures à rechercher ses « survivants », partir à leur rencontre, les photographier et écouter leurs histoires. « J’ai d'abord contacté des avocats, des associations, des médecins, des policiers, j’ai fait des heures de recherches... Puis au fil de l'avancement du projet, les gens commençaient à venir à moi, ils souhaitaient participer à SHOT », se souvient-elle.
Les dommages collatéraux de la libre circulation des armes
Je voulais aussi avoir des propriétaires d’armes à feu. J’ai passé deux ans et parcouru 100 000 miles pour essayer de maintenir cette diversité."
La photographe new-yorkaise milite pour des conditions plus strictes de détention d'arme à feu. Mais, posséder un pistolet ne fait pas de vous un tireur fou. Kathy a voulu distinguer cet aspect, notamment en photographiant aussi des membres de la NRA (National Rifle Association).
Aujourd'hui, elle continue à faire vivre son projet. Un livre, sorti en avril dernier, regroupe l'ensemble des portraits photos des survivants. Pour chacune de ses rencontres, Kathy leur a demandé d'écrire quelques mots sur un bout de papier. Chaque cliché est accompagné de l'histoire des modèles et de leurs citations.