16 000 personnes ont succombé à des problèmes de santé dus à la présence trop importante de dioxyde d’azote dans l’air depuis 2009, date à laquelle les véhicules aux moteurs trafiqués ont été mis en service par Volkswagen.
À ce chiffre s’ajoutent 8 000 décès prématurés supplémentaires qui devraient avoir lieu pour les mêmes raisons d’ici 2040, lorsque les moteurs diesels ne pourront plus circuler.
Des contrôles truqués
Révélées par une étude publiée mercredi 28 mai par le Centre for Research on Energy and Clean Air (CREA), un centre de recherche finlandais, ces données permettent de prendre la mesure de l’ampleur du scandale du Dieselgate, ainsi que des conséquences délétères de la pollution de l’air sur la santé.
Il y a 2 jours, 4 cadres du groupe automobile Volkswagen étaient reconnus coupables de fraude commerciale en bande organisée par le tribunal de Brunswick, en Allemagne. Ils ont écopé de peines allant d’un an et trois mois de prison avec sursis à quatre ans et demi de prison ferme pour leur implication dans le truquage des tests d’émissions de polluants de certains modèles du fabricant allemand.
En 2015, le groupe Volkswagen, qui commercialise les véhicules de la marque du même nom mais également Audi, Seat, Porsche, Skoda ou encore Lamborghini, est accusé par l’agence américaine de protection de l’environnement (EPA) d’une fraude massive.
Menacée d’une amende de 18 milliards de dollars, soit 10 % du chiffre d’affaires de la société à l’époque, celle-ci avoue avoir trafiqué les moteurs diesels de ses véhicules vendus aux États-Unis afin de passer avec succès les contrôles anti-pollution.
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Équipés d’un logiciel espion permettant de repérer si la voiture est en phase de test ou en conditions réelles, en détectant par exemple un volant parfaitement immobile, les véhicules possédaient un mécanisme limitant les émissions de polluants. À la fin du contrôle, celui-ci se désactivait et libérait les gaz polluants.
En tout, 11 millions de véhicules sont concernés à travers le monde. À l'époque, la capitalisation boursière du groupe chute de 40 % en 2 jours et son PDG, Martin Winterkorn, démissionne.
Un impact considérable sur les finances publiques
10 ans plus tard, les auteurs de l’étude finlandaise déplorent surtout le manque d’actions concrètes permettant de limiter les impacts de l’affaire sur les populations en rappelant que l’"inaction a eu, et continue à avoir, des conséquences sanitaires et économiques évitables et chiffrées".
Ils rappellent notamment que plusieurs milliers de décès causés par les effets de la pollution de l’air sur la santé humaine peuvent encore être évités. À l'origine de maladies cardiovasculaires et respiratoires, de cas de diabète et de cancers, les surémissions de gaz polluant, comme le dioxyde d’azote, engendrent aussi un impact sur les finances publiques.
L'étude chiffre l’impact de ces maladies sur les finances publiques à 146 milliards d’euros, causés par la perte de productivité, le coût des soins médicaux et les frais liés aux décès prématurés. Elle estime que 2,4 millions de jours de travail n’ont pas été assurés pour des raisons de santé imputables aux moteurs trafiqués.
À l’échelle de l’Union européenne et du Royaume-Uni, les chercheurs évaluent à 205 000 le nombre de décès causés par le Dieselgate entre 2009 et 2040. Quant aux pertes économiques, elles s'élèvent à 1 200 milliards d’euros. Le verdict du procès de l’ancien PDG de Volkswagen, toujours en cours, devra être rendu en septembre.